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LE NUMÉRO MORTS DE RIRE

Dans les coulisses avec Johnny Knoxville

Vice : Deux ans se sont écoulés depuis Jackass 2. Ça fait longtemps que vous pensiez faire le 3 ? Ou c’était juste un projet très vague ? Johnny Knoxville : C’était pas sûr. Tout le monde, tous les mecs...

Vice : Deux ans se sont écoulés depuis Jackass 2. Ça fait longtemps que vous pensiez faire le 3 ? Ou c’était juste un projet très vague ?

Johnny Knoxville :

C’était pas sûr. Tout le monde, tous les mecs voulaient faire une suite sauf moi. Je ne pensais pas que c’était une bonne idée ou que j’avais envie de le faire.

À la fin d’un tournage de Jackass, j’imagine que tu dois être épuisé. Tu mets du temps à récupérer, non ?

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Ouais mais ça n’influe en rien sur mon envie d’en refaire un ou pas. Je ne sais pas comment ça se déclenche. Ça commence par un truc au fond de moi, un truc profond. Je me mets à mater plein de

Tom & Jerry

et de Buster Keaton, je griffonne des trucs et je me dis « putain », je veux que les gars soient là tout de suite et qu’on se mette à tourner. Heureusement, quand j’ai ressenti ça pour le 3, tous les gars étaient partants. Vraiment partants.

Prêts à y aller quoi.

Ouais,

vraiment

prêts.

C’est marrant que tu parles de Buster Keaton parce que j’allais te demander si tu avais déjà réfléchi à la place qu’occupe Jackass dans l’histoire du comique. La filiation remonte au vaudeville, non ?

J’adore le burlesque et les dessins animés et tous les trucs qu’ils osent faire, et nous on essaye de faire pareil. Je ne pense jamais à la place que

Jackass

tient dans l’histoire. Là maintenant, il me semble qu’il y a effectivement une filiation avec les grandes stars burlesques, comme Keaton et

Tom & Jerry

. Tom et Jerry, ce sont vraiment mes héros.

C’est génial de s’inspirer de dessins animés pour faire des gags dans la vie réelle.

Dans

Jackass 2

, le moment où j’ai les yeux bandés et où je me fais emboutir par un yak, ça vient tout droit d’un

Tom et Jerry.

Tom se fait bander les yeux et un taureau lui fonce dessus.

Classique.

Et je ne crois pas avoir vu ça dans un dessin animé mais cette main géante qui fait le

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high five

dans le

La main géante pleine de poudre qui se fait Bam.

Elle sort tout droit d’un dessin animé. Mais je ne crois pas l’avoir vue ailleurs. Je me suis juste dit que ça serait marrant de taper quelqu’un avec une main énorme.

Et c’est vraiment marrant.

Merci. [

rires

]

Qu’est-ce qui te donne l’idée des scènes ? Vous vous réunissez avec les autres ?

Il arrive que Jeff [

ndlr : Tremaine, le co-créateur et réalisateur de

Jackass] s’asseye avec moi dans un bureau pour penser à des trucs. Mais les trois-quarts de mes idées, je les ai quand je me réveille avant mon fils. C’est ce qui s’est passé pour le 3. Je me réveille quelques heures avant lui et je regarde des dessins animés, je cherche une photo marrante sur Internet. Et après je me dis : « Tiens, je pourrais faire ça. » Par exemple, une fois je surfais sur Internet et je trouve la photo d’un artiste chinois qui se peint le corps pour se mettre dans des tableaux.

Ah ouais, le mec qui peint son corps pour que ça aille avec une peinture.

Ouais, j’ai trouvé ça super. Je me suis dit que c’était une bonne piste pour

Jackass

. Je me suis dit : « Bon, est-ce que je ne pourrais pas faire semblant d’être peint et que ça soit marrant ? » C’est comme ça que j’ai eu l’idée d’apparaître comme une peinture dans une arène.

