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N'importe quoi

Dix questions que vous avez toujours voulu poser à une personne séropositive

« Je pensais que je ne fréquenterais plus jamais personne quand j'ai reçu le diagnostic. »
Photo : Alex Sparrowhawk

En 2009, Alex Sparrowhawk a rencontré un gars et, dans le feu de l'action, a décidé de ne pas utiliser de condom. Quelques semaines plus tard, il a commencé à se sentir mal et a attrapé un rhume qui a duré un peu trop longtemps. Le premier test VIH a été négatif. Mais le second a été positif. Aujourd'hui, il fait partie des 103 000 personnes séropositives au Royaume-Uni.

Quelques années après ce diagnostic, Alex a quitté son emploi dans l'assurance pour travailler pour le forum de soutien en ligne du Terrence Higgins Trust, une fondation qui vient en aide les personnes séropositives. « C'est bien de faire quelque chose qui peut aider le monde plutôt que de servir seulement à payer les factures », m'a-t-il dit quand je l'ai appelé pour lui poser quelques questions.

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VICE : Comment c'est, vivre avec le VIH aujourd'hui?
Alex Sparrowhawk : C'est une chose bizarre à dire, mais c'est probablement le meilleur moment pour recevoir ce diagnostic. Les médicaments s'améliorent sans arrêt. Je ne l'ai pas laissé m'arrêter et j'ai beaucoup de chance d'avoir le soutien de mon entourage.

Le problème qui ne disparaît pas, ce sont les préjugés. Les commentaires sous les articles en ligne au sujet du VIH, par exemple, sont épouvantables. Il y a un an, quand Charlie Sheen a fait les manchettes, en entendant des gens en parler dans un pub, je me disais : « Vous n'en savez rien, vous n'avez aucune idée de ce que c'est d'avoir ce virus aujourd'hui. »

Quelle a été ta première réaction quand tu as reçu le diagnostic?
Quand j'ai reçu un message me disant de revenir à la clinique quelques jours après le deuxième test, je savais que ce n'était pas bon signe. On ne vous demande pas de revenir si tout va bien. J'ai contacté un ex, qui est séropositif, et il est venu avec moi à la clinique. Quand on me l'a annoncé, j'avais beaucoup de questions, comme : « Est-ce que je serai malade? », « Est-ce que je dois quitter mon travail? », « Est-ce que je dois éviter de fréquenter quelqu'un pour toujours? » Le médecin et mon ami ont essayé de me rassurer, mais je n'étais pas très réceptif. Même si je me doutais bien de ce qui m'attendait en revenant à la clinique, ç'a été quand même tout un choc.

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Est-ce que tu fréquentes quelqu'un en ce moment?
Trois mois après le diagnostic, j'ai rencontré quelqu'un et nous avons été ensemble pendant six ans et demi. On s'est laissés cet été. Mais rien à voir avec le virus. C'est fou parce que je pensais que je ne fréquenterais plus jamais personne quand j'ai reçu le diagnostic. Pourtant, j'ai commencé à fréquenter mon ex peu de temps après.

Comment est-ce qu'on annonce qu'on est séropositif?
Je me demande comment en parler sans être bizarre. Ce n'est pas que je ne veux pas en parler, c'est seulement que ça se place mal dans une conversation. J'évite les apps de rencontre depuis ma séparation parce que c'est un peu comme un casse-tête de devoir décider comment s'y prendre. Des amis qui sont aussi séropositifs m'ont montré des choses horribles qu'ils ont vues sur Grindr, comme : « Tu ne devrais pas être ici, tu le répands! » Alors je ne suis pas sûr d'avoir envie de tout ça.

Est-ce que tu as peur de le transmettre, au point de devenir parano?
Ça va. J'ai assez confiance en la science et la recherche pour savoir que je ne suis pas « contagieux ». Je n'ai pas l'impression de mettre qui que ce soit en danger. Une fois que le traitement antirétroviral a commencé et que la charge virale est indétectable depuis six mois ou plus, le risque est négligeable. C'est génial qu'on en soit arrivé à un point où on peut mettre fin à la transmission simplement en suivant un traitement.

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Photo : Alex Sparrowhawk

Est-ce qu'on a raison de penser que tu dois prendre beaucoup de médicaments?
Je prends un comprimé par jour. Je dois le prendre chaque jour, mais ça fait maintenant partie de ma routine, comme me brosser les dents. Certaines personnes m'ont dit qu'elles trouvent que c'est difficile, parce qu'on oublie qu'on est séropositif dans la journée. Mais on a un rappel chaque jour. Je pense que c'est important de ne pas en faire tout un plat. Je le prends avec un verre d'eau au souper chaque soir.

Est-ce que tu as été victime de discrimination au travail à cause du VIH?
J'ai eu de la chance. Je n'ai jamais eu de problème au travail et, évidemment, maintenant que je travaille pour une fondation pour les personnes séropositives, je n'en ai pas. J'en ai parlé ouvertement dans les médias sociaux et au travail en 2012 parce que je voulais m'afficher davantage comme militant, et je n'ai reçu que du soutien. J'ai expliqué que j'étais séropositif depuis trois ans et que j'étais resté la même personne. S'il y avait un problème, je suis convaincu que je saurais maintenant comment répondre et obtenir les bons conseils pour que ça n'arrive à personne d'autre ensuite.

Est-ce que tu vois ton avenir différemment?
Je pense qu'on doit jouer avec les cartes qu'on a reçues dans la vie, et c'est ce que j'ai fait. Je pense avoir plus de confiance en moi et être plus fort aujourd'hui. Je fais des choses que je n'aurais pas pu me pousser à faire avant d'avoir reçu ce diagnostic. Je crois que ça m'a poussé à profiter davantage de la vie parce que je ne veux pas la gaspiller. Même si je savais que je n'allais pas mourir et que je serais en santé, j'ai voulu m'assurer de m'amuser.

Est-ce que tu crois que les chercheurs créeront un remède pour éliminer complètement le virus?
Je ne pense pas avoir besoin d'être guéri. Je prends une pilule par jour, et ça me permet de ne pas transmettre le virus. C'est tout ce dont j'ai besoin. Bien sûr, chaque personne voit les choses à sa façon. Quand je serai plus vieux, je serai sujet à certaines maladies et peut-être que j'aurai un point de vue différent. Mais je pense qu'il faut être réaliste. Il n'y aura pas de remède avant des décennies.

Qu'est-ce que tu souhaites que les autres sachent sur le VIH qu'ils ne semblent pas comprendre?
À mon avis, tout le monde devrait savoir que les personnes qui prennent leurs médicaments ne peuvent pas transmettre le virus. Nous pouvons avoir une vie normale, être en santé et faire tout ce que font les autres. On ne peut arriver à le faire savoir qu'en s'affichant et en parlant, même si c'est juste dans son entourage.