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Les groupes terroristes utilisent désormais les drones de loisir comme des armes

"Ils ne feront peut-être pas des centaines de victimes, mais ils peuvent semer la terreur et la panique, ce qui est très inquiétant."

Lorsque l'on évoque les appareils de combat pilotés à distance, on pense spontanément aux drones Predator et Reaper de l'armée américaine, des appareils militaires conçus spécifiquement pour surveiller et tuer des cibles situées à des milliers de kilomètres. Mais des vidéos postées récemment sur YouTube, ainsi que des rapports de l'armée US, indiquent que les soldats et les civils situés dans des zones de guerre risquent bien de devoir désormais se méfier de drones apparemment inoffensifs et vendus dans le commerce, qui peuvent être transformés en armes mortelles.

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En Syrie, pays déchiré par la guerre depuis des années, des groupes de militants armés ont récemment commencé à piéger des drones (de type quadricoptères) avec des bombes de fortune pour les diriger ensuite sur des cibles, comme l'ont déclaré des officiers militaires à Associated Press. Ces drones minuscules sont généralement agaçants, mais inoffensifs. Mais une vidéo postée le mois dernier et montrant un drone appartenant visiblement à Jund al-Aqsa (une filiale d'al-Qaida) en train de larguer des bombes sur les forces armées syriennes dans la province d'Hama, en Syrie, indique que les choses sont en train de changer.

Dans une autre vidéo, montrant des images apparemment filmées par un drone appartenant au Hezbollah, on voit des bombes être larguées sur des cibles à proximité d'Alep, toujours en Syrie.

L'État islamique transforme lui aussi des drones commerciaux en armes de combat. Un officier américain a raconté cette semaine au New York Times qu'un drone "de la taille d'une maquette d'avion" avait explosé après avoir été abattu en Irak récemment. L'explosion a tué deux combattants kurdes, et l'officier rapporte que le drone contenait un explosif "déguisé en batterie." Le petit drone, dont on a d'abord pensé qu'il était semblable à tous ceux que l'État islamique utilise dans des missions de reconnaissance, a explosé après que les combattants l'ont rapporté à leur avant-poste pour l'inspecter. L'attaque a également blessé grièvement deux commandos

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Cet incident marque certainement la première fois que l'État islamique est parvenu à tuer des individus grâce à un drone équipé d'explosifs, et le Times rapporte que les commandants de l'armée américaine en Irak recommandent désormais aux forces alliées de se méfier de tous les petits appareils volants qui approcheraient.

Une vidéo postée sur YouTube montrant un drone armé du Hezbollah en Syrie. L'authenticité de ces vidéos n'est toujours pas garantie.

Jack Serle, un journaliste membre du projet Covert Drone War du Bureau of Investigative Journalism, a expliqué à Motherboard que, même si ces drones ne présentent pas la même menace que les armes conventionnelles lancées depuis des appareils militaires ou des drones de chasse tels que les Reapers et les Predators, leur capacité à semer la panique dans des zones peuplées par des civils est un problème majeur.

"Ce qui fait vraiment peur dans cette histoire de drones civils entre les mains de groupes armés non-gouvernementaux, c'est qu'ils peuvent très bien les utiliser dans des zones habitées, et particulièrement dans des lieux très fréquentés comme les centres commerciaux ou les stades, explique Serle par e-mail. Ils ne feront peut-être pas des centaines de victimes, mais ils peuvent semer la terreur et la panique, ce qui est inquiétant. L'idée que cela puisse se produire est présente dans les têtes des gens depuis déjà quelques années, et la technologie fait que cela devient une réalité."

Les troupes américaines stationnées en Irak et en Syrie ont elles aussi constaté une augmentation du nombre de drones commerciaux aperçus en vol, selon le Times. Et cela va évidemment de pair avec la nouvelle tactique de l'État islamique.

"En août, l'État islamique a appelé ses partisans à équiper de petits drones achetés dans le commerce avec des grenades ou des explosifs quelconques, et à les utiliser pour mener des attaques lors des Jeux Olympiques", rapporte le Times. Et si aucune attaque n'a finalement eu lieu au Brésil, le message envoyé par l'État islamique illustre bien la volonté de l'organisation terroriste d'élargir son arsenal.

Jack Serle explique à Motherboard que le problème vient aussi de la baisse du prix des drones commerciaux, qui par ailleurs sont de plus en plus sophistiqués. Et s'il existe des armes anti-aériennes - mais aussi désormais des armes plus spécifiquement anti-drones -, Serle estime qu'à mesure que les drones et ceux qui les pilotes deviennent meilleurs, "on peut imaginer une attaque avec un gros essaim de drones, qui serait très difficile à stopper."