Life

La triste vérité du « bilan de l’année » de Pornhub

Pornhub a publié un joli communiqué de presse affichant les célébrités les plus recherchées sur le site. Ce qui n’est pas dit, c’est que la plupart des résultats sont des vidéos deepfakes.
Les stars de Pornhub
IMAGE : CATHRYN VIRGINIA

Juste avant le Nouvel an, Pornhub a publié son « bilan de l’année ». Comme à son habitude, le communiqué de presse du site porno, un des plus populaires au monde, nous indique dans le style léger et décalé qui lui appartient, les chiffres et les genres les plus populaires de l’année.

Cette année, le genre « célébrités pornos » se retrouve en tête du classement. Sur la liste, figurent des célébrités filmant leurs ébats au travail ou publiant leurs sex tapes, comme Belle Delphine, Kim Kardashian, et Lena the Plug. Mais on trouve également des célébrités – surtout des femmes – qui n’ont jamais fait de porno, comme Miley Cyrus, Selena Gomez, Taylor Swift, et Gal Gadot.

Publicité

Cependant comme Pornhub n'est pas en mesure de vérifier si les vidéos ont été réalisées avec le consentement des personnes concernées, ou ne veut pas le faire, en tapant ces noms, les utilisateurs tomberont nécessairement sur des vidéos pornos truquées.

1581718143836-5-pornhub-insights-2019-year-review-celebrity-searches

A titre d’exemple, on trouve plus de 9 millions de recherches pour Ariana Grande en 2019 contre 7,3 millions pour Selena Gomez. Comme pour beaucoup de célébrités sur la liste, les recherches aboutiront à des vidéos porno deepfake, bien que ce soit contraire à la politique de Pornhub.

Ces fausses vidéos apparaissent dans les premières pages de résultat et les chiffres de Pornhub indiquent qu’elles ont été vues des milliers de fois. De plus, elles doivent être rentables pour Pornhub puisqu’il y a des pubs à côté.

En février 2019, on a demandé aux entreprises ce qu’elles comptaient faire des deepfakes sur leurs plateformes, et comme Reddit, Discord, Twitter et d’autres sites, Pornhub s’est engagé à les interdire, parce que c’est « du contenu pornographique sans consentement des personnes concernées ». Le site a exclu le terme « deepfake » de sa barre de recherche et quelques chaînes entièrement consacrées au genre, mais il y en a toujours beaucoup sur les sites, les célébrités étant les premières cibles.

Les statistiques des sites porno, qu’on ne peut pas vérifier, sont donc à prendre avec des pincettes. La seule chose qui nous indique que les internautes ont tapé des millions de fois ces noms de célébrités sur Pornhub vient du site lui-même. Mais ce que Pornhub a choisi de mettre en valeur dans son communiqué de presse montre bien qu’il sait comment les gens arrivent sur son site et ce qu’ils y cherchent. Le fait que la pornographie sans consentement des personnes concernées soit toujours accessible, même après que le site a déclaré les interdire montre bien qu’elle ne peut pas faire sans. Ou qu’elle s’en fout, tout simplement.

Pornhub n’a pas répondu à nos messages.

VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.