On a siroté un Gin and Juice avec Snoop Dogg

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On a siroté un Gin and Juice avec Snoop Dogg

La légende du rap nous a parlé de ses projets, de son rapport à la picole et nous a filé quelques tips sur les meilleurs trucs à bouffer quand on est défoncé.

Peu d'artistes peuvent se targuer d'avoir une carrière aussi durable que celle de Snoop Dogg. 25 ans après son premier album, Doggystyle, le chanteur/star de la télé/expert ès cannabis médicinal squatte toujours le devant de la scène. Cette longévité s'explique peut-être par son hyper-productivité – il a plus de 127 singles à son actif – mais aussi et surtout, parce que Snoop reste le mec le plus sympathique – et objectivement, le plus défoncé — que le rap n'a jamais porté.

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C'est donc pour tout un tas de bonnes raisons qu'on est allé se poser une demi-heure avec lui dans le centre-ville de Los Angeles. Au programme, quelques bonnes gorgées de Gin and Juice (en hommage au meilleur morceau de rap laid back de tous les temps), quelques infos sur ce qu'il préfère grailler quand il a trop fumé et quelques bonnes tranches de sagesse. Le tout, à consommer sans modération.

MUNCHIES : Salut Snoop, tu peux nous dire avec quoi on est en train de se mettre bien, là ? Snoop Dogg : [Il s'agit du Laid Back Cocktail, préparé par Niko Novick du N2 Mixology : une dose de gin, une dose de vodka à la pomme, deux doses de jus d'ananas frais et un soupçon d'eau pétillante avec des glaçons]

C'est Martha Stewart qui a inventé ce cocktail pour notre show TV [Martha and Snoop's Potluck Dinner Party]. Sauf qu'elle rajoutait une boule [de glace] dedans. Putain de surprise – j'avais jamais bu un truc avec une grosse boule dedans. Ça m'a retourné la tête mais c'était bon. Je ne pensais jamais dire un jour que j'aime les boules, mais… je dois avouer que ça passe bien.

Ça fait un peu chelou de te voir à l'écran avec Martha [L'équivalent américain de notre Maïté nationale, N.D.L.R] au début. Mais avec du recul, c'est comme une évidence. Vous vous entendez super-bien, non ? Ben, c'est vrai qu'elle n'a pas vraiment la dégaine des gens avec qui j'ai l'habitude de traîner. Mais bon, c'est un humain comme moi et les connexions se font, tu vois. C'est juste qu'elle a un style un peu différent, qu'elle est née à une autre époque, mais quand tu chill un peu avec elle, tu comprends qu'elle est comme toi et moi. Quand elle balance un truc, on se comprend direct – c'est pour ça que ça fonctionne entre nous. Parfois, on parle ensemble et je me dis : « Putain, je savais que t'allais dire ça ! »

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Photo : Jared Ranahan.

Tu sais qu'avec ton titre « Gin and Juice », t'as ouvert la porte du monde de la mixologie à toute une génération. Qui t'a fait connaître ce cocktail ? Ma daronne ! Ma mère s'y connaissait pas mal niveau alcool. Dans les années soixante-dix, mes parents organisaient des fêtes dans mon salon – il y avait un bar et un lecteur de cassettes huit pistes. Ils buvaient leur [gin] en prenant du bon temps – c'était la belle époque.

Tu te souviens des sons qu'ils passaient ? The Dramatics, Marvin Gaye, Isley Brothers, Manhattans. Tout ce qui pouvait faire danser, tu vois ? Ma mère et les invités dansaient. [C'est l'alcool] qui les faisait danser, d'après moi. Maintenant que j'y repense, ils avaient toujours un verre à la main. Un gobelet soit rouge soit blanc. Toujours un verre à la main.

