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Brûle en enfer, Fred Phelps

Le fondateur de l'Église baptiste de Westboro est décédé avant-hier.

Illustration : Victoria Sin

Avant-hier, Fred Phelps, le fondateur de l'Église baptiste de Westboro et du site « Dieu hait les pédés » est décédé. L’Amérique est en deuil. Les drapeaux arc-en-ciel sont en berne. Vous n’imaginez même pas à quel point les Américains sont affectés par sa mort. Qui va pisser sur la tombe des soldats tombés au combat, maintenant ?

C’est un peu triste, mais ce type a passé les derniers jours de sa vie seul, excommunié de sa propre église et exilé d’environ 99,9% de l’espèce humaine. Vous pouvez avoir pitié de sa colère sinistre et injustifiée, mais rappelez-vous de lui tel qu'il était : un psychopathe sadique qui détruisait la vie des autres sur son passage. Mais sachez qu’il n’aurait sans doute pas voulu de votre pitié – en atteste la liste de ses plus hauts faits d’armes :

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Il a massacré un berger allemand avec son fusil de chasse
Voici une citation de son fils, Mark Phelps : « Un des premiers trucs dont je me souvienne, c’est le gros berger allemand qui appartenait à nos voisins. Un jour, il s’est aventuré dans notre jardin et mon père l’a explosé avec son fusil de chasse. »

Il a exploité la discrimination raciale
Avant que Fred Phelps ne devienne le mal incarné, c’était un avocat très respecté. Phelps était considéré comme un homme éloquent et déterminé – des qualités qui se sont avérés utiles lorsqu’il est devenu révérend. Phelps Chartered Law, le cabinet d’avocats qui porte toujours son nom, possède un bureau dans le centre-ville de Topeka, dans l’État du Kansas.

« J’ai été élevé dans le Mississipi. Je trouvais que les Noirs étaient mal traités là-bas. Mon instinct me disait que ce n’était pas ce que Dieu voulait » s’est-il rappelé – quelques décennies plus tard, sa congrégation manifestait à l’enterrement d’un adolescent assassiné.

À l’époque, Phelps s’occupait des affaires dont personne ne voulait. Dans le Topeka des années 1960, les Noirs qui souhaitaient poursuivre leur employeur pour licenciement abusif étaient fréquemment renvoyés vers Fred Phelps. Il était tellement doué qu’il a gagné des prix de la NAACP pour son combat contre la discrimination raciale.

« Il se faisait une fortune » a déclaré Joe Douglas Jr., militant noir et capitaine des pompiers de Topeka. « Tous les gens du milieu jalousaient son succès. S’il existait une discrimination envers les martiens, il les aurait défendus. Pour lui, c’était le bon filon. »

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Il a dissimulé son côté démoniaque pendant des années
La plupart de ses anciens clients étaient sidérés de voir que Phelps était devenu l’homme le plus détesté de toute l’Amérique. « Je le vois tel qu’il est maintenant, je l’entends cracher son venin, s’est étonné Joe Douglas. Dans les années 1960, si vous m’aviez dit qu’il ferait de telles choses, je ne vous aurais pas cru. »

C’était un putain de camé hypocrite
Dans les années 1960, Fred Phelps était un toxicomane refoulé qui prenait des amphétamines (sous ordonnance) pour se motiver, et des barbituriques pour se calmer le soir. Forcément, son corps n’a pas tenu le choc. Un jour, il ne s’est pas réveillé. Il a été transporté à l’hôpital pour se faire soigner pendant une semaine. C’était en 1968. Sa femme a dû dire à ses enfants qu’il souffrait d'une réaction allergique.

Il était capable de ne rien manger
Après son séjour à l’hôpital, Phelps s’est lancé dans un régime quasi-suicidaire en ne buvant que de l’eau pendant 47 jours. Son poids a chuté de 100 à 54 kilos.

Il a célébré la mort de la petite amie de son fils
En 1970, la jeune Debbie Valgos a eu la malchance de tomber amoureuse de Fred Phelps Jr. Le couple a tenté de fuguer, mais Fred Sr. les a pris sur le fait. Quelques temps après, Debbie a finalement eu  le droit de se rendre aux messes de Westboro en compagnie de Fred Jr. À chaque messe, Phelps la traitait de « pute ». Elle a fini par déménager et perdre la raison. En 1972, elle était morte d’une overdose de speed, après avoir pris de nombreux barbituriques. Elle n’avait que 17 ans.

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Mark Phelps : « Je me rappelle du jour où sa mort a été annoncée dans les journaux. Je revenais de l’école, et j’ai vu mon père danser en descendant les escaliers. Il tapait dans ses mains en chantant : « La pute est morte ! La pute est morte ! » Il s’est mis à parader dans la maison, en riant comme un dégénéré : « La pute est morte ! »

En 1994, Fred a affirmé que le nom Debbie Valgos ne lui disait rien.

Il pratiquait le slut-shaming   
C’est en 1977 que Fred Phelps s’est définitivement transformé en sombre enfoiré. Tout est parti d’un procès inutile. Une sténographe n’avait pas réussi à lui rendre le transcript d’une de ses affaires à temps. Du coup, Phelps l’a traînée en justice pour qu’elle paie les frais de l’affaire qu’il avait perdue – 2000 dollars, plus 20 000 en dommages et intérêts punitifs.

