Horst Festival 2022
Culture

Les coulisses du Horst Festival à travers le regard des bénévoles

« Je ne vis pas loin de Berlin et je ne m’attendais pas à découvrir une telle scène clubbing ici. J’ai le sentiment que la Belgique a une vie secrète super intéressante. »
Romain Vennekens
Brussels, BE

Ça y est, ce week-end, Horst remet ça. Trois jours pour célébrer la musique, l’art, les potes et le retour du printemps sur le site de l’ancienne base militaire de Vilvoorde. Chaque année, le site est investi par des scénographes, des artistes et des architectes pour faire vivre une expérience totale à celles et ceux qui viendront y danser ou s’y promener. Pour mener tout ça à bien, il y a les ateliers durant lesquels une centaine de jeunes âmes créatives viennent en immersion sur le terrain pour partager une expérience collective de création et d’apprentissage. Élaborés en partenariat avec la KU Leuven, ces ateliers sont un temps d’échange et de connexion dans lesquels chacun·e est amené·e à réfléchir, à proposer et à construire. 

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Pour savoir comment tout ça s’est déroulé cette année, on a demandé à quelques participant·es de nous partager leurs photos et leur expérience.

Le Quyen Nguyen (a participé à l’Exhibition lab)

Pour moi, tout était nouveau. Je vis à Berlin et c’était la première fois que je venais en Belgique. J’avais entendu parler du festival par Instagram et en voyant le line up et les photos, j’étais vraiment intriguée. Je voulais voir à quoi ça ressemblait en vrai. C’est pour ça que je me suis inscrite pour le workshop. 

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« Afterwork again. »

Au moment du départ, je me suis rendu compte qu’on nous avait demandé d’apporter une tente et de quoi dormir. Mais moi, je n’avais rien et j’ai débarqué ici avec seulement mon bagage à main. Heureusement, l’équipe de Horst a arrangé les choses et ils m’ont proposé de dormir dans une maison en carton. Quand ils m’ont parlé de cette possibilité, je n’y croyais pas et j’ai un peu halluciné. Mais c’était amusant de dormir dans cette tente. Et puis tout le monde campait et ça donnait à l’atelier des allures de colonie de vacances. On était comme une petite famille et il y avait une ambiance très communautaire. J’ai beaucoup aimé ça. 

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« Nos “chambres” ! Camping à Asiat. »

Les journées étaient bien organisées avec un horaire précis qui les structurait. Levé à 8h, déjeuner à 9h, lunch à midi,… Moi, j’étais dans l’équipe qui travaillait avec l’artiste Laure Prouvost. Elle est venue le premier jour pour nous expliquer ses idées et nous donner des directions. L’œuvre qu’elle a créé s’appelle The Act of Breathing. C’est une sorte de grande structure métallique sur laquelle on est venu accrocher des tissus et différents matériaux. Elle nous a aussi demandé de récolter des éléments sur le site, des branches, des plastiques, des choses en décomposition, et de les placer à l’intérieur de la structure. 

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« Laure Provoust nous briefait et nous parlait de son installation sur le site du festival. »

Pour moi, c’était vraiment bien de passer tout ce temps à l’extérieur alors que d’habitude, avec mon travail, je n’en ai pas l’occasion. C’était une expérience complètement différente de ma vie quotidienne dans laquelle j’ai appris à connaître plein de gens. Maintenant, je peux dire que j’ai des ami·es par ici et que j’ai une base pour revenir. On a vraiment vécu dans une petite bulle tou·tes ensemble, la bulle Horst.

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« François and Maartje en dessous de l’installation. »

Elena Tredici (a participé à Architecture Lab)

Il y a quelques mois, j’ai décidé de quitter mon job et d’enfin arrêter de passer dix heures devant un ordinateur à travailler pour quelqu’un d’autre. Quand j’ai vu que Horst cherchait des volontaires, j’ai foncé. En plus, en regardant les dates, j’ai vu que ça se passait la semaine de mon anniversaire. Je me suis dit que les choses étaient alignées, il fallait que je vienne. 

