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Taux de contrôles routiers des automobilistes de minorités visibles disproportionnés à Ottawa

Bien que les hommes moyen-orientaux ne représentent que 4 % des automobilistes de la capitale nationale, ils ont fait l'objet de 12,3 % des contrôles routiers effectués au cours des deux années qu'a duré l'étude.
Photo : Service de police d'Ottawa, Facebook

Les taux de contrôles routiers d'automobilistes de minorités visibles par la police d'Ottawa sont disproportionnés. C'est ce qui ressort d'un rapport sur le Projet de collecte de données fondées sur la race aux contrôles routiers, pour lequel les policiers ont noté leur perception de la race de l'automobiliste contrôlé dans un système informatique installé dans les véhicules de patrouille. On le présente comme « le plus vaste projet de collecte de données fondées sur la race de l'histoire de la police canadienne ». Bien que les hommes moyen-orientaux ne représentent que 4 % des automobilistes de la capitale nationale, ils ont fait l'objet de 12,3 % des 81 902 contrôles routiers effectués au cours des deux années qu'a duré l'étude, entre juin 2013 et juin 2015. Les hommes noirs, eux, qui représentent 4 % des automobilistes à Ottawa, ont fait l'objet de 8,8 % des contrôles routiers.

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Chez les hommes des minorités visibles, à l'exception des autochtones, le taux de contrôles routiers des hommes de 16 à 24 ans de plusieurs minorités est aussi disproportionné.

Les hommes moyen-orientaux de ce groupe d'âge, qui représentent 0,25 % des automobilistes à Ottawa, on fait l'objet de 2,8 % des contrôles routiers. C'est-à-dire qu'ils sont arrêtés 12 fois plus souvent que ce à quoi on pourrait s'attendre. Toujours dans ce groupe d'âge, les hommes noirs, qui représentent 0,2 % des automobilistes, représentent 1,5 % des contrôles routiers, soit 8,4 fois plus que ce à quoi on pourrait s'attendre.

Pour ces contrôles routiers d'automobilistes de minorités raciales, les infractions criminelles — infractions qui contreviennent au Code criminel du Canada, comme le vol de voiture ou la conduite en état d'ébriété — ont servi de prétexte de façon disproportionnée avec les conducteurs blancs, soit cinq fois sur six.

Pour les automobilistes autochtones, noirs, asiatiques de l'est, arabes, ainsi que des autres minorités, des « activités suspectes » ont aussi servi de prétexte de façon disproportionnée.

L'étude montre aussi que le taux de contrôles routiers sans intervention ni suite chez les automobilistes autochtones, noirs, arabes et des autres minorités est disproportionné. À cet effet, on note que l'étude ne s'est pas penchée sur la causalité. « On n'explique pas pourquoi ni comment ces facteurs sont liés ou non », disent les auteurs du rapport.

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Le chef du Service de police d'Ottawa, Charles Bordeleau, a réagi par communiqué. « Nous prenons ce rapport, ce que vivent les communautés et les expériences de nos agents très au sérieux, a-t-il déclaré. Je m'engage à travailler avec la communauté et nos membres pour mieux comprendre le rapport. »

Le chef de police a aussi assuré qu'il allait « analyser en profondeur » le rapport dans le but d'élaborer un plan d'action visant à éliminer les préjugés dans les interventions policières.

Il insiste sur le fait que les auteurs du rapport ne concluent pas à du profilage racial, mais ont plutôt remarqué des « différences et des anomalies au cours de l'analyse qu'il faut examiner davantage ».

Il rappelle aussi que le travail des policiers dans des zones aux prises avec une criminalité élevée et « un désordre social », où les citoyens demandent une présence policière visible, « entraîne souvent une hausse des contrôles routiers ».

Selon lui, la composition démographique de ces quartiers ainsi que l'heure des contrôles routiers doivent aussi être étudiées pour mesurer leurs effets sur les résultats du rapport.

Ce projet de collecte de données a été mis sur pied dans le cadre d'un règlement dans le dossier de Chad Aiken, un homme noir arrêté à Ottawa au volant de la Mercedes de sa mère en 2005.

Chad Aiken, qui avait alors 18 ans, a affirmé qu'on l'avait arrêté sans motif, qu'on l'avait insulté et qu'on lui avait donné un coup de poing à la poitrine. Il a porté plainte en vertu des droits de la personne, alléguant avoir été « victime de discrimination, de profilage racial et de racisme systémique » de la part des forces policières d'Ottawa.

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Selon un rapport du chef du service de police d'Ottawa, les plaintes contre les policiers ont connu une hausse de 133 % au troisième trimestre de 2016.

Dimanche, le Service de police a accusé un de ses policiers en vertu de la Loi sur les services policiers de conduite peu honorable pour avoir publié en ligne des commentaires racistes au bas d'un article du Ottawa Citizen sur le décès de l'artiste inuit Annie Pootoogook.

Dans son message, quelques jours après la découverte du corps de la femme dans la rivière Rideau, le sergent Chris Hrnchiar a soutenu qu'il ne s'agissait pas d'un meurtre, mais d'un accident ou d'un suicide, probablement à cause d'un problème d'alcoolisme ou de toxicomanie.

En août dernier, l'Unité des enquêtes spéciales enquête actuellement sur la mort d'un Canadien d'origine somalienne, Abdirahman Abdi. L'homme est décédé après une intervention des policiers d'Ottawa près d'un café où on l'avait accusé d'attouchement à l'endroit d'une cliente. Selon les témoins, les policiers l'ont aspergé de poivre de Cayenne et rué de coups de poings et de bâton à la tête. Un témoin a filmé Abdirahman Abdi couché au sol et ensanglanté, entouré de policiers.

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