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Facebook contrôle toujours le futur des réseaux sociaux

Pour un média web, il est de plus en plus dur de survivre sans signer un pacte avec Zuckerberg.

Cette semaine, la conférence des développeur Facebook F8 nous a donné un aperçu du réseau social le plus populaire à ce jour. De toute évidence, il changera bientôt radicalement de format. Les fermes à contenu et autres plateformes média ont ouvert grand leurs oreilles aux annonces faites lors de la conférence, car elles pourraient bien incarner les tendances qui façonneront nos vies en ligne dans les années à venir. Jusqu'à présent, les médias ne remettent pas en cause l'affirmation selon laquelle Facebook définit durablement ce que doit être et ce que sera un média en ligne. Ils estiment qu'ils doivent absolument suivre son modèle s'ils veulent continuer de maintenir leur trafic et leur évolution. « Si vous voulez survivre, jouez le jeu de Facebook », se dit-on dans le milieu.

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Ces derniers temps, les fermes à contenu dépendantes de Facebook ont suivi des règles assez simples : obtenez le plus de likes possible sur votre page, postez le plus possible, écrivez sur des thèmes à la mode, et intégrez vos vidéos directement sur la plateforme. À présent, Facebook est en train de développer des nouvelles fonctionnalités qui rendront les créateurs de contenu moins dépendants de lui dans l'absolu, et plus dépendants les uns des autres sur une plateforme qui sera désormais omnipotente et universelle.

Ces fonctionnalités, les voici.

Le temps des chatbots est arrivé.

Les chatbots sont, en quelque sorte, une vieille technologie plus actuelle que jamais. Ils ont été réintroduits récemment, et représentent de nouveau un pari pour l'avenir. Les médias ont renoncé à crée leur propre application. À présent, ils envisagent d'être représentés par un chatbot sur Facebook messenger afin de vous délivrer des informations personnalisées. De même que les applications Messenger sont en pleine transition pour devenir des sortes de « mémoires à contenu, » Facebook et WhatsApp (qui appartient désormais à Facebook) pourront bientôt vous bombarder d'informations sans importance en provenance de plateformes à clickbait étiquetées « médias. » De plus, les chatbots en question exhiberont probablement une personnalité conçue pour plaire à la génération Y. Lorsqu'ils feront leurs débuts sur Facebook messenger, le contenu sponsorisé sera exclu. Mais on se doute bien que cela ne sera que provisoire.

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Les marque-pages sont plus sexy que jamais.

L'activité d'utiliser des marque-pages est presque aussi vieille que l'Internet lui-même. Les plus vieux navigateurs permettaient déjà d'utiliser la combinaison de touches Command+D. Finalement, le cloud a fait son entrée et les marque-pages ont trouvé une nouvelle vie : leur utilisation est toujours pertinente parce que les gens adorent remettre la lecture de tel ou tel contenu à plus tard, puis mettre leurs marques-pages en sécurité dans un endroit où ils ne risquent pas de les perdre. Le système de marque-pages de Facebook était caractérisé par un si faible engagement que la fonction « Save for Later, » pourtant utilisée 250 millions de fois par mois, est enfouie au fin fond du site sans la moindre visibilité. Imaginez ce qu'elle pourrait devenir maintenant que Facebook autorisera les utilisateurs à ajouter un bouton « sauvegarder » directement sur leurs posts.

Vous pourrez bientôt partager des citations « propres. »

Nos feeds actuels sont souvent remplis de liens sortants annoncés par des extraits de texte tronqués, des captures d'écran floues, et des citations sans contexte. Facebook va changer tout cela grâce à une fonctionnalité qui paraît évidente, mais qui n'a pourtant jamais été utilisée jusque-là. Les éditeurs de contenu pourront ajouter un plugin qui donne à l'utilisateur la possibilité de partager rapidement un segment spécifique d'un article dans leur flux RSS. Les personnes les plus honnêtes de votre flux Facebook font déjà cela à la main afin de partager des extraits brillants de tel texte ou article trouvé sur le web, fournissant des citations exactes à la virgule près ainsi qu'un contexte. Mais à présent, l'affichage de ces citations sera, lui aussi, impeccable.

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La 3D, le livestreaming et la réalité virtuelle entrent en scène.

Le freebooting est une pratique sauvage qui consiste à obtenir d'avantage d'engagement sur les vidéos publiées sur Facebook. Jusqu'à présent, elle a été assez peu régulée. Il s'agit d'emprunter une vidéo virale sur Youtube et de l'uploader sur la page Facebook d'une ferme à contenu. Même s'il y a une violation des droits de propriété numérique, elle permet d'obtenir des millions de vues grâce à la fonction autoplay, boostant la valeur algorithmique de la page qui l'a publiée. Facebook désire donc développer une API dédiée au streaming vidéo qui permettra de privilégier le contenu original. Cela permettra en outre d'encourager les créateurs de contenu de qualité à uploader leurs vidéos sur Facebook, et pas ailleurs.

Enfin, Facebook semble avoir des projets en rapport avec la réalité virtuelle, contrairement aux autres médias web. En attendant qu'ils se concrétisent, la plateforme fera tout ce qui est en son pouvoir pour s'approprier tous les contenus en livestreaming vidéo, afin de devenir le média de référence dans ce domaine.

L'intelligence artificielle est la clé.

Après que le système d'hébergement d'articles sur Facebook a été lancé l'année dernière, une question est restée en suspens : qu'est-ce qui distingue désormais la plateforme d'un média web commun ? Il semble que le serpent se morde la queue. L'ambition de Facebook est d'analyser le comportement de ses utilisateurs et d'en retirer des informations utiles : c'est ce qui le distingue de l'agrégateur de contenu commun, et également ce qui lui a permis de devenir l'agrégateur d'informations le plus populaire au monde.

L'un des thèmes prépondérants du F8 était la création d'une intelligence artificielle capable de trier le contenu du feed des utilisateurs de manière pertinente. Que celle-ci prenne la forme d'un chatbot, d'un système d'algorithmes particulièrement efficace ou d'une application qui résume automatiquement les articles auxquels l'utilisateurs est abonné, la hiérarchisation et le tri des informations sur Facebook est ce qui détermine vraiment l'activité des éditeurs de contenu. Même si cela peut laisser sceptique, Facebook tentera peut-être de créer une bulle personnalisée pour chaque utilisateur, une bulle capable de refléter ses goûts et ses intérêts. L'intelligence artificielle qui permettra cela va soit segmenter davantage l'information, soit permettre aux utilisateurs de perdre moins de temps à lire des choses qui ne les intéressent pas vraiment. Difficile de déterminer si le futur nous offrira des médias ultra spécialisés ou un horizon uniforme de médias ultra généralistes tel qu'il commence à se former aujourd'hui.

Bientôt, vos appareils électroniques devraient héberger de moins en moins d'applications consacrées à l'information. Si les ambitions de Facebook se concrétisent, il devrait bientôt proposer aux médias autre chose que du reach : des services inédits qu'ils ne trouveraient pas ailleurs. Quand vous avez plus de 1,59 milliard d'utilisateurs actifs par mois, votre pouvoir est immense ; en quelque sorte, vous avez le pouvoir de définir ce qui important et ce qui est réel. Facebook ressemble de moins en moins à un réseau social, et de plus en plus à un outil d'accompagnement existentiel. Les médias savent bien cela, et n'hésiteront pas à saisir les opportunités qui s'offrent à eux.