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Sport

L’équipe-type de Ligue 1 selon VICE

Comme leur 11 de légende est tout pourri, on a décidé de faire le nôtre.

Le tact et l'élégance, selon Florent Balmont. Photo via

Quoi de plus consensuel que les cérémonies de remise de trophées en fin de saison ? Ibrahimovic, encore Ibrahimovic, le PSG en général, des discours éloquents, beaucoup de gel dans les cheveux et David Ginola qui se fait tristement ignorer par des joueurs qui savaient dès janvier qu'ils allaient gagner. Ces cérémonies sont prévisibles, jamais controversées, et servent surtout de moment de gloire annuel à Hervé Mathoux. Même les Victoires de la musique sont plus intéressantes à regarder.

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Les vrais fans de football – ceux qui suivent encore Michael Owen sur Twitter, qui essaient constamment de tacler les gardiens dans FIFA et qui ont su admettre que l’Inter Milan était de loin la meilleure équipe de PES 6 – savent que le foot ne se résume pas à des trophées. Au-delà du nombre de buts et de duels gagnés qui sont si chers aux « analystes » du Canal Football Club, ce sport a toujours eu quelque chose en plus, et les joueurs ne peuvent être résumés à des statistiques. Pourquoi les gens adorent-ils Cantona ? Parce qu’il est à la fois talentueux et fou à lier.

C’est pourquoi nous avons décidé de proposer une équipe-type alternative, où figurent des joueurs choisis non pour leurs performances sportives ou leur talent brut, mais parce qu’ils sont atypiques et romanesques. Des joueurs parfois souffreteux, atteints de troubles psychologiques et dont le parcours est semé d’embûches – en gros, des joueurs qui nous donnent vraiment envie d’aimer le football.

Gardien : Guillermo Ochoa
Guillermo Ochoa est la version footballistique de Robert Neville dans Je suis une légende. Le dernier être humain de l’équipe d’Ajaccio qui doit survivre tous les week-ends face à 11 vampires assoiffés de buts, éternellement condamné à réaliser 10 parades par match pour qu’Ajaccio puisse décrocher le match nul.

S’inscrivant dans une longue tradition de gardiens sud-américains aux arrêts spectaculaires et aux coupes de cheveux discutables, le fils spirituel et capillaire de René Higuita veut changer d’horizon l’année prochaine et aimerait rejoindre l’OM.

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Il devrait néanmoins tenir compte de la volonté de Marseille de se séparer de sa charnière actuelle Nkoulou - Diawara pour donner les clés de la défense à Adil Rami, ce qui ne présage rien de bon.

Latéral droit : Florian Marange
Le Général de Gaulle de la Ligue 1. Florian Marange est le mec qui a vécu la plus grande traversée du désert de l’histoire du football français. Une chute supersonique qui l'a mené de l’équipe de France espoirs jusqu’à la réserve de Crystal Palace – même son ex-coéquipier Julien Faubert n’a pas fait pire : après avoir cotoyé les Galactiques du Real Madrid (sans doute le plus grand mystère de l’humanité après les Moaï de l’île de Pâques), il a réussi à se stabiliser à Bordeaux.

Hervé Renard a sans doute dû consulter Elisabeth Tessier avant d’engager Florian Marange et Jordan Ayew. Leur mission : sauver un club a priori condamné à la rélégation, et permettre à tous les Français de continuer à rêver d’affiches aussi prometteuses que Sochaux-Reims. Certes, les sochaliens doivent encore gagner leur dernier match pour se sauver. Mais si le miracle devait se produire, Sochaux deviendrait le Lourdes de la Franche-Comté, la ville où un rebut aurait été touché par la grâce divine afin de sauver une équipe qui doit composer offensivement avec Roy Contout et Pierre-Alain Frau. Florian Marange ferait alors figure d’apôtre.

Défenseur central : Henrique
La Ligue 1 a son Rambo et il s’appelle Henrique. Prédisposé dès son enfance à la violence, Henrique est un guerrier, un bourrin sanguinaire qui n’hésite pas à fusiller les supporters adverses quand il marque. Mais il a aussi un cœur pur et n’a pas pu retenir ses larmes en annonçant son départ. C’était pas sa guerre, mon colonel.

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Débauché par Jean-Louis Triaud alors que le Brésilien martyrisait les étudiants bordelais à l’entrée de l’Iboat, Henrique réalise sa meilleure saison. Capable de conduites de balle dignes de Peter Crouch mais aussi de roulettes estampillées Copacabana, le dernier rempart des girondins a dû composer ces dernières années avec le talent de Michaël Ciani, et les kilos en trop de Marc Planus. Pas simple.

Henrique est un bipolaire né, mais aussi un homme fidèle à son club et à ses supporters. Je vous assure qu’il existe encore quelques supporters des Girondins de Bordeaux.

