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Crime

Des incidents xénophobes alors que l'Allemagne fait face à la crise migratoire

Alors que l'Allemagne annonce des décisions politiques pour répondre à la crise des migrants sur ses frontières, des incidents à caractère xénophobe se sont produits ces dernières semaines.
Rassemblement du mouvement anti-islam Pegida, le 24 août 2015 à Dresde en Allemagne. (Photo par Matthias Hiekel / EPA)

Alors que l'Allemagne annonce des décisions politiques pour répondre à la crise des migrants sur ses frontières, des incidents à caractère xénophobe se sont produits ces dernières semaines.

Si le caractère xénophobe de l'incident n'est pas encore prouvé, un foyer censé accueillir prochainement des réfugiés dans la ville de Nausen (près de Berlin) a été ravagé par un incendie suspect dans la nuit de lundi à mardi. Si le bâtiment est dévasté, aucun blessé n'est à déplorer selon la police allemande. Selon la police, l'enquête en cours va néanmoins explorer la piste d'un « acte xénophobe ». Cet incendie n'est que le dernier incident en date visant des migrants en Allemagne, après des émeutes et une attaque de néo-nazis contre des enfants.

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Dans ce climat de tension, l'Allemagne a envoyé, ce mardi, un geste fort en direction des réfugiés syriens : le pays renonce à renvoyer les Syriens vers leur pays d'entrée dans l'UE. Si l'on s'en tient à la Convention de Dublin, qui fait loi en la matière, les personnes arrivant en Europe doivent faire leur demande d'asile dans le pays par lequel ils arrivent — principalement l'Italie et la Grèce, qui n'arrivent plus à faire face aux demandes. L'Allemagne — destination finale privilégiée de nombre de réfugiés, avec le Royaume-Uni et la Suède — ouvre donc ses portes aux ressortissants syriens qui pénètrent en Europe principalement par la Grèce, via la Turquie.

Ce mercredi, la chancelière allemande, Angela Merkel, doit se rendre dans un foyer de réfugiés dans la ville d'Heidenau pour rencontrer des demandeurs d'asile, mais aussi des bénévoles et les forces de police. Critiquée par son manque d'empressement à se saisir du dossier des réfugiés — alors que l'Allemagne pense en accueillir 800 000 en 2015 — la chancelière montre que le pays se mobilise. Le choix de visiter Heidenau par Merkel fait écho aux manifestations et émeutes anti-immigration qui s'étaient déroulées dans cette ville au cours du week-end.

À lire : Émeute anti-migrants en Allemagne, 31 policiers blessés lors d'affrontements avec des militants d'extrême droite

Encore marqué par ces émeutes qui ont fait des dizaines de blessés, le pays avait pris connaissance d'autres violences racistes ayant eu lien dans un train de banlieue à Berlin samedi soir.

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D'après la police, vers 21h45 ce soir-là, deux militants d'extrême droite ivres ont harcelé une famille (vraisemblablement originaire d'Europe de l'Est) avant de lui uriner dessus. Selon le journal allemand Der Tagesspiegel, les deux hommes auraient hurlé « Heil Hitler » et d'autres slogans nazis à la famille, tout en effectuant des saluts nazis.

La femme et ses deux enfants voyageaient sur la ligne ferroviaire qui fait le tour de Berlin quand les deux hommes sont montés dans le train. Après avoir désigné la femme et les enfants comme un « paquet de demandeurs d'asile », les hommes auraient lancé « Nous sommes la race supérieure », en ajoutant « Vous n'êtes pas aryens. » Le plus jeune des deux agresseurs présumés a ensuite montré son pénis aux enfants avant d'uriner sur eux.

Des témoins ont alerté la police et les deux hommes, âgés de 32 et 37 ans, ont été arrêtés à la station suivante.

Depuis le début de l'année 2015, environ 150 incendies volontaires et d'autres attaques sur des abris de réfugiés ont déjà été enregistrés. On dénombrait 170 attaques de ce type pour l'ensemble de l'année 2014.

« La honte nazie de Heidenau ». C'est de cette manière que le journal allemand Bild a décrit les émeutes anti-immigration ce week-end près de Dresde. Les affrontements à Heidenau ont commencé tard vendredi dernier, alors que des policiers emmenaient des demandeurs d'asile jusqu'à un centre d'accueil de réfugiés de la ville.

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Environ 200 militants d'extrême droite, ont alors lancé des feux d'artifice et des bouteilles sur les forces de l'ordre. D'après l'agence de presse Reuters, certains auraient crié « Heil Hitler ».

Dimanche soir, la police a établi un périmètre autour du centre de réfugié de Heidenau. Elle vérifiait des cartes d'identité et fouillait toute personne s'approchant du bâtiment.

« Nous avons besoin de telles zones de sécurité partout, parce que personne ne peut dire où la prochaine attaque va avoir lieu, » a déclaré le chef d'un syndicat de police Rainer Wendt au journal Rheinische Post.

Ces militants d'extrême droite venaient « sans aucun doute de l'extérieur de Heidenau, » a déclaré le maire de Heidenau, Jürgen Opitz, lors d'une conférence de presse. Les extrémistes dans la région faisaient partie d'un réseau et les émeutes de Heidenau étaient un exemple de « tourisme nazi, » selon le maire de cette ville.

La chancelière allemande Angela Merkel a condamné la violence contre les migrants à Heidenau.

« C'est repoussant de voir comment les militants d'extrême droite et les néo-Nazis propagent leur message superficiel, mais il est également honteux de voir que les citoyens — y compris des familles avec enfants — les soutiennent en marchant à leurs côtés, » a-t-elle déclaré ce lundi.

Merkel avait été critiquée ce week-end par certains, pour ne pas avoir haussé le ton contre ces extrémistes plus tôt.

Ce lundi sur la version allemande de Twitter, le hashtag #Merkelschweigt — qui peut être traduit grossièrement par « Merkel reste silencieuse » — était le hashtag le plus utilisé dans le pays, même après que la condamnation de ces attaques par la chancelière.

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Rassemblement du mouvement anti-islam Pegida, le 24 août 2015 à Dresde en Allemagne. (Photo par Matthias Hiekel / EPA). Sur la pancarte on peut y lire : « Fin au multiculturalisme — mon pays reste allemand ».