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Google lance un nouveau projet de journalisme automatisé au Royaume-Uni

Les algorithmes peuvent-ils couvrir l'actu locale à notre place ?

Vendredi dernier, j'ai été accueilli par une nouvelle fracassante en arrivant au boulot : mon ancien employeur, le Baltimore's City Paper, allait être fermé par son groupe de presse parent, le Baltimore Sun Media Group. Le City Paper est un journal hebdomadaire local dit "alternatif" orienté vers des sujets culture, société, et spécialisé en faits divers un peu craignos. La plupart des grandes villes américaines possèdent un journal de ce genre, voire deux - comme le Chicago Reader à… Chicago.

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Parce que les parutions locales ont dû faire face à une vague de fermetures majeures au cours des dix dernières années, suite à l'effondrement des revenus publicitaires. Un grand nombre de villes américaines ne possèdent tout simplement plus de média alternatif local. Baltimore n'est pas la première dans ce cas, et la diffusion de news sur Internet n'est jamais parvenue à combler ce manque : une partie de l'actu locale et régionale n'est plus couverte ni commentée. Or, ce phénomène touche de nombreux autres pays, dont la France.

J'ai immédiatement pensé à ce phénomène lorsque j'ai appris que Google poursuivait son investissement dans le développement de nouvelles formes de journalisme via la Digital News Initiative, une bourse de 170 millions de dollars destiné à "soutenir le journalisme de qualité grâce à la technologie et à l'innovation" en Europe. Son dernier prix a été attribué à la Press Association britannique, un regroupement de journaux régionaux anglais créé en 1868. Celle-ci travaillera en association avec la start-up Urb Media sur un projet baptisé RADAR (pour Reporters And Data And Robots), dont l'objectif sera de produire 30 000 articles d'actualité locale chaque mois à partir de bases de données ouvertes.

RADAR consiste un modèle de collaboration entre humains et machines, au sein duquel les journalistes seront chargés d'identifier des bases de données publiques permettant de faire dune veille efficace. Ils créeront également des modèles d'articles sur des sujets généraux, comme la criminalité, la santé et l'emploi. Le système peuplera ensuite ces modèles d'articles de news locales en utilisant un logiciel de génération de langage naturel, NLG, et générera automatiquement des vidéos et des graphiques afin d'illustrer les articles.

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Les fonds alloués à la Press Association permettront de recruter 5 journalistes qui auront pour mission de créer ces modèles d'articles, d'identifier les sujets d'intérêt et d'éditer le contenu produit automatiquement par le logiciel.

"Le système repose entièrement sur des journalistes humains qualifiés. On ne pourra jamais se passer d'eux. Néanmoins, RADAR permettra d'exploiter l'intelligence artificielle afin d'augmenter le volume d'actualités locales à des échelles que des humains ne pourraient pas traiter manuellement", déclare Peter Clifton, rédacteur en chef de Press Association. "À une période où les médias doivent composer avec une pression commerciale énorme, RADAR fournit à l'écosystème médiatique un moyen rentable de produire des actualités locales incisives et pointues."

RADAR devrait être lancé au cours de l'année 2018.

L'automatisation va-t-elle vraiment sauver la presse locale ? Tout dépend de ce que l'on entend ici par "sauver", évidemment. De toute évidence, dès lors que les machines seront aux commandes, la couverture des informations locales va perdre en qualité tout en étant plus efficace et en permettant de réduire les coûts des organisations. La presse locale sera sauvée si les lecteurs manifestent de l'intérêt pour les articles effectivement produits par RADAR, en supposant qu'ils ne fassent pas la différence entre des articles rédigés par les humains et des templates remplis automatiquement par un logiciel. Cela suppose également qu'ils soient toujours intéressés par l'actualité locale, ce qui ne va certainement pas de soi.

Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas très optimiste sur ce dernier point.