
Illustration : Albert Herter
Des pages de poésie tirées de l’ordinateur de chez elle
volantes, comme les pages du manuscrit de la vie
volantes et âpres, sautant vers une autre page
encore pleine d’une poésie qui pourrait bien appartenir à un autre poème
mais je lis ça comme ça depuis un moment
et je le comprends à ma façon
enfin, la poète est morte aujourd’hui
elle est morte et j’ai regretté de ne pas lui avoir demandé plus
j’aurais dû avoir soif de sa lumière
au lieu de ça, je regrette sa mort
au fond, la mort est regrettable
notre amie, notre sœur
ma vraie mère, notre poète
est partie et nous n’avons pas réussi
Tout le jour, avant d’apprendre la nouvelle,
j’ai fait en sorte que toutes les bougies de la maison
brûlent pour sa santé
j’ai prié de nombreux saints, Marie
et même le ridicule Enfant de Prague
qui m’a rappelé son merveilleux sens de l’humour
mais désormais, les flammes sont sorties
Aucun doute, elle nous touchera encore, elle m’assistera encore
Grande Femme – aie pitié de mes hésitations
injecte-moi de ton fluide magique
l’eau de la femme qui va à contre-courant