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Ce qu'il se passe à Las Vegas reste à Las Vegas - sauf les concerts de KISS

Paul Stanley nous parle de sa longue expérience de la Ville du Pêché, de l'enfer des casinos aux organisateurs véreux.

En novembre 2014, KISS ont donné une série de 9 concerts en résidence au Hard Rock Hotel de Las Vegas. Comme il s'agit de KISS, ils y sont vraiment allés à fond : light-show à vous brûler la rétine, extension de scène, Gene Simmons qui traverse les airs suspendu à un harnais – et des putains d'effets pyrotechniques, partout, tout le temps. Et comme il s'agit toujours de KISS, ils ont engagé une équipe pour filmer tout ça et en faire KISS Rocks Vegas, un DVD/Blu-Ray/double CD/livre de photos, qu'il ne vous reste plus qu'à acheter pour faire étalage de votre richesse. La preuve, étincelante et parfois un peu excessive qu'après 43 ans, KISS assurent toujours un meilleur show que la plupart des groupes qui ont un tiers leur âge.

« Ce qui est beau, quand on fait une résidence, c'est qu'on peut créer un spectacle sans avoir la contrainte de la mobilité », nous explique Paul Stanley, guitariste/chanteur de KISS, par téléphone depuis Springfield, Illinois, où le groupe est de passage, dans le cadre de sa tournée « Freedom To Rock ». « Techniquement, on a fait un truc qui se rapproche beaucoup d'un show de stade, mais dans une petite salle – un peu comme quand tu vois une bouteille avec un bateau à l'intérieur. Comment est-ce qu'ils l'ont fait rentrer là dedans ? Pièce par pièce. Tu peux pas le sortir, mais c'est vraiment beau à voir. »

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Par pur intérêt scientifique, on a interrogé Stanley sur sa longue expériences de Las Vegas, la Ville du Péché.

Noisey : Est-ce que vous êtes restés à Vegas pendant la résidence, ou est-ce que vous rentriez chez vous après chaque concert ?
Paul Stanley : Les deux. Pendant un moment, on est restés. Quand il y avait deux jours off, ou plus, je rentrais. J'essaie de passer le plus de temps possible chez moi. Ma famille ne peut pas vraiment donner son avis, c'est donc à moi de décider pour eux. Mais leur avis, c'est toujours « Papa devrait être à la maison. » Donc je fais de mon mieux pour répondre à leurs attentes. Qu'est-ce que tu as fait d'autre pendant tout le temps où tu es resté là-bas ? Tu es allé au Cirque du Soleil, des trucs comme ça ?
J'ai vu tellement de spectacles à Vegas… Du coup, je suis plutôt resté tranquille. Notre show est très, très exigeant, et il faut vraiment qu'on assure. Les gens viennent voir le concert avec énormément d'attentes. Même s'ils ne nous ont jamais vus, ils connaissent la légende, notre rôle est de non seulement nous y tenir, mais aussi de la surpasser. C'est intéressant de voir que sur notre tournée actuelle, les critiques de la presse et la réaction des fans laissent penser que le groupe est à son meilleur. C'est donc très important pour nous de tout donner sur scène, nous ne puvons pas nous contenter de vivre dans le passé, nous devons justifier notre place ici aujourd'hui. Donc les jours où on ne joue pas, j'aime bien y aller mollo. Mais Vegas a changé de manière tellement radicale par rapport à ce que c'était avant, que ça soit les buffets à volonté à 1.99 $ ou les vieux comédiens en fin de carrière. C'est un endroit incroyablement vivant, avec plein de trucs géniaux à faire, et de la nourriture délicieuse. J'adore être ici. Tu peux marcher sur le Strip incognito ?
Bien sûr, tant que je n'ai pas ma tenue de scène !

