FYI.

This story is over 5 years old.

Tech

Je n'aimerai jamais une autre console autant que la PlayStation 3

Les jeux sortis sur PS3 avaient beaucoup de défauts, mais ils avaient aussi quelque chose de spécial que je ne retrouverai sans doute jamais.

C'est bizarre et un peu consumériste de ressentir de l'attachement pour un objet inanimé, mais ma PlayStation 3 a fait un bon bout de chemin à mes côtés.

Quand elle est arrivée, elle m'a sauvé. Je venais d'avoir 18 ans et je vivais seul. Rétrospectivement, mes "problèmes" de l'époque étaient assez légers - l'école, des histoires de potes, une rupture - mais j'avais besoin d'un truc nouveau, alors j'ai fixé toutes mes pensées et mes espoirs sur GTA IV. Il devait sortir en avril de cette année-là et je l'avais précommandé ; du coup, quand j'allais mal, je me rappelais qu'il arrivait bientôt. "Ok, cette journée est à chier, mais bientôt je pourrai passer tout mon temps dans le jeu." Sauf qu'une semaine avant la sortie de GTA IV, ma PS3, celle que j'avais achetée quelques mois plus tôt, m'a lâché. Fatal hardware error. Pas de réparation possible. J'ai pété un plomb. Après toutes les merdes qui m'étaient tombées dessus, la seule chose qui me faisait avancer venait de disparaître. Alors j'ai fait ce que n'importe qui aurait fait à ma place : je me suis bourré la gueule, puis je suis allé sur un forum pour chrétiens pour leur expliquer à tous que Dieu n'existait pas, puisqu'il ne m'arrivait que des saloperies. J'étais adolescent. On a tous connu des moments difficiles.

Publicité

Le lendemain matin, une fois calmé, j'ai appelé Sony et ils ont été assez cools pour me proposer un échange. Ma console de remplacement est arrivée le même jour que GTA IV, et j'étais le mec le plus heureux du monde. C'est ainsi qu'a débuté ma relation avec cette console. Depuis, j'ai pris sept ans, j'ai été diplômé, j'ai déménagé, j'ai rencontré des gens, des filles, j'ai eu 10 jobs différents, j'ai fait plein de trucs en somme…

Des jeux de PS3 sur un lit. Étonnant, non ? (Si vous les identifiez tous, vous gagnez : rien.)

Lier mes expériences personnelles à une console, même après l'avoir possédée si longtemps, me semble étrange - la PS3 a toujours traîné dans un coin de ma chambre, et il y a eu pas mal de moments où me plonger dans un jeu m'a permis d'oublier certains trucs, mais ça ne suffit pas vraiment pour la qualifier d'"importante" sur le plan personnel. J'aurais bien du mal à expliquer exactement comment la PS3 m'a permis de surmonter des moments difficiles ou comment elle a changé ma vision des choses. Si je vous parle de l'époque où j'étais un ado colérique, c'est uniquement par contraste avec aujourd'hui - en 7 ans, ma relation avec ma console et avec les jeux vidéo en général est devenue beaucoup moins passionnelle. Je suis devenu plus vieux, plus intelligent, plus mûr. Pas les jeux vidéo. Sept ans après cette histoire, je peux affirmer que je ne serai plus jamais triste ou énervé à l'idée de ne pas pouvoir jouer à un nouveau GTA le jour de sa sortie.

Je repense aux premières fois où j'ai joué à Bioshock, Half-Life 2, Fallout 3, Assassin's Creed et des dizaines d'autres jeux, tous sortis sur PlayStation 3, et j'étais trop heureux. Puis je pense aux dernières fois où j'ai joué à ces jeux, aux conversations que j'ai maintenant avec mes amis et des journalistes spécialisés, et à toutes les choses que je déteste désormais dans les jeux vidéo - ainsi qu'aux choses que j'aimerais qu'ils fassent plus souvent.

Publicité

Étonnamment, les trucs que je préférais quand j'ai eu la PS3 sont ceux que je n'aime plus aujourd'hui - ou que j'aime moins, en tout cas. BioShock est cool, mais trop grandiloquent et nihiliste. Half-Life 2 est présenté comme une pure merveille, mais c'est quand même un jeu dans lequel on incarne un avatar muet qui bute des aliens et des zombies. Les Fallout sont obséquieux et remplis de trucs inutiles. Pareil pour les Assassin's Creed. Ce n'est pas que je sois moins intéressé par les jeux ou que je sois devenu aigri et blasé - ce sont tout de même les jeux auxquels j'ai joué sur PS3 qui m'ont donné envie de faire ce métier, donc ils ne m'ont pas transformé en connard cynique. Mais je ne suis plus aussi fan.

Si je n'aimerai jamais une autre console autant que la PS3, c'est parce qu'au fil du temps que j'ai passé dessus (et des jeux auxquels j'ai joué), j'ai appris à cesser d'être un fan - et donc, à devenir plus critique. Jouer à des jeux pendant sept ans m'a permis d'apprendre beaucoup. J'en sors grandi, mais ça m'a aussi et surtout appris à douter et à éviter certaines choses. En me retournant sur cette expérience, j'ai l'impression de descendre d'avion après un voyage pénible : "Je ne choisirai plus jamais cette compagnie."

Bien sûr, il y a eu de bons moments. Je trouve que c'est un jeu très naze, mais je me souviens avoir eu la larme à l'oeil au tout début de BioShock Infinite. La première fois que j'ai joué à far Cry 2, l'un des meilleurs jeux que je connaisse, c'était sur PS3, tout comme The Last of Us, plein de bonnes intentions, de même que L.A. Noire et Driver : San Francisco. Même si au final j'ai le sentiment que les jeux n'évoluent pas beaucoup, qu'ils restent puérils, ternes et débiles, la PlayStation 3 a tout de même été au coeur d'une période fascinante.

GTA IV est l'un des jeux les plus vendus sur PS3, mais c'est sa suite, GTA V, qui a battu tous les records.

Je l'ai déjà dit : les jeux sont une bizarrerie culturelle. Des millions de gens y jouent et ils génèrent une quantité de fric astronomique, mais ils sont très vulnérables. Tout le monde en parle de manière fébrile et inquisitrice en permanence, et pourtant c'est comme s'ils échappaient au moindre critère d'intelligence - malgré toute l'attention dont ils font l'objet, on leur pardonne tout, même leurs accès de débilité, de sexisme et de racisme, année après année. Ce phénomène existait déjà avant que j'achète une PS3, mais je ne l'ai remarqué qu'après. Je crois que je pourrais prendre n'importe quel jeu du catalogue de la console et y trouver un truc bizarre typique des jeux vidéo. Du coup, je trouve ça intéressant.

Et quand ma PS3 a fini par me lâcher au début du mois, je suis directement aller en racheter une. Ce qui signifie deux choses. Premièrement, que ce ne sont que des produits, et que vous pouvez en changer à n'importe quel moment, peu importe le temps que vous avez passé sur une machine particulière. Ensuite, qu'il y a encore beaucoup de choses sur cette qui valent le coup d'être explorées - et beaucoup de choses à apprendre.