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​Le joueur de Ligue 1 VICE Sports du weekend : Ronny Rodelin

L'Angel Di Maria de Saint-Denis de La Réunion prouve journée après journée qu'il n'est peut-être pas une arnaque, finalement.

La carrière de Ronny Rodelin s'est-elle construite sur un malentendu ? Le Réunionnais doit-il ses sept ou huit années de carrière en pro à un alignement de Saturne et Pluton qui a fait que son mois de novembre 2010 lui a valu les honneurs d'être nommé joueur du mois de Ligue 2 ? C'était lors de sa période nantaise, et les années qui ont suivi, il semblait que Hot-Rod/Ronny-la-Malice capitalisait sur ce trophée pour justifier ses émoluments mensuels au LOSC.

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Car, à la fin de cette saison 2010-2011, qui le voit marquer cinq buts en quinze matches, Lille se dit que le grand Ronny pourrait bien faire l'affaire pour préparer le départ d'Eden Hazard. Seulement, voilà, l'échalas nonchalant ne convaincra jamais les Lillois de son talent. Pis, il ne fera sortir le public lillois de sa torpeur habituelle que pour se faire vanner. Ainsi, Rodelin sera l'un des rares joueurs du championnat à avoir une chanson à son nom : « C'est notre meilleur joueur, Ronny Rodelin ». C'était une bonne vanne au début, c'était un peu lourd ensuite, et c'est carrément devenu une prophétie, finalement.

L'été dernier, le LOSC pensait peut-être gagner au change en montant cet échange improbable de footballeurs approximatifs aux noms à coucher dehors : Lenny Nangis contre Ronny Rodelin. Et puis, finalement, Ronny Rodelin, la cellule dormante du foot français, s'est réveillé du côté de Malherbe. Avec Julien Féret et Andy Delort, ils forment ce qui se rapproche le plus en Ligue 1 d'une attaque tricéphale à la barcelonaise. La RDF, MSN malherbiste, a encore fait des siennes ce week-end à Montpellier.

Menés 1-0, les Caennais ont vu Ronny décocher une demi-volée parfaite à la 40e minute. C'est pas la première que met Rodelin : il s'est fait une réputation de volleyeur récidiviste. C'est toujours la même rengaine : une grosse dose de nonchalance pour reprendre des ballons qui pourraient tout aussi bien atterrir sur le toit du stade Michel-d'Ornano. Son premier but en Ligue 1, c'était déjà une demi-volée. Quand on entendait parler de lui pendant son exil forcé à Mouscron en fin de saison 2014-2015, c'était aussi à cause de ses volées. Même quand il jouait en CFA, il plantait des volées.

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Le plus étonnant dans la réussite de Ronny Rodelin à Caen reste le fait qu'il partage l'attaque avec un mec qui lui a quand même mis un poing dans la gueule quelques années auparavant. Avant de signer au LOSC, l'un des seuls faits d'armes de Rodelin était en effet d'avoir été la plus grosse vicos de la Ligue 2. Pendant une bagarre qui avait éclaté au cours d'un Nantes-Ajaccio, Rodelin s'était pris une bonne mandale d'Andy Delort, alors remplaçant à l'ACA. Le Réunionnais n'avait lui levé la main sur personne, étant juste coupable d'une petite poussette de cour d'école. Mais le Nantais d'alors s'était quand même pris un match de suspension. Delort s'était lui mangé quatre matches.

Ronny Rodelin, c'est quoi finalement ? C'est déjà un nom, mais c'est surtout un physique. Un grand maigre aux épaules carrées et une gueule qu'on peut difficilement imaginer sur la pochette de FIFA 17. C'est sûrement ce qui lui porte préjudice : cette allure qui oscille entre la plus pure des nonchalances et l'élégance racée que peuvent avoir ces joueurs fins de plus d'1,90m pas mauvais au niveau toucher de balle.

Cette saison, Rodelin révèle enfin tout son potentiel et c'était pas trop tôt : Ronny va sur ses 27 ans. Pendant ce temps-là, son pote réunionnais de l'époque lilloise, Dimitri Payet, démonte les reins d'Otamendi et Kévin de Bruyne a lui tout seul de l'autre côté de la Manche. Et lui aussi a une chanson à son nom, mais sans aucune ironie dans les paroles.

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Il paraît loin, désormais, le temps du duo créole du stade Pierre-Mauroy. Et c'est peut-être pas plus mal : Ronny s'est émancipé et ressemble aujourd'hui plus que jamais à un vrai joueur de foot. 5 buts en 18 matches. Parce qu'on s'est souvent posé la question : combien de temps tiendra la mascarade ? Quand arrivera-t-il, ce moment où on découvrira qu'un basketteur de Pro B évolue undercover depuis cinq saisons en Ligue 1 ? Quand se rendra-t-on compte qu'un jour Rudi Garcia, bourré, a fait rentrer la mascotte du LOSC pour déconner, et que depuis il est titulaire à tous les matches ?

Non, Ronny a sa place en Ligue 1, et elle est sur le flanc droit de l'une des équipes les plus joueuses du moment. C'est pour cela, pour la grinta malherbiste et pour nous prouver journée après journée qu'il n'est pas la plus grande arnaque que la Ligue 1 ait connue depuis Divock Origi, que Ronny Rodelin est le joueur VICE Sports du week-end.