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Est-ce que que tu vas au casino ?
Tu sais, je passe mon temps à dire que si ces casinos étaient là pour distribuer de l'argent, ce serait des cabanes en bois. Il suffit de jeter un oeil à la skyline des hôtels pour comprendre qui ressort gagnant. [Rires]

Tu n'as jamais été tenté ?
Oh, ça m'arrive de jouer. Mais ma vision du jeu c'est de mettre de côté une certaine somme d'argent pour m'amuser, et c'est de l'argent que je m'attends à perdre. Si j'ai assez de chance pour récupérer ce que j'ai joué, je le mets dans ma poche et je joue avec ce que j'ai gagné. Et si je le perds, et bien, disons que c'était le prix d'entrée. Les gens qui partent de Vegas en célébrant leur gain oublient tout ce qu'ils ont perdu. À quoi est-ce que tu préfères jouer ?
Voyons voir… Mon jeu de prédilection ? Ça fait tellement longtemps que je n'y suis pas allé, en fait. Le blackjack, je crois.

Tu te souviens du premier concert de KISS à Vegas ?
Oui. Je crois que c'était en 74. Et autant te dire que Vegas, ce n'était pas pareil à l'époque. Les putes ne portaient pas d'oreilles de Mickey. C'etait un pays à part, avec ses propres lois. Je me souviens qu'on avait joué dans un hôtel que je ne nommerai pas, et à ce moment là, on faisait deux shows par soir. À la fin du deuxième concert, notre tour manager de l'époque est parti récupérer l'argent. Il entre dans le bureau, et le mec ne lui donne pas assez. Notre tour manager lui dit : « Désolé, mais ce n'était pas le deal. » Et le mec lui répond : « Prends le fric et barre-toi. »

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Bienvenue à Vegas…
Ouais [Rires]. Mais il faut dire qu'à l'époque, Vegas n'était pas seulement un empire du jeu – la ville semblait aussi attirer tous les gens qui fuyaient quelque chose. J'ai rencontré des femmes très intéressantes, et c'était un endroit haut en couleur, rempli de gens qui cherchaient à disparaître [Rires]. Mais c'était génial tant que tu restais du bon côté du truc. Est-ce que tu as déjà fait quelque chose à Vegas qui doit rester à Vegas ?
Ça y est resté, et ça doit être recouvert de toiles d'araignées à l'heure qu'il est [Rires]. Mais Kiss Rocks Vegas, c'est quelque chose qui ne pouvait pas rester à Vegas. On voulait à tout prix conserver des images de cette grande expérience pour que l'auditeur et le spectateur puissent s'y immerger. À chaque fois qu'on fait quelque chose qui représente le groupe en live, on essaie d'être sûrs que les gens ne le voient pas de l'extérieur. On veut qu'ils soient dedans. C'est ça qui fait que KISS Alive est un si grand album, et qui rend Kiss Rocks Vegas si génial. Tu n'es pas entrain de mater ça depuis ton canapé. Ça, pour le coup, c'est un truc qu'on a fait à Vegas qu'on partage vraiment avec tout le monde. Après, j'ai fait d'autres choses à Vegas dont il ne vaut mieux pas parler.

Tu as mentionné KISS Alive, qui est un des albums du groupe qui s'est le mieux vendu. On a beaucoup parlé de la manière dont l'enregistrement avait été retravaillé pour booster le son. Qu'en est-il pour KISS Rocks Vegas ?
KISS Rocks Vegas, c'est du live. Je serai le premier à te dire que KISS Alive est une re-création de l'expérience qu'on vécue les gens, boostée par des amplis. C'était nécessaire pour la rendre vraiment tangible. Si tu essaies d'enregistrer le son d'une bombe qui explose, ce qui va se passer c'est que le micro va se fermer, et la bombe va se transformer en pétard. Alors qu'est-ce qu'on a fait ? On a remplacé la bombe par des enregistrements de canons. Quand on enregistrait ce qu'il se passait sur scène, on perdait le public. Et encore une fois, ce qu'on voulait c'était plonger l'auditeur dans le public, on a donc également mis des enregistrements du public.

