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Crime

Burundi : au lendemain de manifestations sanglantes, la cour constitutionnelle autorise la candidature du président

La police aurait tué au moins trois personnes, alors que des centaines de Burundais sont descendues dans les rues de la capitale de Bujumbura.
Photo de Jerome Delay/AP

Les tensions provoquées par les élections présidentielles qui auront lieu dans un mois au Burundi ne font que s'aggraver. La police aurait tué au moins trois personnes, alors que des centaines de Burundais sont descendues dans les rues de la capitale de Bujumbura entamant la deuxième semaine consécutive de manifestations contre la décision controversée du président en exercice Pierre Nkurunziza de se présenter à un troisième mandat.

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Le vice-président de la Cour constitutionnelle burundaise, qui avait commencé à délibérer sur la constitutionnalité de cette décision jeudi dernier a fui le pays ce lundi. Sylvère Nimpagaritse a déclaré à la radio RFI qu'il était victime de pressions exercées par le pouvoir. Ce mardi matin, la Cour constitutionnelle a rendu sa décision : Pierre Nkurunziza peut se présenter à un troisième mandat présidentiel.

#Burundi : arrêt de la cour constitutionnelle qui valide la candidature de Pierre Nkurunziza @RFI pic.twitter.com/2zmMlYTu7B

— Sonia Rolley (@soniarolley) 5 Mai 2015

Hier, les manifestants auraient jeté des pierres sur la police, qui a répliqué par des tirs. On rapporte aussi que l'explosion d'une grenade a blessé deux policiers pendant les affrontements de lundi. Dans une vidéo de la manifestation, on voit une foule de manifestants affronter à nouveau des officiers de police en uniformes bleus, leurs boucliers en avant, des battes et des fusils à la main.

Un manifestant brandit une pancarte. Des slogans anti-gouvernment sont entonnés lors d'une manifestation dans la capitale du Burundi le 4 mai 2015.(Photo de Reuters)

Des militants des droits de l'homme rapportent que deux manifestants sont morts, tandis que la Croix Rouge du Burundi affirmait hier soir que trois personnes sont mortes et 45 ont été blessées. Le porte-parole de la police Liboire Bakunduwukize, a toutefois nié ces affirmations auprès de Reuters. Il ajoute qu'une grenade a blessé 15 officiers. Lors d'une conférence de presse devant un hôpital, Bakunduwukize a déclaré que la police avait le droit de riposter.

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« Aujourd'hui, demain, ou le jour d'après, partout où des grenades seront lancées et partout où elles seront tirées, la police a elle-même le droit de lancer une grenade, et même de répliquer en tirant, voilà comment ça va se passer, » a-t-il déclaré selon Reuters.

À lire : Manifestations au Burundi : 48 heures dans Bujumbura en colère

Un officier de police blessé par une grenade est emmené en sécurité pendant des affrontements dans le quartier de Musaga, à Bujumbura. (Photo de Jerome Delay/AP)

Les manifestations ont commencé le 26 avril, après que Nkurunziza a annoncé qu'il serait candidat à un troisième mandat lors des élections présidentielles du 26 juin prochain. Le Burundi est un petit pays enclavé, voisin du Rwanda, de la Tanzanie et de la République Démocratique du Congo ; c'est l'une des nations les plus pauvres du monde, qui a été déchirée par une guerre civile de 12 ans qui a pris fin en 2005 par un traité de paix. Le traité stipule également que les mandats qu'un président peut exercer se limitent à deux.

Nkurunziza est un ancien chef rebelle qui a été choisi comme président par le parlement du pays en 2005, en tant que chef de transition. Il exhorte ses partisans à revendiquer qu'il est éligible à un nouveau mandat parce qu'il n'a pas été élu par le peuple quand il a pris ses fonctions pour la première fois.

Le gouvernement est accusé d'avoir orchestré une lourde répression des manifestations. D'après Human Rights Watch, au moins 400 personnes avaient été arrêtées au 1er mai. Sept personnes sont mortes et 66 ont été blessées.

L'armée a envoyé des signaux divers quant à son allégeance. Dans un premier temps, le ministre de la Défense a affirmé que ses troupes resteraient neutres, demandant aux autorités de mettre un terme aux attaques visant le peuple. Mais le chef d'État-major de l'armée s'est éloigné de cette position ce dimanche, affirmant que ses troupes resteraient loyales au gouvernement.

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Des policiers antiémeutes essayent de disperser les manifestants opposés à une troisième candidature du président en exercice Pierre Nkurunziza. (Photo via Reuters)

À lire : Protestations au Burundi : la presse muselée, les rassemblements dispersés

Au cours d'une visite officielle au Kenya et à Djibouti, le secrétaire d'État John Kerry s'est ouvertement prononcé contre les ambitions de Nkurunziza.

« Nous sommes profondément préoccupés par la décision du président Nkurunziza, qui va directement à l'encontre de la constitution de ce pays, » a déclaré Kerry au cours d'une conférence de presse à Nairobi.

Follow Kayla Ruble on Twitter: @RubleKB