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Santé

Comment la masturbation a aidé des femmes à surmonter leur dépression

Des personnes nous disent comment la dépression a affecté leur libido et si la masturbation leur a été bénéfique dans ces moments de noirceur.
Illustration de Joel Benjamin

Avant le diagnostic de ma dépression, je me rappelle que la perte de ma libido avait été un symptôme très important. Moi qui, presque quotidiennement, me promenais en toute innocence dans les méandres de PornHub pour y trouver réconfort et plaisir, n’y allais maintenant plus du tout. Niet, kaput. Le réflexe rassurant d’ouvrir l’onglet de navigation privée afin de trouver la parfaite vidéo pour atteindre l’orgasme n’existait plus. Penser au sexe suffisait à m’épuiser. Aussi, il faut savoir que, lors de ma dépression d’une durée d’un an environ, j’étais dans une relation monogame depuis près de quatre ans. Mon ancien partenaire souffrait beaucoup (apparemment trop…) de cette absence nouvelle de sexualité chez ma personne, lui qui me connaissait pourtant bien peu plus lubrique. Disons que si moi, je ne pensais pas au sexe, lui y pensait beaucoup. Et il avait raison : je n’avais plus du tout envie de faire l’amour.

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Et pire encore, à mon avis : je ne me masturbais plus.

Il faut dire que je prenais – et prends toujours! – des antidépresseurs, qui sont loin d’être des pilules qui stimulent la spontanéité sexuelle, on ne se mentira pas. Ma médecin de famille m’avait prévenue que ma nouvelle prescription risquait de nuire à ma libido. Mais elle avait également pris le soin de me rassurer en me disant que la baisse d’anxiété et des symptômes dépressifs ne pouvaient pas nuire au retour de mes envies licencieuses. Puis, un soir que j’étais seule, j’ai « essayé » de me masturber. Laissez-moi vous dire que de laver et ranger son vibrateur 11 vitesses, et ce, sans même n’avoir joui est quelque chose de très frustrant.

En discutant avec une amie il y a quelques semaines, je me suis rendu compte que de son côté, elle ne s’était jamais autant masturbée que lors de sa dépression actuelle. « Chaque jour, chaque soir avant de me coucher. Au moins deux fois par jour », me raconte-t-elle. « La masturbation est le seul moyen de me concentrer sur moi et de sentir que j’ai un corps et qu’il existe », ajoute-t-elle. Je ne pouvais pas m’empêcher de nous comparer. Je prends la risque de lui demander si, parfois, elle a envie de coucher avec des gens. Elle me répond que non, elle a surtout envie de jouir. À la suite de cette discussion, j’avais très envie d’en savoir plus, de savoir si c’était possible de vouloir se masturber autant lorsqu’on porte le poids d’une dépression. J’étais convaincue que tous les dépressifs et dépressives ne pensaient pas au sexe. C’était naïf, probablement. Et un peu généralisant comme pensée, oui.

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C’est pourquoi j’ai demandé à des personnes dépressives de me parler de leur rapport à la masturbation dans la maladie. Les témoignages suivants m’ont prouvé que ce n’était pas tout le monde qui partageait mon fardeau libidinal. Même que, pour certaines personnes, la masturbation les avait aidées à se relever de leur dépression.

Évacuation

Pour moi ç’a été surtout à la suite d’une rupture avec une personne avec qui je partageais une intense connexion sexuelle. Je pouvais me masturber à une fréquence incroyable, plusieurs fois par jour, en pensant à elle, comme pour la sortir du système. Puis, une fois que je venais, je pleurais et je la détestais d'avoir une telle emprise sur moi.

Accomplissement

J’ai l’impression que je me masturbe beaucoup plus quand je suis dans une forte période de dépression. Près de six fois par jour. Après, je ressens toujours une espèce de culpabilité, parce que j’ai l’impression que c’est la seule chose que je peux accomplir dans ma journée.

Solitaire

Il y a un peu plus d’un an, j’ai commencé une médication contre l’anxiété et la dépression. J’avais un copain et notre vie sexuelle était morte (nous avions une relation sexuelle aux deux mois, environ). Disons que j’aimais mieux m’occuper de moi-même toute seule, sinon je ne me sentais pas bien. Aussi, le sexe partagé était, à cette époque, le moindre de mes soucis puisque je pensais seulement à essayer de ne pas mourir. […] Maintenant, il est difficile pour moi de ne pas avoir mon « orgasme du jour »!

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Reprendre le contrôle

J'ai fait une dépression majeure en septembre-octobre et je ne me suis jamais autant masturbée que pendant cette période-là. J'étais en crise de larmes sept jours sur sept, mais je me masturbais plusieurs fois par jour! J'y ai vu une manière de reprendre du contrôle sur mon corps, puisqu'il était en quelque sorte paralysé dû à la très grande fatigue que la dépression m’occasionnait. Je pouvais plus rien faire. J'avais de la difficulté à marcher jusqu'à la cuisine. Alors je me masturbais. Je crois que le diagnostic a transformé ma colère en libido.