Ce qui fait que cet album a si bien marché, c'est qu'il capture vraiment l'expérience KISS. Ce n'est pas quelque chose qu'on peut reproduire sans avoir recours à quelques astuces, quelques mise en valeur, quelques améliorations. On dirait que cette technique est toujours stigmatisée, mais qui veut entendre une guitare qui tombe? Qui veut entendre une corde qui casse? Un accord faux ? Ce n'est pas le but. Pendant un concert, les gens écoutent avec leurs yeux. Pour qu'ils puissent vivre l'expérience chez eux, il faut corriger la moindre imperfection. La réalité peut être difficile parfois, et entendre un mauvais accord à chaque fois que tu passes un disque, ça peur devenir assez chiant. Personne n'a envie de ça.
Ouais. Et KISS Rocks Vegas c'est principalement du live à 100 %. Ça a été mixé avec le meilleur matos, pour obtenir un résultat aussi fidèle et grandiloquent que possible. Je pense que tu commences à avoir des ennuis lorsqu'on peut entendre des trucs louches. Mais on ne vise pas la perfection. On essaie de faire un truc qui soit précis dans sa représentation du groupe. Je ne pense pas que quiconque écoute KISS Alive ou KISS Rock Vegas se dise « Les voix sont parfaitement justes ». Mais il ne s'agit pas de ça. Je ne cherche pas à remplacer la passion par la perfection. Il y a une photo dans le livret de Rocks Vegas d'une pancarte dans un ascenseur où il y a écrit « Merci de réduire l'utilisation de l'ascenseur au strict minimum pendant que KISS sont sur scène. » C'est quoi, l'histoire ?
J'ai vu cette pancarte, mais je suis pas vraiment sûr de savoir pourquoi elle était là. Peut-être qu'on faisait tellement trembler le bâtiment que quelqu'un aurait pu rester bloquer dans l'ascenceur pendant le show. Peut-être que si quelqu'un été resté bloqué dedans, personne ne l'aurait entendu. Je ne sais vraiment pas. C'est le genre de phénomènes que KISS provoque.

Tu es en pleine forme. Si tu ne devais pas monter sur scène tous les soirs, est-ce que tu serais tenté de te laisser un peu aller ?
Je me laisse un peu aller. Je ne suis pas accro à la salle de sport. Ce n'est pas une obsession. Ça fait du bien d'être sain et en bonne santé. Ça influe sur l'esprit, sur la vivacité d'esprit. Les endorphines sont probablement la drogue la plus puissante du monde, donc faire le plein d'endorphines en faisant travailler son corps, ça n'a rien d'une obsession. Je fais ça pour la même raison que je ne fume pas : je veux être en bonne santé. Et ça porte ses fruits. Écoute, j'ai des enfants de 5 ans, de 7 ans et de 9 ans, en plus de mon fils de 22 ans, et ils n'ont pas envie de sortir avec moi et que quelqu'un leur dise « Oh, vous êtes venus avec votre grand-père ? » Vous avez renoué avec la totale maquillage-costumes depuis un bon moment maintenant. Quand je regardais le DVD de Rocks Vegas, je ne pouvais pas m'empêcher de me dire qu'il doit faire une chaleur d'enfer là-dessous, tous les soirs. Ça t'arrive d'avoir envie que KISS retourne à une phase sans maquillage, juste pour rendre les concerts moins épuisants ?
On adore ce qu'on fait. À chaque fois qu'on monte sur scène, c'est une victoire, et celui qui gagne au Loto ne devrait pas se plaindre de payer des impôts, si tu vois ce que je veux dire. J'adore être sur scène. Ce qu'on incarne, notre apparence, c'est ce dont on se sert pour faire des films. Une histoire qui semble impossible jusqu'à ce qu'elle finisse par arriver. Voilà un groupe qui était voué à l'échec – qui était descendu et ridiculisé par des critiques qui ne sont plus en vie, ou qui ne sont plus critiques. Et on continue, depuis 4 décennies. Le show est phénoménal, et je suis fier d'être là. L'uniforme, c'est un gros doigt d'honneur à ceux qui dès le début disaient que ça ne marcherait jamais. Mais ça a marché, parce qu'on y croyait. S'il ne s'agissait que de maquillage et de costumes, beaucoup d'autres groupes feraient la même chose – mais à ce niveau là, ces groupes ne représentent pas grand chose d'autre qu'une question au Trivial Pursuit. Très honnêtement, n'importe quel groupe avec du fric peut s'offrir un show à la KISS – et beaucoup le font. Mais ils ne seront jamais KISS.

J. Bennett est fan de KISS depuis qu'il a 9 ans. Il n'est pas sur Twitter.