Et toi, tu as toujours bu du gin ? Les rappeurs sont plutôt Cognac en général. Je ne consomme pas le marron, mec, je suis déjà assez marron comme ça. Ce n'est pas bon de boire trop de brun. Ça donne les pires cuites, celles qui te font dire ''Mon dieu, je ne boirais plus jamais''. [Les eaux-de-vie claires] ne font pas cet effet. T'as juste envie d'en boire encore et encore.

Alors, c'est quoi le meilleur truc à boire quand on fait la fête ? [Réfléchit un instant.] Ah ! Les Pink Panties [un mélange de limonade rose, de gin, de crème glacée, de fraise et de glaçons]. Je crois que ça ne se fait plus maintenant mais quand j'étais au lycée – enfin, quand j'y allais –, c'était le truc que les petites meufs sexy préparaient pour chauffer le mec avec qui elles n'allaient de toute façon jamais coucher – la meuf te prépare le pink panties, toi tu te fais un gros film et en fait, à la fin, il ne se passe rien.

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T'as prévu quoi de beau pour 2017, Snoop ? J'ai un film qui va sortir autour de Coolaid. Pour moi, ce disque, c'était de la bombe. C'était tellement fly. Mais je pense que la maison de disques a mal géré sa sortie. Donc je me suis dit que j'allais réaliser un film pour que les gens captent un peu mieux le délire. Le film devrait sortir en mars. Je bosse aussi avec pas mal d'artistes cools, genre October London. Il écrit et chante bien. Je fais aussi quelques trucs avec ma fille, elle chante maintenant. Préparez-vous aussi pour l'album de Morris Day, et on bosse aussi sur le nouvel album de Bootsy Collins. J'essaye de toucher à tout. J'aime faire de la musique, j'aime aider les artistes que je kiffais en grandissant – eux veulent faire de la musique d'aujourd'hui et moi, je suis toujours chaud pour travailler avec eux.

Aujourd'hui, tu acceptes de chanter des textes écrits par des auteurs. Comment ça se passe, comment est-ce que vous travaillez ensemble ? J'ai accepté l'idée que d'autres personnes pouvaient écrire pour moi – pas parce que je suis bloqué ou en manque d'inspi', mais parce que c'est parfois mieux de changer de point de vue. C'est Shorty Rare qui a écrit 'Sexual Eruption', par exemple. Il m'a montré la chanson [en me disant] : « Tiens, cette chanson est pour toi. » Il ne l'a pas chanté, il m'a simplement récité les paroles. J'ai essayé les paroles avec l'autotune et puis je me suis dit : « Je ne veux pas faire du T-Pain. T-Pain d'un côté, moi de l'autre. » À la fin, ça donne un truc différent des autres autotunes parce que Shorty Rare m'a donné cette chanson. Il l'a écrite, l'a produite, l'a arrangée. Moi, j'ai juste ajouté ma petite touche perso.

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Mais à une époque, tu refusais qu'on écrive pour toi. Oui, au départ j'avais un problème avec ça. C'est parce que j'étais MC, un putain de MC ! J'ai écrit pour Dr.Dre. C'est moi qui écrivais pour les gens et personne n'allait écrire pour moi ! C'est à cause de ça qu'on est parti sur de mauvaises bases avec un certain rappeur dont je tairai le nom. Il m'a apporté une chanson et je lui ai répondu : « Tu ne vas pas écrire pour moi, toi ! » Du coup il a sorti sa chanson tout seul et il a vendu des millions de millions de millions de millions de disques. Respect. Comme j'étais au top de ma carrière, j'estimais ne pas avoir besoin de co-auteur. J'étais mon propre co-auteur. [Rires].

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Snoop avec Niko Novick, bartender. Photo : Jared Ranahan.