Défenseur central : Mickaël Tacalfred
Après avoir écumé les plateaux de cinéma – je pense l’avoir reconnu en tant que figurant dans Les Évadés et dans la première saison de Oz – Mickaël Tacalfred s’est converti sur le tard au football. Enfin, à mi-temps : je suis presque sûr qu’il mène une double-vie. Il défend ses buts les soirs de match, et des cargaisons de cocaïne le reste de la semaine. Il faut forcément travailler pour un baron de la drogue pour arborer une telle coiffure. En tout cas, Mickaël a eu la force nécessaire pour s’imposer dans des clubs de renom – Martigues, Rouen, Angers, Dijon, Reims.

Ce n’est pas un monstre physique : il fait 1m75 et 69 kilos. Il ne marque même pas de temps en temps sur corner : il s’avère qu’il ne plante que contre son camp. Et pourtant, il est tout le temps titulaire. Le stade de Reims est bien au chaud dans le ventre mou du classement, et Tacalfred n’y est sans doute pas étranger.

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Latéral gauche: Jérémy Morel
Morel, c’est le mal-aimé, le rejeté, le Jean-François Copé des terrains de Ligue 1. Souvent critiqué par le public marseillais, il est pourtant doté d’un certain sens du but. Quand je le regarde jouer, j’ai l’impression de regarder un excellent film d’horreur. On sait à tout moment que ça peut mal tourner, mais c’est lorsqu'on s’y attend le moins que les choses dégénèrent. Un centre facile à dégager, une passe en retrait, une séquence anodine, et il conclut rageusement l’action adverse ou fait preuve d’altruisme et laisse cet honneur à Theo Walcott.

Morel n’est pas si mauvais. Enfin, pas plus que la plupart de nos latéraux. Il est juste maladroit. Alors n’écoute pas les critiques, Jérémy. Même si tu fais parfois des choses qui peuvent paraître mystérieuses, il faut que tu continues à les faire. Le football sert à vivre des émotions, et tu nous en donnes tellement.

Milieu défensif : Florent Balmont
Si Lille était un groupe de rock, Balmont serait le bassiste. Pendant que Nolan Roux et Simon Kjaër se tapent les groupies, il sirote une bière tiède en coulisse, en se regardant dans le miroir tout en se répétant inlassablement : « Sans toi, ils ne seraient rien. »

Balmont a beau toujours avoir un poumon de rechange dans une poche de son short, il restera un de ces joueurs de l’ombre. Vous n’entendrez jamais des gamins hurler dans une cour d’école : « Waaah ! T’as fait une Balmont ! »  après qu’un de leur camarades a fait trois fois le tour du terrain en sprintant derrière le ballon – et c’est bien dommage. [daily_motion src='//www.dailymotion.com/embed/video/x1bmloz' width='640' height='360']

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Milieu gauche : Yoann Gourcuff
Il devait devenir le Mozart du football français, il est aujourd’hui le Salieri des terrains de Ligue 1. Laurent Blanc avait sans doute recruté M. Ollivander dans son staff, tant Yoann Gourcuff était magique à Chaban-Delmas. Le « futur Zidane », comme le prophétisait l’Equipe dans son sens de la mesure habituel, a depuis enchaîné blessures et méformes. Les 22 millions d’euros dépensés par l’Olympique Lyonnais doivent encore donner des sueurs nocturnes à Jean-Michel Aulas.

Souffre-douleur de ses camarades de Clairefontaine, le petit Yoann a peut-être volontairement sabordé sa moyenne pour ne plus passer pour l’intello, le fils de prof. En fait, Gourcuff n’attend qu’une chose : la radiation à vie de Franck Ribéry de l’équipe de France. Le Frank Underwood français a d’ailleurs déjà contacté des agences de prostituées brésiliennes pour tendre un piège à Francky, qui cette fois-ci ne pourra plus échapper à la sanction de la FFF. « Le Cerveau », c’est lui.

Milieu droit : Lucas Moura
Lucas me rappelle un peu cette fille qui vous regarde depuis une bonne dizaine de minutes et qui, au moment où vous l’abordez, se tourne vers un autre type pour l’embrasser ostensiblement. La définition même de la frustration. Mais bien que très belle, cette fille semble vouée à être malheureuse. Malgré son talent, Lucas passera le mois de juin devant son écran plat à regarder ses compatriotes remporter le titre mondial à la maison. La définition même de la tristesse.

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Plus rapide que la biche de Cérynie, Lucas Moura subit régulièrement le courroux de Pierre Ménès à cause d’un manque chronique d’efficacité qui lui colle à la peau. Mais lui s’en moque et préfère mettre 140 passements de jambe par match plutôt que de claquer un but. Sérieusement, c’est quoi cette lubie de marquer quand on peut remonter tout le terrain et donner une occasion à Rod Fanni de briller ? De toute façon, il a 21 ans, il sort avec Margarita Gauchet et il gagne trois millions d’euros par an. En fait, je crois qu’il nous emmerde tous.