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« On monte l’énorme film plastique noir sur la structure à l’aide d’une grue. »

Je faisais partie de l‘Architecture lab, géré cette année par le studio milanais Salottobuono. Le projet était ambitieux : on devait travailler à partir d’une grande structure métallique construite par Rotor l’année passée. En dessous, on a construit une sorte d’escalier circulaire en bois. À la base, tout devait être fini en une semaine, mais on a vite réalisé que c’était pas possible, la scène était trop grande, il y avait beaucoup à faire. C’est là que j’ai décidé de rester. 

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« Vendredi soir, quelques-un·es d’entre nous sont resté·es sur le site d’Asiat. On a partagé des pizzas et passé la soirée autour du feu, immergé·es dans l’atmosphère magique de la Moon Ra, partageant nos impressions et de la bonne musique. »

Finalement, j’ai passé deux semaines sur le site et c’était vraiment super. J’ai pris conscience que ce qui importait ici, c’était d’oser se salir les mains, d’y aller à fond. J’ai rencontré plein de gens avec des vécus complètement différents, mais tou·tes uni·es par le même but, celui de construire ensemble quelque chose de spécial. Durant les repas, on partageait nos ressentis et c’était très précieux d’entendre les opinions et les histoires de chacun·e. Alors que j’étais venue ici par moi-même, je ne me suis jamais sentie seule. Le jour de mon anniversaire, les autres m’ont surpris avec une petite fête, quelques bières et une bouteille de Kidibul. C’était ce qu’ils avaient trouvé de mieux qui ressemblait à du champagne. On a trinqué tou·tes ensemble et ensuite, on est parti·es vers Bruxelles et on a fait la fête à Kiosk. Tout ça était complètement inattendu et c’était vraiment l’une des meilleures soirées d’anniversaire que j’ai eu.

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« Briefing avec les architectes Matteo Ghidoni et Alessandro Pasero de Salottobuono. »

Nursena Topcuoglu ( a participé à Scenography Lab )

On m’a parlé du festival alors que je faisais la file pour entrer au Berghain, à Berlin. Les gens devant nous venaient d’Amsterdam et on a commencé à discuter. On s’est fait refuser à l’entrée et on s’est mis à parler des lieux cools en Europe. C’est là qu’ils m’ont parlé de Horst. 

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« Cette image de la Rotunda stage a été prise durant les essais pour la lumière. C’est Zalan Szakacs et Raito Sceneography qui étaient responsables du design lumière du festival. On a essayé de voir ce que ça donnait avec la fumée. Le résultat n’était pas ce à quoi on s’attendait et on a alors discuté des possibles solutions. »

C’était complètement imprévu. Au début, je pensais juste venir au festival et puis j’ai vu qu’ils cherchaient des volontaires et j’ai appliqué. En participant à ce lab, j’ai pu toucher à tout. On a construit le bar, le lieu pour les repas, on a fait les tables,.. Je ne m’attendais pas à ce que le job soit aussi intense. Je savais qu’en tant que volontaire, on serait là pour aider bien sûr, mais je croyais que le « vrai » travail était fait par des professionnel·les. Et en fait pas du tout, tout le monde s’y met à fond, on construit tout, tou·tes ensemble. Il faut porter, grimper, assembler. C’est assez fatiguant, mais ça m’a permis de me sentir très responsable. 

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Les autres volontaires venaient de partout en Europe, et on s’est vite rendu compte qu’on avait tou·tes des intérêts communs. La plupart étaient architectes et aussi dj. On parlait de musique et d’art. Quand on travaillait, on passait chacun·e nos meilleurs morceaux et tout le monde shazamais. J’ai été très impressionnée par le perfectionnisme des gens ici. Rien n’est laissé au hasard, chaque détail est réfléchi.  

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« Notre coin camping, la nuit. »

J’ai aussi été surprise de découvrir tout ce qui se passe en Belgique. Je ne vis pas loin de Berlin et je ne m’attendais pas à découvrir une telle scène clubbing ici. J’ai le sentiment que la Belgique a une vie secrète super intéressante. Finalement, je suis vraiment heureuse de ne pas être entrée au Berghain puisque, grâce à ça, je me retrouve ici aujourd’hui. 