La photo où tu es à moitié un arc-en-ciel, à moitié un arbre… Je me demandais où elle avait été prise, parce que tu as les pieds dans la boue. C’est dans une arène en fait ?

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Ouais. Je suis dans l’arène, peint dans l’arrière-plan, juste avant qu’ils libèrent le taureau. Genre deux minutes avant. Les taureaux ne voient pas la couleur. Tout le monde dit qu’ils détestent le rouge mais ce n’est pas vrai. Ce qui les attire c’est le mouvement. L’idée, c’était donc que je me tienne immobile et que je bouge quand il se rapproche de moi. On pensait faire ça. Mais le taureau est passé à côté de moi plusieurs fois d’affilée. Il fonçait sur moi, je bougeais et puis il me refonçait dessus et s’éloignait sur le bord de la peinture. Et puis la troisième fois il est passé derrière le mur et moi je ne le voyais pas. J’ai demandé s’il était près de moi, et à ce moment-là j’ai vu sa tête dépasser à l’angle genre : « Je suis là, je suis tout près ! » Quel débile. Là, il m’a forcé à me barrer.

À quoi tu penses dans ce genre de moment ? Pas à la position de la caméra, j’imagine.

Ouais non, je m’en fous. On l’a tellement fait que j’y pense plus. Je sais que Jeff et Dimitry [

ndlr : Elyashkevich, qui filme et produit

Jackass

depuis un bout de temps

] s’occupent de tout ça. On a une grosse installation et plein de mecs qui filment en HD. Bon c’est moi qui vais m’en prendre plein la gueule, mais quelqu’un va le filmer.

Ouais.

Donc je ne pense pas aux caméras dans ces moments-là. Avec un taureau, tu ne sais jamais ce qui peut se passer. S’il s’en prend à moi quand je suis par terre, il peut me fracasser le crâne. Mais on tourne avec Gary Leffew qui était un champion du monde de rodéo dans les années 1970. C’est lui qui fournit les taureaux. Il a les meilleurs toreros et les meilleurs taureaux – les plus méchants, en d’autres termes. Je sais que si je tombe, les toreros qui sont là vont m’aider.

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Ce que j’aime bien, c’est que vous fassiez intervenir des experts pour que ça soit plus authentique.

Gary Leffew a apporté tout un état d’esprit. Il est très positif. Pour lui, quand on travaille avec des taureaux il faut être positif : quand on se montre négatif quelqu’un finit toujours par être blessé, gravement blessé selon lui. S’il arrive sur un plateau et que quelqu’un se montre négatif, il ne fera pas long feu. On est d’accord avec lui sur ce point. L’équipe a même adopté l’idée les jours où Gary n’était pas là. Quand on fait un gag et qu’il y a une mauvaise ambiance, on laisse tomber. Genre : « OK, on refait ça un autre jour ou on laisse tomber. »

C’est plutôt une bonne idée. Qu’est-ce que tu entends exactement par « mauvaise ambiance » ? Quelqu’un qui a peur ou qui fait chier ?

Oui. On tournait cette scène où on devait descendre une grosse pente sur Mammoth Mountain en Californie. C’est plus raide qu’un saut à skis pendant les Jeux olympiques. On allait descendre ça dans un truc gonflable pour enfant. Une maison gonflable… tu vois le truc ?

Un château gonflable ? Putain.

On se préparait et on a appris qu’un mec qui était sur la même montagne et qui n’avait rien à voir avec le tournage était mort sur les pentes le même jour. C’était un très, très mauvais signe. Les pionniers de l’expédition Donner sont aussi morts sur cette montagne, à l’époque. On a laissé tomber.

Il y a aussi sûrement beaucoup d’Indiens qui ont été ensevelis là-bas.

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Oui. Et ça faisait déjà deux signes flippants. Et puis un des membres de l’équipe, je ne sais plus qui, a vu qu’il y avait un groupe électro­gène d’une soixantaine de kilos qu’il allait falloir tirer et nous a dit : « Je pense que c’est foutu. On ne devrait pas le faire. » L’idée s’est répandue et on n’a pas fait le gag. Mais si tout le monde est chaud pour faire un truc, alors on y va.