La jeune femme, Carolene Brady, a dû se rendre au tribunal pendant trois jours entiers. Phelps l’a notamment traitée de « témoin hostile », en faisant tout ce qui était en son pouvoir pour l’humilier – allant jusqu’à appeler ses anciens petits amis et l’insulter de « salope ». Quand il a perdu le procès, il a immédiatement fait appel. Mais à ce stade, les autorités du district l’avaient repéré. Quand il a falsifié certains témoignages pour la suite du procès, ils avaient suffisamment de preuves pour l’arrêter. Il a été rayé du tableau de l’ordre des avocats pendant deux ans.

Il a traîné le magasin Sears en justice (pour rien)
En 1974, Phelps était enclin à coller des procès toutes les sept minutes. Quand il a découvert que la télé que ses fils avaient acheté en différé n’était pas disponible le jour du dernier paiement, il a lancé un procès à 50 millions de dollars contre l’entreprise, pour tous les gens qui n’avaient pas reçu leur télévision/machine à laver/pistolet d’abattage à temps.

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Mais comme nous sommes en Amérique, cette histoire a duré six ans et coûté des centaines de milliers de dollars. Finalement, Phelps a gagné 126 dollars et n’a jamais obtenu la télévision qu’il convoitait.

Il a également porté plainte contre le président Reagan et le pape
Dans les années 1980, ses procès sont devenus de plus en plus abstraits. Il a décidé de poursuivre le gouvernement pour avoir assigné un ambassadeur au Vatican, estimant que cette décision violait la limite entre l’Église et l’État. Il a perdu.

Il s’est fait internationalement connaître quand son église a manifesté à l’enterrement de Matthew Shephard, un adolescent assassiné pour son homosexualité
Et « depuis, Fred Phelps souhaite inaugurer une stèle de 2 mètres de haut qui porterait une photo du jeune gay assassiné avec l’inscription Matthew Shepard est entré en enfer le 12 octobre 1998 pour avoir défié la loi de Dieu ».

Il n’a jamais cessé de frapper ses enfants
Il battait régulièrement ses enfants, mais à notre connaissance, il n’est jamais allé aussi loin que la fois où il a failli tuer son propre fils. Nate et Mark avaient commis l’erreur fatale d’acheter des illuminations de Noël. Fred ne voulait pas fêter Noël – sans doute parce qu’il considérait cette célébration comme un blasphème réservé aux sodomites. Pour punir Nate, Fred l’a frappé plus de 200 fois avec le manche de son herminette. Mark s’est également fait battre par séries de 20 coups. Plus tard, il a déclaré qu’il espérait « s’évanouir ou mourir… tout ce qui aurait pu arrêter cette douleur. »

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Apparemment, une de ses méthodes favorites était d'attraper ses gosses par les mains et de les tirer, avant de leur planter son genou dans l’entrejambe tout en se marrant
D’ailleurs, il leur faisait subir la même pratique quand ils sont devenus des adolescents sexuellement développés. C’est un peu chelou, Fred.

Il a exploité ses propres enfants
Phelps remuait tranquillement des morceaux de chocolat fondu, quand il a eu une brillante idée : ses enfants pourraient tenter de vendre les restes de ce chocolat de mauvaise qualité dans le quartier. Ses gosses étaient ravis à l’idée de pouvoir sortir de la maison. Mais ils étaient loin de réaliser qu’ils se retrouveraient à écumer les rues de Topeka toute la semaine pour vendre des quantités industrielles de friandises au porte-à-porte.

Pendant les week-ends et les vacances d’été, ils devaient se rendre – de 5h du matin à 22h – dans des villes aussi éloignées que Omaha, St. Joseph, Missouri ou Kansas City. Leur mère était chargée de les accompagner à la gare pendant que Fred se la coulait douce. À force de traîner dans la rue, ses enfants ont vécu des histoires assez bizarres — quand il était adolescent, Jonathan Phelps s’est fait pourchasser et gifler par un travesti armé.

Au moins, les journalistes de Runner's World l’aimaient bien
Phelps forçait sa famille à suivre des programmes sportifs particulièrement physiques – sans doute pour les contrôler un peu plus, ou pour les préparer à survivre à n’importe quelle apocalypse. Comme avec à peu près tout ce qu’il a entrepris, il s’en est sorti à merveille. Il s’est même retrouvé dans plusieurs magazines fitness. Un jour, il a lu quelques lignes élogieuses sur « les vertus de l’aérobic » à l’arrière d’une boîte de céréales. Ça l’a naturellement poussé à forcer sa famille – y compris son fils cadet, âgé de cinq ans – à courir huit kilomètres par jour, peu importe les conditions météorologiques.

Il a ensuite augmenté la cadence, à raison de 16 kilomètres par jour. Très vite, sa petite famille s’est retrouvée à faire un marathon tous les samedi. Ils sont devenus célèbres en s’inscrivant à des courses officielles. En fait, les journalistes de Runner’s World étaient tellement impressionnés qu’ils ont consacré deux articles à la famille Phelps.

Il était incroyablement rusé  
Quand les gens traînent les Phelps en justice, ils ont tendance à oublier que la plupart d’entre eux sont avocats. Et grâce à l’aide juridictionnelle, une grosse partie de leurs frais est payée par l’État. En réalité, ces procès permettent même à la team Phelps d’amasser des profits. « Se faire traîner en justice, c’était plutôt du win-win » a reconnu Lauren Drain, ex-membre de l’Église.

Bref, Fred Phelps était un homme sévèrement dérangé, et ce tyran avait l’air encore plus horrible en privé qu’en public
Ce serait déplacé d’applaudir son décès. Quand on voit à quel point il était consumé par sa propre haine, on devine que sa mort a été aussi libératrice pour lui que pour nous.

@gavhaynes