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La Chine punit sévèrement les marques qui pensent aux Ouïgours

H&M, Nike, Lacoste... Depuis quelques jours, les marques qui se sont inquiétées du sort des Ouïgours essuient un boycott sévère en Chine.
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Le grand Mike Tyson a dit : « Tout le monde a un plan jusqu’à prendre une droite dans la bouche. » C’est à peu près ce qui est en train de se passer pour une poignée de marques qui ont cru pouvoir manifester des remontrances à l’égard de la Chine sans en payer le prix. Adidas, Nike, Lacoste, Burberry, Uniqlo, New Balance et Gap, entre autres entreprises occidentales, essuient en ce moment même une campagne de boycott massive de la part des consommateurs chinois pour avoir refusé d’utiliser du coton en provenance de la région du Xinjiang.

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Depuis plusieurs années, de nombreux journalistes et activistes assurent que le Xinjiang abrite des camps dans lesquels seraient internés au moins un million de Ouïghours. Selon Amnesty International, ces camps sont « avant tout des lieux de sanction et de torture » dans lesquels la minorité musulmane subit des violences, des privations de nourriture et des travaux forcés sous prétexte de rééducation. Le gouvernement chinois nie en bloc et évoque plutôt des « centres de formation professionnelle » visant à éloigner les Ouïghours du terrorisme.

H&M, qui compte près de 500 magasins en Chine, a annoncé par communiqué au mois de septembre dernier qu’elle n’utiliserait plus de coton en provenance du Xinjiang par « inquiétude » pour le sort des Ouïghours. C’est ce communiqué que des internautes chinois ont exhumé la semaine dernière pour appeler au boycott de la marque suédoise, quelques jours après que l’Union européenne a imposé des sanctions à trois responsables politiques et une organisation paramilitaire chinoise pour leur rôle dans la répression des minorités musulmanes. 

Assez vite, les internautes chinois ont mené leur enquête et découvert que de nombreuses marques occidentales avaient décidé de ne plus utiliser le coton du Xinjiang pour les mêmes raisons que H&M. Portée par les réseaux sociaux nationaux comme Weibo, la campagne de boycott a vite atteint des proportions et une intensité inédite, avec destruction par le feu de baskets Nike, célébrités qui rompent leurs contrats avec les marques incriminées et mobilisation des grandes entreprises locales. Le géant du commerce Alibaba et le moteur de recherche Baidu ont fait disparaître les magasins H&M de leurs cartes, tandis que Tencent a fait disparaître des vêtements « Burberresques » de l’un de ses jeux pour smartphone. 

Que ces mesures aient été téléguidées par le Parti communiste chinois ou pas, elles ont manifestement secoué les marques concernées : H&M semble avoir supprimé en vitesse le communiqué par lequel tout a commencé de son site officiel – après tout, des centaines de millions, voire des milliards de dollars sont en jeu. Diverses « formations politiques » et médias nationaux ont tout de même poursuivi leurs attaques. Pour la chaîne CCTV, pas question que ces marques dissidentes « mangent le riz chinois tout en cassant le bol. » Les Ouïghours ont vite été oubliés. 

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