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"The Expanse" est tout ce que "Mass Effect : Andromeda" devrait être

Si "Mass Effect : Andromeda" vous agace ou vous frustre, franchement, matez "The Expanse". C'est mieux.

Je devrais commencer par préciser que j'aime bien Mass Effect : Andromeda, au moins d'après ce que j'en ai vu en y jouant ou en regardant ma copine y jouer pendant, genre, 80 heures. Globalement, j'adore la série des Mass Effect, pour son côté space opera et ses personnages hyper attachants. Même si Andromeda n'est pas au niveau des jeux précédents à mon sens, il a ses bons côtés, comme par exemple des personnages mémorables - je pense notamment à PeeBee et à Vetra - des combats plus variés et libres que dans les premiers opus, et une histoire alléchante au moins sur le papier. C'est un peu Mass Effect au Far West, en gros.

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Le problème, c'est que le scénario de type "complications aux frontières" qu'Andromeda tente de nous vendre manque cruellement de… complications, en fait. Ou plutôt, de complexité. Pour l'essentiel du jeu, vous incarnez un alien qui débarque dans un territoire inconnu, défonce tout et tout le monde et règle les problèmes de la région, ce qui vous fait passer pour la seule personne compétente et douée d'intelligence de cette partie de l'univers ou pour une sorte de superhéros improbable.

C'est fun, mais aussi hyper frustrant. Ça manque d'aspérités, de profondeur, d'une dimension morale.

Mais si c'est ce que vous cherchez - en plus de ce qu'Andromeda réussit parfaitement, comme les fusillades endiablées et de sublimes plans de l'espace - vous devriez jeter un oeil à The Expanse, la série de Syfy disponible sur Netflix. Actuellement dans sa deuxième saison (dont le rythme s'est considérablement accéléré depuis les premiers épisodes), la série dépeint un futur dans lequel l"humanité a colonisé plusieurs planètes du système solaire. La Terre est un paradis où l'on bénéficie de luxes tels que le revenu de base universel et l'air gratuit, tandis que Mars, très militarisée, et les villes de la ceinture d'astéroïdes sont des espaces de conflits aggravés entre les possédants et les démunis. La guerre des classes y est donc au moins aussi intense, si ce n'est plus, que les combats armés qui émaillent régulièrement la série.

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The Expanse nous offre également des héros crédibles et faillibles. À savoir James Holden, interprété par Steven Strait, un gars de la Navy qui se retrouve pris dans un concours de circonstances extraordinaire, et qui fait de son mieux pour protéger son équipage - et ne pas déclencher une guerre entre factions. Naomi Nagata (Dominique Tipper) est une "belter" (ce qui signifie qu'elle est née dans la ceinture d'astéroïdes) liée à un groupe extrémiste (composé de personnages très complexes qui se voient avant tout comme des révolutionnaires) qui tente de faire ce qui est juste dans un océan d'incertitudes.

Thomas Jane, lui, incarne l'inspecteur Joe Miller - ouais, c'est le mec avec la coiffure débile et le chapeau - un flic qui, incroyable mais vrai, a de sérieux ennuis pour avoir flairé une affaire de corruption. Quant à Chrisjen Avasarala (Shohreh Aghdashloo), elle est la femme la plus cool de l'univers, une diplomate de l'ONU plus maline que tout le monde qui fait tout de même en sorte de venir en aide aux gens.

On n'est pas chez Star Trek - que j'adore, hein, mais la vision du futur plus sombre et plus nuancée de The Expanse est nettement plus réaliste et saisissante.

Je pourrais continuer longtemps, mais je ne vais pas non plus vous écrire un livre sur le sujet. Tous les personnages de la série, même les personnages secondaires qu'on ne voit pas beaucoup, sont crédibles, complexes, et possèdent une histoire et des motivations spécifiques. On n'est pas chez Star Trek - que j'adore, hein, mais la vision du futur plus sombre et plus nuancée de The Expanse est nettement plus réaliste et saisissante. Des politiciens et des savants dérangés jouent avec les vies des gens avant de se retirer dans leurs appartements luxueux, tandis que les pauvres se retrouvent exécutés ou emprisonnés pour presque rien. Des groupes révolutionnaires s'élèvent dans les zones défavorisées, mais certains d'entre eux commettent des actes de violence insoutenables. Les Martiens travaillent sans relâche dans l'espoir d'un monde meilleur, mais leur civilisation est très dure, presque spartiate.

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Et parfois, des personnes animées des meilleures intentions finissent par merder. Salement.

Je resterai volontairement vague pour éviter les spoilers, mais il y a une scène dans un épisode récent qui illustre parfaitement tout ce qui fait la subtilité de The Expanse. Un groupe de personnages qui se comportent généralement de manière héroïque (ou au moins, disons, admirable) volent un vaisseau à un couple qui transporte des vivres à des fins humanitaires. La capitaine grisonnante du vaisseau, énervée mais résignée, réprimande ses ravisseurs pour leur idéaux grandiloquents, et leur fait part de sa volonté de "sauver quelques vies de manière concrète" plutôt que de rêver à la révolution.

Plus tard, après avoir quitté le vaisseau, nos héros aperçoivent des voyous en train d'essayer de le voler à leur tour. Et quand ils interviennent, ils ne font qu'empirer les choses. Salement.

The Expanse n'a pas peur de montrer ce qu'il y a de plus sale et de plus gênant dans la nature humaine. Surtout, tout cela paraît honnête.

Autant dire qu'ils ne sauvent pas vraiment le monde.

The Expanse n'a pas peur de montrer ce qu'il y a de plus sale et de plus gênant dans la nature humaine. La série parle de haine et de cupidité, et de ce qu'elles font naître quand certains ont tout, et que d'autres n'ont rien. C'est parfois sublime, et il y a d'authentiques moments de bravoure - au milieu de la fange et des ténèbres.

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Surtout, tout cela paraît honnête. Les personnages tentent de s'en sortir dans un univers très dur.

Comme Andromeda, la série est loin d'être parfaite. Il lui faut un peu de temps pour décoller (même si elle frappe fort dans le premier épisode), et la première saison sert surtout à mettre en place les pièces du puzzle. Les effets spéciaux et la production sont globalement réussis, mais il y a parfois un peu de relâchement. À certains moments, c'est un peu craignos, disons.

Mass Effect, pour sa part, a toujours hésité à explorer les nuances de la morale, et on y incarne toujours, d'une manière ou d'une autre, un héros. J'adore être le héros, mais j'aimerais aussi voir ce qui se passerait si les règles étaient bouleversées et que je devais davantage me fier à mes émotions et à mon instinct, de façon moins mécanique.

Évidemment, il est très délicat de comparer une série TV et un jeu vidéo. Je ne peux pas jouer à The Expanse, et je ne peux pas me contenter de "regarder" Mass Effect sans le voir à travers le filtre d'un joueur et des choix qu'il opère.

Mais si vous cherchez de la bonne SF avec des personnages marquants, une intrigue complexe et un discours intéressant, n'hésitez pas : tournez-vous plutôt vers The Expanse.