Attaquant : Dimitar Berbatov
Ceux qui l’avaient enterré trop vite craignaient qu’il revienne tel un zombie, déambulant péniblement sur le terrain à la recherche d’un ballon à pousser au fond. Imaginez : après la blessure de Falcao, les dirigeants monégasques annoncent que Berbatov le remplacera pour la deuxième partie de saison. Les supporters de l’ASM ont dû vivre un ascenseur émotionnel équivalent à celui d’un gamin à qui on offre un Bescherelle emballé dans un carton de PS4.

Et pourtant, Berbatov plante des buts et inonde le terrain de sa classe et de son flegme. Il a un meilleur ratio de but par match que Falcao cette saison. Et en plus de ça, c’est le mec le plus énervant de toute la Ligue 1. On parle quand même d’un gars qui se sait tellement supérieur à tous les autres joueurs sur le terrain qu’il n’hésite pas à arborer un T-shirt « Keep calm and pass the ball to me », et à mettre des buts avec une telle nonchalance que j’ai pitié pour l’équipe adverse. C’est le même mec qui fait gagner Monaco 3-2 contre Lyon, tout en étant hors-jeu sur les trois buts. Un problème ?

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Attaquant : Djibril Cissé
«J 'ai un objectif - tout le monde le sait - qui est, justement, cette couleur bleue. J'aime le bleu ! » Admirateur absolu d’Etienne Daho, Djibril Cissé est un homme ambitieux qui a connu la Grèce, la Russie et le Qatar. Il n’a pourtant toujours pas renoncé à participer à la Coupe du Monde 2014. S’il mérite sa place dans cette équipe, cela tient autant à sa volonté inébranlable qu’à ses tatouages obscurs.

Malgré un physique un peu défaillant dû à quelques années d’errance footballistique, Cissé est encore capable de coups d’éclat, comme cet incroyable but à la Van Basten. Par contre, est-ce une bonne habitude d’enchaîner les saltos quand on se fracture un os plus rapidement que Samuel L. Jackson dans Incassable ? Mais après tout, c’est pour ça qu’on l’aime.

Attaquant : M’baye Niang
M’baye Niang n’a pas attendu d’avoir 50 ans pour porter une Rolex. Amoureux des belles choses, l’ancien du Milan AC a mis moins d’un mois pour planter sa Ferrari dans un arbre montpellierain alors qu’il n’avait pas de permis. À 19 ans, la trajectoire du français semble déjà tracée : celle de l’éternel espoir plein de talent dont le comportement a tout gâché. La jurisprudence Ben Arfa paraît s’appliquer parfaitement.

M’baye Niang est pourtant bien plus solide mentalement que le joueur de Newcastle. La preuve ? Il supporte Louis Nicollin et Rolland Courbis depuis 4 mois. Rien que pour ça, il mérite sa place dans cette équipe, même s'il doit finir sa carrière à Évian Thonon-Gaillard ou Sunderland.

NB: Certains diront que notre équipe est trop offensive. On s’en fout. Regardez l’équipe-type de la FIFA et revenez nous dire ça en face. Et encore, si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais mis un 4-1-5.

Entraîneur : Jean Fernandez
Certes, il n’a fait qu’une moitié de saison avec Montpellier. Certes, cette moitié de saison était catastrophique, et il a quitté le club avec un ratio de victoire de 12,5%. Paul le Poulpe aurait sûrement fait mieux comme entraîneur. Mais il faudrait être un monstre pour en vouloir à Jean Fernandez quand il vous regarde comme ça.

Quoiqu’on en dise, Fernandez est une légende. Et comme toute légende, c’est un homme fait de contradictions. Il a emmené Auxerre en Ligue des Champions, tout en fragilisant le club au point que l’AJA s’écroule par la suite. Il a fait monter Metz et Sochaux en Ligue 1, mais a coulé Nancy. Il a permis à Ribéry ou Adebayor d’éclore, mais il s'est ramené à Montpellier avec Djamel Bakar. Quand il ne prend pas de bonnes décisions, Fernandez en prend toujours de très, très mauvaises.

Son jeu défensif inspiré de la stratégie du bus de José Mourinho ne fait pas rêver. Il n’a ni l’effectif, ni l’efficacité, ni le charisme, ni le palmarès du Portugais. Mais il est plus sympathique. Un anti-Mourinho, en somme. Avec lui à la tête de cette équipe-type alternative, vous aurez la certitude de vivre une saison riche en émotions.

Remplaçants: Fabien Audard, Sylvain Armand, Fabien Lemoine, Romain Alessandrini, Cheick Diabaté, Soner Ertek, André-Pierre Gignac