Là, je regarde une photo de toi avec un bol plein de godes…

Est-ce que je suis en train de sourire ?

Ouais, tu souris avec un air débile.

C’était pour clôturer le film. On a filmé le début et la fin sur de la pellicule, ça donne des séquences style grandeur hollywoodienne. Jackass est tout sauf hollywoodien. C’est fait à l’arrache. Mais le début et la fin de nos films sont toujours super léchés. Donc, pour le nouveau film, pour la dernière prise de la dernière séquence, tout le monde se reçoit des trucs qui explosent. Spike [

ndlr : Jonze, le co-créateur et réalisateur de

Jackass], Jeff et moi, on était tous assis là genre : « Qu’est-ce qui pourrait bien exploser sur ma tronche ? » Et j’ai juste sorti au hasard : « Et si un bol rempli de godes m’explosait à la gueule, tiens ? » Je plaisantais mais Spike a dit : « C’est une super idée ! »

On a aussi la photo de cette scène prise par Spike Jonze.

Sur cette photo, le bol de bites vient juste d’exploser, mais Spike et Jeff – en fait, j’en veux surtout à Spike – avaient un canon à air rempli de godes dirigé sur moi. Mais il a visé avec la machine si haut que – et je ne m’en suis rendu compte qu’une semaine après – ça a pété l’une de mes dents du haut.

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C’est ce que j’allais dire, tu peux te casser une dent avec ces engins-là.

J’ai dû aller chez le dentiste : « Que vous est-il arrivé, monsieur ? » Je me suis entendu répondre qu’un bol rempli de godemichés m’avait explosé au visage. C’était pas une vraie dent mais un implant, avec une couronne dessus. L’implant avait été posé six mois avant et ils avaient finalement mis une couronne en plus, et une semaine après Spike fait exploser toute ma mâchoire avec un bol de bites.

Et cette photo qui à l’air d’être un, hum, plaquage ?

Le gars gigantesque qui est sur moi, c’est Jared Allen des Minnesota Vikings.

Ah, OK ! Bien sûr.

Je voulais rattraper une passe en courant au milieu du terrain et avoir un joueur de la NFL qui me percute au moment où je me déploie dans les airs. Jared Allen, quand on l’a rencontré, était juste le mec parfait pour ça. Il est drôle et en plus ce type est un vrai bourrin. Il te frappe violemment. Il a un super sens de l’humour par rapport à ça, mais il est pas complètement décomplexé vu que quand il est arrivé je lui ai dit : « On y va à fond aujourd’hui. Je veux que tu me fumes. » Et lui était là : « Ouais, pas de problème. » Mais juste quand on s’apprête à le faire, il me dit : « Mec, je suis plus sûr, là. Je pense que j’ai été élevé mieux que ça. » Mais il s’est marré après avoir dit ça, parce qu’il savait qu’il allait quand même le faire – et il a poussé le vice en me menaçant verbalement après coup.

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Donc est-ce qu’il s’y est pris gentiment pour les deux premières fois ? Ou est-ce qu’il t’a directement défoncé ?

Il n’y est pas allé mollo du tout. Tu sais, on l’a fait trois fois à travers le milieu du terrain. Les deux premiers coups étaient vraiment violents, mais ils n’étaient pas géniaux à l’image. La troisième fois, il m’a frappé tellement fort que je suis sorti du cadre.

Oh, merde ! C’est ce que tu voulais, j’imagine.

Ouais. Et ensuite, il me dit : « Mec, tu sais que je suis un ailier ­défensif, le tacle c’est ma spécialité. Tu veux que je t’attaque par surprise ? » Et je lui réponds : « Euh, si tu veux… » Je suis resté en arrière pour faire la passe et il m’a lobotomisé encore une fois. Il a enfoncé mon casque si profondément dans le sol que j’avais à peu près cinq ou dix centimètres de gazon coincé dedans quand je me suis relevé.

