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Marielle Berger-Sabbatel, du ski alpin au skicross

La skieuse des Arcs revient sur ses blessures de la saison dernière et son parcours qui l'a vu tester différents types de ski.
Photo Agence Zoom

Chaque année, à Aspen, dans le Colorado (États-Unis), les Winter X Games rassemblent les plus grands champions de ski, de snowboard et de motoneige. La 20ème édition a été organisée du 28 au 31 janvier et a accueilli plus de 200 athlètes, dont 13 Français.

Parmi eux, il y avait Marielle Berger-Sabbatel, 26 ans, skieuse acrobatique et spécialiste du skicross, originaire des Arcs, en Savoie. Après plusieurs années dans les rangs de l'équipe de France de ski alpin, elle a intégré celle de skicross en 2011. Devenue olympique en 2010, la discipline, mélange de ski alpin et de freestyle, consiste à descendre un parcours jalonné de bosses, de sauts et de virages relevés le plus rapidement possible (ou du moins avant les autres skieurs). Quatre concurrents s'affrontent simultanément et seuls les deux premiers de chaque course sont qualifiés pour le tour suivant, jusqu'à la finale.

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En 2012, pour sa première saison de skicross, la Savoyarde a obtenu une 8ème place en Coupe du Monde et une 4ème aux X Games. L'année suivante, elle a terminé 3ème mondiale. En 2014, elle a participé à ses premiers Jeux olympiques, à Sotchi, où elle s'est classée 19ème. Mais la saison d'après, victime d'une chute lors d'une épreuve de la Coupe du Monde, elle s'est fracturée deux vertèbres et a déclaré forfait pour le reste de la compétition.

Récemment, Vice était aux Arcs à l'occasion du Festival de Cinéma Européen et du Music Village. On en a profité pour rencontrer Marielle, alors que les compétitions de la saison 2015-2016 venaient tout juste de reprendre. Elle occupe actuellement la 11ème place au classement général de la Coupe du Monde et a terminé 10ème dans sa catégorie aux X Games.

Photo Yann Renoard.

VICE Sports : Comment avez-vous commencé le ski ?
Marielle Berger-Sabbatel : J'ai commencé à marcher à 9 mois, et à 14 mois je montais sur mes premiers skis. Quand on naît à Bourg-Saint-Maurice et qu'on habite aux Arcs, on se retrouve assez vite sur les pistes – surtout quand on a un père qui est moniteur. J'ai ensuite fait du ski à l'école primaire, à l'ESF et au skiclub – puis, quelques années plus tard, en ski-études, dans le comité de Savoie de ski et à la Fédération de Ski. J'ai commencé la compétition à 8 ans.

Vous avez commencé par le ski alpin, avant de vous tourner vers le skicross. Qu'est-ce qui a motivé cette décision ?
Avant de commencer le skicross, il faut nécessairement avoir fait du ski alpin. Le ski alpin reste la base de notre sport. Il faut savoir tailler des courbes et en faire correctement avant de se lancer dans des courses à quatre et de sauter des bosses. J'ai fait de l'alpin jusqu'en 2011. Quand je suis sortie des groupes de la Fédération de ski dans cette catégorie, Michel Lucatelli, le patron des Bleus en skicross, m'a proposé de rejoindre son équipe. C'est à ce moment-là que j'ai souhaité découvrir la discipline.

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L'accès au haut niveau est-il plus simple en skicross qu'en ski alpin ?
Ce n'est pas tout à fait équivalent. C'est peut-être plus simple car on est – notamment chez les filles – moins nombreuses à courir. Néanmoins, ça ne veut pas pour autant dire que c'est accessible à n'importe qui. Ce n'est pas pour me mettre sur un piédestal, mais il y a de très bon skieurs alpins qui ne veulent absolument pas faire de skicross car ils en ont peur ou qu'ils n'ont pas du tout envie de skier à quatre. On a aussi l'exemple de certains qui sont passés au skicross et qui n'ont pas été les meilleurs dans la discipline. Si les deux sports sont assez proches, ce n'est pas parce qu'on est bon d'un côté qu'on le sera de l'autre. Après, peut-être qu'il y a en effet moins d'étapes et de paliers à franchir en skicross pour accéder à la Coupe du Monde.

À l'entraînement avec l'équipe de France de skicross, en novembre 2015.

Quelles sont les différences entre les deux disciplines, aux niveaux technique et matériel ? L'esprit des athlètes est-il différent ?
La plus grande différence, c'est qu'on concourt à quatre et non plus contre un chronomètre. On ne doit plus penser à la montre, mais on doit gérer sa course en fonction des autres. Dans ce sens, l'approche tactique d'une manche est différente. Ce à quoi il faut rajouter les modules du parcours. Quant au matériel, il est assez semblable. On est sur des skis de géants légèrement modifiés qui restent assez proches de ceux de l'alpin.

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L'esprit de compétition est présent des deux côtés. Tout le monde a envie de gagner, que ce soit en skicross ou en alpin. Néanmoins, la confrontation directe avec les adversaires change en effet quelque peu la donne.

Vous avez été victime de deux chutes la saison dernière. Que s'est-il passé ?
Il s'agissait de deux chutes différentes. Pour la première – un traumatisme crânien à Nakiska, au Canada –, je suis passée sur une partie de bosse qui était un peu plus aérienne, où le saut était plus marqué et la réception plus courte. J'ai trop volé et j'ai mal atterri sur le plat. Lors de la seconde chute, à Val Thorens, j'ai été déséquilibrée au début d'un saut, le vent s'est engouffré sous mes skis et je suis partie sur l'arrière. Les talons de mes skis ont atterri en premier et je suis tombée sur le dos – c'est là que mes vertèbres se sont cassées.

Moi et mon coach avons depuis analysé les vidéos. Il faut chercher l'erreur pour savoir ce qu'il s'est passé – on n'en a pas pour autant débattu pendant des mois, car il faut savoir tourner la page.

J'ai eu plusieurs mois de rééducation. J'ai dû porter un corset pour mon dos. Je suis ensuite allée dans un centre de rééducation et j'ai continué chez moi, afin de bien me remuscler le dos et de me remettre en forme avant de reprendre les entraînements.

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Après ces deux chutes, avez-vous ressenti une certaine appréhension quand vous vous êtes retrouvée de nouveau face à la pente ?
J'ai en effet ressenti une certaine appréhension – pas sur la reprise du ski libre et du ski à vitesse « normale », mais sur les compétitions. J'y ai évidemment repensé quand j'ai recouru à Val Thorens il y a quelques jours [le 11 décembre 2015, NDLR]. Il faut donc travailler sur le mental et appréhender la chose en amont. Le mental a une grande importance dans le sport à haut niveau et revenir après une grosse blessure n'est jamais simple.

Cette saison – qui sera assez chargée –, j'espère non seulement remonter sur des podiums de la Coupe du Monde mais aussi aller chercher ma première victoire. Mes objectifs vont monter progressivement tout au long de l'hiver.

Sinon, à quoi ressemble l'entraînement d'un skieur en été, sans neige ?
L'entraînement pour la saison suivante reprend généralement au mois de mai. Il y a une grande préparation physique. En skicross, pendant l'été, on essaye de beaucoup varier les sports – non seulement pour que ce soit plus ludique, mais aussi par rapport à notre pratique durant l'hiver. On fait de la course à pied, du vélo, de la musculation, de la proprioception, de l'escalade, du roller, du BMX, du judo, de la randonnée en montagne… Tout ça de sorte à travailler notre endurance et nos muscles.