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Interview

Le festival des Arcs se rêve en South by Southwest français

En mêlant cinéma, musique et nouvelles technologies, la petite sauterie savoyarde s'inspire du grand frère américain

Vous en connaissez, vous, des évènements culturels aussi conservateurs que les grands festivals de cinéma européen – Berlin, Venise, et bien sûr Cannes, lieu de retrouvailles des éternels Almodovar, Desplechin, Dolan, et autres frères Dardenne et Coen ? À mille lieues des symboles de vitalité artistique qu'ils prétendent être, ces scléroses vieillissantes ne cachent qu'à grand-peine leur incapacité à se renouveler.

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Au beau milieu de ce marasme, le festival de cinéma des Arcs – dont VICE est partenaire – passe pour l'élève timide, mais prometteur. Créé en 2009 par Guillaume Calop et Pierre-Emmanuel Fleurantin, ce rendez-vous annuel s'est enrichi d'un Music Village en 2014, et d'un InterActive Village dédié aux nouvelles technologies en 2015. Alors que la 7ème édition vient de se conclure en récompensant le film islandais Sparrows, on a voulu en savoir plus sur les envies et les projets de l'un de ses fondateurs.

TCP : Salut Pierre-Emmanuel. Tout d'abord, comment t'es venue l'idée de créer un festival de cinéma ici, aux Arcs ?

Pierre-Emmanuel Fleurantin : La raison majeure est assez simple, en fait. J'ai toujours voulu défendre une certaine idée du cinéma européen. On peut d'ailleurs établir un parallèle entre le festival des Arcs et celui de Sundance, qui défend le cinéma indépendant américain.

Avec Guillaume Calop, on a voulu mettre en place un événement qui laisse une large place aux professionnels, afin d'être connus rapidement au niveau mondial – ce qui est le cas aujourd'hui. Le festival des Arcs est l'un des trois premiers marchés en ce qui concerne les coproductions européennes. Et la reconnaissance de la critique n'a pas tardé : trois de nos films ont été présentés à Cannes en 2015, dont Le Fils de Saul, Grand Prix du Jury.

Derrière cet aspect professionnel, l'ouverture au public est un élément essentiel. C'est pour cette raison que nous alternons films d'auteur et films plus « grand public » – même si cette dichotomie est assez factice, comme le prouve le succès de nombreux films jugés « d'auteur », à l'image d'Ida.

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Et pourquoi avoir implanté ce festival au beau milieu de la Savoie ?

Tout simplement parce que j'y suis né. Auparavant, la vallée était intégralement dédiée au sport. L'offre culturelle était très pauvre. En invitant de nombreux élèves de différents collèges et lycées du coin, on a voulu changer cela.

En élargissant le festival à la musique et aux nouvelles technologies, t'inspires-tu directement de South by Southwest, la référence en la matière ?

Selon moi, c'est le festival par excellence – bien qu'il soit surtout orienté vers la musique, tandis que le festival des Arcs est avant tout dédié au cinéma.

J'ai été à South by Southwest il y a trois ans, et il m'a paru évident que cet événement représente le futur, tout simplement. Mon envie de mêler nouvelles technologies, musique et cinéma vient en partie de là.

Quelles relations peut-on établir entre ces différents « arts » ?  

Pour comprendre cela, il faut repartir du cinéma. Dans ce milieu-là, la vision et l'expérience partagées par de nombreux comédiens, réalisateurs, professionnels de l'image, etc., est incroyable. Il faut fournir à ces gens-là des technologies innovantes et les inciter à expérimenter.

Ces échanges permettront d'inventer la grammaire de demain. L'important est de savoir se servir de ces nouvelles technologies – qui sont du domaine de l'immersion, et non plus de la simple représentation.

Dans le domaine du documentaire par exemple, on peut citer le potentiel de «  HYPERLINK "http://thecreatorsproject.vice.com/fr/blog/la-realite-virtuelle-peut-vous-faire-changer-de-sexe"The machine to be another », qui permet à son utilisateur de changer de sexe grâce à la réalité virtuelle. La capacité d'un être humain à accepter un tel chamboulement est incroyable, et cela laisse entrapercevoir les potentialités de telles technologies.

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Pour finir, comment peux-tu expliquer que le « champ » cinématographique le plus en avance en ce qui concerne ces nouvelles technologies est sans aucun doute la pornographie ? 

Je suis persuadé que le porno est toujours le pionnier. À mes yeux, c'est bon signe : là où le monde du porno va, le potentiel est immense.

Ces technologies sont hyper prometteuses, excitantes, mais aussi problématiques au niveau moral – il ne faut pas oublier que de nombreux outils de réalité virtuelle ont un petit côté eXistenZ. À nous de bien savoir les manier.

Merci Pierre-Emmanuel. Pour plus d'informartion, rendez-vous sur le site du festival.