Tu bosses aussi dans l'industrie de la marijuana médicale. Tu penses quoi du développement des aliments à la marijuana, justement ? Je n'arrive pas à me contrôler quand j'en mange. C'est cool qu'il y a de plus en plus de choix parce qu'il y a des gens qui n'aiment pas fumer ou qui n'aiment pas l'odeur de la weed. Les aliments à la marijuana, c'est un autre moyen de se soigner. C'est aussi un bon moyen pour ne pas se sentir gêné face au regard des autres. Je respecte ça. Mais perso, je n'en consomme pas parce que sinon, je ne réponds plus de rien. Ça passe direct dans mon sang, c'est partout, je n'aime pas me sentir comme ça.

Et tu penses quoi de la légalisation de la weed en Californie, chez toi ? Le monde est ainsi fait aujourd'hui. On préfère filer un médicament plutôt que de prendre le temps de bien soigner. Donc il faut se dire que ça va soigner des gens, que ça va sauver le monde. Comme je dis toujours [il montre la bouteille d'alcool] : si tu vas à un événement sportif et que tu regardes les gens qui ont bu, tu verras qu'ils deviennent agressifs, violents. Si leur équipe perd, c'est la baston assurée. Alors que si tu vas voir des supporters qui ont pris ça [il fait le geste de quelqu'un qui fume un pétard], personne ne s'embrouille. Si ton équipe perd…tant pis, elle a perdu.

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Wiz Khalifa a récemment prétendu qu'il fumait plus que toi. Vrai ou faux ? Wiz Khalifa ne peut pas fumer plus que moi. Il est jeune et ambitieux. Il a une mission. Son karaté est bon. Mais c'est impossible. Il n'y a qu'une seule personne pour l'instant qui ait réussi à me dépasser : Willie Nelson. C'est le seul. Fin du game !

Comment tu sais que quelqu'un fume plus que toi ? Quand tu fumes avec lui et que tu veux que ça s'arrête. Quand tu cherches une excuse, quand tu veux partir. Quand t'es dans une pièce, qu'on te fait tourner un joint normalement, comme un relai, et que quand tu reçois le bâton, t'es là en mode : « Je vais prendre un peu l'air les gars, continuez sans moi. »

Dans ton émission avec Martha, on découvre que tu fais super-bien la cuisine. Tu te prépares quoi de bon, quand t'es défoncé ? L'un des meilleurs trucs à se faire, c'est tout simplement un sandwich avec du pain de mie, des tranches de jambon industriel grillé et du fromage – ensuite, tu balances tes chips préférées là-dedans. C'est la base.

Tu es père de famille aussi. Comment tu t'y prends pour leur expliquer qu'il faut être responsable avec l'alcool et la drogue ? Aucun de mes enfants ne boit. Mais, pour ce qui est d'être responsable avec le bédo, j'essaie de montrer l'exemple. Il ne faut pas être hypocrite. Je ne vais pas leur interdire de fumer alors que moi, je fume. Tout dépend de la façon dont on fume. Moi, je fume dignement. Je ne suis pas un enfoiré. Si je débarque quelque part avec un joint, c'est que j'ai prévu de le fumer. Je ne sais pas si t'as repéré mais ça ne sent pas la beuh ici. C'est parce que je respecte ce qu'on est en train de faire. Je sais être con aussi, mais ce n'est ni le moment ni l'endroit. Ici, c'est costard cravate.

Est-ce que tu fumes différemment, aujourd'hui, par rapport à tes débuts ? La weed, c'est mon médicament. Quand je regarde autour de moi, je vois tous ces rappeurs, ces athlètes, ces stars qui perdent et gagnent du poids, qui ont des problèmes qu'ils n'arrivent pas résoudre et qui ont des envies suicidaires et ceci et cela, qui frappent leur femme, tout ça. Snoop Doog, lui, reste fidèle à lui-même : un peu de ci, un peu de ça, et rien de toutes ces embrouilles. Quand on mélange tout, on a tous les problèmes qui nous tombent dessus. Alors que quand on prend un seul truc, qu'on la joue simple et net, la route reste droite. Et c'est cette voie que j'ai choisie.

Merci pour cette discussion.