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La pollution lumineuse modifie le cours des saisons

Des chercheurs ont découvert que le bourgeonnement précoce des arbres britanniques était corrélé à l’augmentation de la pollution lumineuse.
La pollution lumineuse dans le ciel nocturne. Mike Lewinski/Flickr

Nous savions déjà que la pollution lumineuse avait rendu la Voie Lactée invisible à un tiers de l'humanité. À présent, des chercheurs ont découvert qu'elle pourrait bien avoir accéléré la venue du printemps au Royaume-Uni.

Dans une étude publiée mardi dans la revue Proceedings of the Royal Society B, les chercheurs expliquent que la pollution lumineuse nocturne provoque un débourrement prématuré, c'est-à-dire l'émergence précoce de nouvelles feuilles sur les arbres chez quatre types d'arbres communs au Royaume-Uni : le frêne, le chêne, le sycomore et le hêtre. Ses conclusions sont basées sur les données recueillies par des bénévoles ayant participé à des missions de sciences citoyennes, et par des données satellite renseignant les niveaux de pollution lumineuse dans plusieurs régions du Royaume-Uni.

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« Pendant 13 ans, un groupe de citoyens naturalistes passionnés a noté avec soin la période à laquelle ces quatre espèces d'arbres entament leur débourrement, », explique Richard ffrench-Constant, co-auteur de l'article et un entomologiste à l'Université d'Exeter. « Nous avons constaté que le début du débourrement est corrélé à la quantité de lumière artificielle dans une zone donnée. »

Ffrench-Constant explique que les zones urbaines bien éclairées ont également tendance à être plus chaudes, ce qui favorise un débourrement plus précoce. Cependant, comme le phénomène est survenu une semaine plus tôt que prévu cette année malgré des températures très basses, le niveau de pollution lumineuse a probablement été un facteur déterminant.

Débourrement sur un frêne. Image: Judith Garforth

Le débourrement précoce peut conduire à un « réaction en chaine, » explique ffrench-Constant. En effet, un phénomène naturel prématuré entraine d'autres phénomènes naturels prématurés, avec à la clé un déséquilibre de l'écosystème concerné. Les chenilles, par exemple, font en sorte que leurs œufs éclosent en même temps que l'apparition des premières feuilles : cela permet aux larves de grignoter de jeunes pousses juteuses qui favoriseront leur développement. Hélas, la pollution lumineuse peut ruiner ce timing fragile et précis.

« Si les œufs de papillons nocturnes ne répondent plus aux stimuli habituels, les chenilles vont manquer le débourrement et finiront par se nourrir de feuilles pleines de tanins, donc presque immangeables, » ajoute ffrench- Constante.

« Quant aux oiseaux, leurs œufs éclosent au moment où l'environnement est rempli de chenilles bien grasses qui nourriront leurs petits. Moins de chenilles, moins d'oiseaux. Il y aura vraiment des répercussions sur l'ensemble de l'écosystème, » affirme-t-il.

Les chercheurs veulent utiliser leurs résultats pour mieux comprendre les récentes perturbations du rythme des saisons au Royaume-Uni. Ffrench-Constant estime que l'important sera de comprendre la physiologie végétale en rapport avec l'émission de lumière artificielle, en étudiant l'effet de différentes longueurs d'ondes sur le développement des plantes.

« On pourrait peut-être utiliser des LED qui émette une lumière n'ayant aucun effet sur le débourrement des arbres, en identifiant des fréquences lumineuses spécifiques qui pourraient nous permettre de conduire et de vivre la nuit sans perturber les végétaux, » conclue ffrench-Constant.