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Pauline Gouablin (a participé au catering) 

Je suis photographe et je fais souvent des photos culinaires, du coup je traîne pas mal dans des cuisines. Ici, c’est via Victoria, la personne en chef du catering, que j’ai entendu parler du festival. 

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« Victoria, Enata, Emile et Pauline. On dirait la cover de notre prochain EP. »

Être ici pendant une semaine, ça m’a fait énormément de bien. Je vis à Paris et c’est vraiment autre chose. Être dans un écosystème comme celui de Horst, c’était très valorisant. Tout est horizontal et ça faisait longtemps que je n’avais pas vu ça. C’était hyper joyeux, les gens étaient attentionnés, à l’écoute, autant dans l’équipe de Horst que dans les volontaires. Il y a vraiment quelque chose de très touchant et bienveillant, avec des diversités de profils assez géniales. C’est un brassage social et culturel. 

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« Tout se transforme, on réutilise certaines bases de recettes pour en créer d’autres. Zéro reste à la fin de la semaine ! »

Chaque jour, on devait cuisiner pour un groupe important, jusqu’à 60 personnes. Il fallait qu’une grande quantité de plats soient chauds à un moment très précis. Il fallait donc que ça soit fonctionnel tout en plaisant à tout le monde et en respectant certaines contraintes alimentaires. C’était un vrai défi. Mais c’était intéressant de voir ce qu’on peut créer dans la contrainte. 

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Ce qui est chouette quand tu bosses au catering, c’est qu’on avait notre endroit, un lieu à nous, et on a pu écouter des kilomètres de musique. On cuisinait en dansant. On choisissait le profil musical en fonction des moods et des plats qu’on faisait.

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« Enata prépare les différents dips. Elle a été renommée "seasoning master" ».

Rett Millman (a participé à la production)

Je me suis occupé de plein de choses très différentes, ça va de déplacer des toilettes à amener l’électricité aux différentes scènes, faire du jardinage sur le site, ou déplacer les éléments de scénographie. Je suis originaire de Perth, en Australie, où j’organise des événements. Alors j’essaie toujours d’avoir les yeux ouverts, de rester inspiré en allant voir ce qui se fait ailleurs. Lorsque j’ai découvert Horst sur les réseaux sociaux, j’étais directement super intéressé. 

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Je suis en stage avec eux pour le moment et je dois dire que c’est très agréable de bosser ici, très DIY également. Je ne m’attendais pas à ça. Ça reflète bien l’esprit du festival et de l’équipe qui l’organise, qui a les pieds sur terre, les gens sont pragmatiques. Tout le monde est sur la même longueur d’onde et sur un pied d’égalité. Je ne crois pas avoir déjà vu ça ailleurs. Chacun·e a son mot à dire, on réfléchit ensemble à ce qui pourrait fonctionner le mieux.  C’est quelque chose que j’aimerais garder en tête, quand j’organise des événements. Ça crée une ambiance particulière où tout le monde est heureux d’être là et est content de s’impliquer dans le projet. 

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« Il y avait cette femme qui venait se promener avec ses chèvres plusieurs fois par semaine. Parfois, elle venait avec sa famille, parfois elle était seule. Je trouvais ça tellement cool. Je n’avais jamais vu de chèvres domestiques comme ça, encore moins tenues en laisse et encore moins sur une ancienne base militaire ! »

Sinon, un truc qui m’a frappé ici, c’est la différence d’attitude envers la musique électronique qui fait vraiment partie de la vie ici. Par exemple, on a fait une soirée à Bruxelles et j’ai découvert Kiosk, ce bar dans le parc royal où jouent des djs et où on peut boire des bières. Juste en face, il y a le palais, cet énorme bâtiment qui appartient à la famille royale. J’imagine que c’est tout à fait normal pour les gens d’ici, mais pour moi, c’est complètement surprenant que ça cohabite de cette manière, je n’ai jamais vu ça en Australie.

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