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Le réchauffement climatique est en train de tuer toutes les tortues mâles

Et leur nouveau penchant pour l'homosexualité ne va pas les aider à se sauver.

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Une étude publiée récemment par Nature Climate Change démontre une nouvelle fois les effets du réchauffement climatique, cette fois-ci sur les tortues. À cause d'une détermination génétique liée à la température – appelée détermination thermodépendante du sexe – les tortues voient leur population de femelles augmenter constamment au détriment de celle des mâles. Au-delà de 29 degrés, l'équilibre entre mâles et femelles est rompu au profit de ces dernières.

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L'étude, intitulée Effets du réchauffement climatique sur la viabilité d'une importante colonie de tortues, ne dévoile aucune révélation d'ampleur au niveau génétique ou physiologique. Elle se focalise avant tout sur une analyse géographique mise en relation avec des milliers de données sur le climat et sur les populations de tortues. De manière assez frustrante, cette étude ne dit pas pourquoi les tortues ne font rien pour lutter contre cette tendance.

Les auteurs de l'étude démontrent qu'à court terme, le nombre de tortues va augmenter. L'analyse se focalise sur une espèce en particulier : la tortue caouanne, présente près de l'archipel du Cap-Vert, et essaie de prédire son devenir sur les 150 prochaines années. La bonne nouvelle, c'est que l'augmentation du nombre de femelles – qui ont la délicate tâche de porter les œufs et de les enterrer sur les plages – va provoquer l'augmentation du nombre de tortues durant les 30 prochaines années.

La proportion de mâles va alors sérieusement chuter. Le professeur Graham Hayes, interrogé par le Guardian, a évoqué les effets à long terme de cette diminution. « Si vous analysez ce phénomène sur le long terme, les choses deviennent très graves. Il y aura tellement peu de mâles dans 100 ans qu'il deviendra très difficile de fertiliser tous les œufs des femelles. » En gros, les tortues pourraient disparaître.

Certains lézards, les crocodiles, et même certains oiseaux, ont leur sexe déterminé par la température et non par la présence de chromosomes X ou Y, voire W et Z pour les oiseaux. Les tortues sont simplement une espèce particulièrement vulnérable et je désirais savoir pourquoi l'évolution les avait rendues si exposées au changement climatique.

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Dans une étude plus ancienne parue dans le Journal of Evolutionnary Biology et conduite par F.L. Janzen et P.C. Philipps, on peut observer une liste de raisons qui provoqueraient ce phénomène :

1.    Inertie phylogénétique : la détermination thermodépendante du sexe est un trait génétique ancestral qui se demeure actuellement.

2.    Adaptation de groupe : la détermination thermodépendante du sexe promeut le contrôle du ratio homme/femme pour le bien-être du groupe.

3.    Rejet de la consanguinité : la détermination thermodépendate du sexe diminue les risques de consanguinité en produisant des individus d'un seul sexe.

4.    Dépendance au contexte : la détermination thermodépendante du sexe permet à l'espèce d'évoluer dans un milieu plus adapté à tel ou tel sexe.

Ce rapport suggère que l'explication centrale est la première, l’inertie phylogénétique. Pour faire simple, la détermination thermodépendante du sexe a fonctionné pendant des millions d'années et elle doit maintenant être mise à jour car elle est devenue obsolète.

C'est une énième difficulté pour les tortues de mer qui sont des espèces déjà mises à mal par la sauvagerie du royaume animal. Elles ne pondent qu'une fois tous les trois ans et elles sont obligées de traîner leur corps délicieux hors de l'eau sur des plages hostiles. Pour couronner le tout, elles doivent abandonner leurs œufs dans des nids sans surveillance. Après cela, en supposant que les œufs ont survécu, les bébés tortues – qui ressemblent à des petits nuggets aux yeux des prédateurs – doivent sortir sur ces mêmes plages hostiles et rejoindre l'océan, une zone qui peut être tout aussi dangereuse pour eux.

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Si cela ne suffisait pas, les humains se mettent à voler leurs œufs et en font des casse-croûte totalement inutiles, jusqu'à décimer des populations entières. Les bébés se trompent parfois de direction et prennent la lumière des métropoles pour les reflets de l'océan. Ils se mettent alors à marcher vers la ville et meurent bêtement dans des parkings. Ou alors ils vont du bon côté, mais meurent à cause d'un sable trop chaud – l'augmentation du CO2 est à l'origine de cela. Ou alors ils arrivent jusqu'à l'océan mais meurent en s'empêtrant dans un sac plastique.

Selon ConserrveTurtles.org, les tortues de mer et leurs compagnons d'infortune les lamantins font partie des seules espèces qui se nourrissent d'herbiers marins, ce qui est nécessaire pour la perpétuation de ces herbiers. Et même si ces herbiers n'avaient pas besoin d'eux, je suis sûr que nous adorons tous regarder ces tortues majestueuses nager calmement et avec sérénité. La perte de ces animaux serait une catastrophe.

Beaucoup de tortues montrent une certaine propension à l'homosexualité dans un environnement mono-sexuel. Si elles venaient à disparaître, elles disparaîtront en faisant l’amour –  et c’est bien là leur seule consolation.

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