Quand un mec comme lui te rentre dedans, est-ce que c’est comme avoir un accident de voiture ? Ou alors est-ce que tu es à peu près conscient tout le temps ?

Pour les deux premiers j’étais conscient. Le troisième coup ne m’a pas détruit, mais je valsais un peu. Ça ne m’a pas bloqué la respiration, contrairement au deuxième coup où mon sternum a disons, je ne sais pas comment tu pourrais appeler ça… Enfin, il dépassait. Il a fallu quelques semaines pour que ça disparaisse. Mais tout s’est bien passé parce que Jared était bon esprit. Au final, on s’est bien éclatés. J’adore ce mec.

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Je suis en train de regarder une photo de Steve-O qui tient une trompette et porte un uniforme de type fanfare sudiste et qui, accessoirement, se fait latter les couilles par un bélier.

Ce passage est vraiment génial. Je voulais vérifier si la musique pouvait calmer cette bête sauvage. Alors Ryan Dunn et Steve-O ont sauté là-dedans avec le bélier pour, tu vois, voir si ça marcherait. Et Dieu merci, ça n’a pas fonctionné. J’avais écrit ça pour moi, mais vu que la séquence Jared Allen était programmée pour le jour suivant, je ne voulais pas me retrouver avec une entorse à la cheville ou un genou pété ou quoi que ce soit et ne pas être capable de tourner la scène. Du coup, j’ai lâché l’affaire.

Est-ce que c’est difficile de trouver un dresseur d’animaux qui sait comment obtenir d’un bélier qu’il te fonce dessus ?

Eh bien, on connaît pas mal de dresseurs donc selon l’animal choisi, on sait qui appeler. « Allo, on a besoin d’un bélier. Mais un putain de bélier vraiment vénère. T’en as un sous la main ? »

Maintenant, sur cette photo, j’ignore ce qui se passe mais ça a l’air de pouvoir vraiment mal finir. C’est Steve-O et on dirait qu’il s’apprête à boire un truc vraiment dégueu.

Ah ouais. C’était même pire que dégueu. C’était le Cocktail du Survêtement. On a mis Preston Lacy dans une pièce surchauffée pour qu’il s’exerce sur un tapis de course. On a raclé sa sueur et on l’a ­versée dans un pot. Puis on a aussi essoré la sueur de ses tee-shirts. J’ai demandé à ce que la pièce soit peinte en rouge parce que Lance Bangs [

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ndlr : le caméraman de

Jackass] n’aime pas le rouge. Ça le rend fou, ça le désoriente. On n’a pas pu en faire un truc précis dans le film parce que ça aurait pris trop de temps à expliquer.

C’est hilarant.

On sortira un DVD à Noël avec tous les trucs qu’on aime mais qu’on n’a pas pu mettre dans le 3. On s’expliquera plus dans le 3,5.

La photo finale, on dirait que ça parodie ces vieilles pubs Maxell des années 1980, où le gars a les cheveux complètement plaqués en arrière sous l’effet de sa stéréo.

C’est Ryan Dunn. On avait à disposition un moteur à réaction et on était en train de réfléchir à des idées de mise en scène avec l’avion. La pub Maxell nous est venue à l’esprit et du coup, on l’a parodiée.

Est-ce que tu te rends sur les tournages même quand tu n’es pas dans les gags ?

Oui, je suis sur chaque tournage. Ça m’amuse. Sur le premier film j’étais tout le temps ailleurs, en train de faire la fête. Ils ne pouvaient jamais me trouver. Mais pour les deuxième et troisième volets, j’étais là tous les jours.

Fais-tu autant la teuf que par le passé ?

Disons que je suis présent pour le boulot la journée et ensuite le soir, je vais au bistrot. Je regrette vraiment de ne pas avoir été là tous les jours sur le premier film. Maintenant je ne veux plus en perdre une miette. J’adore ça.