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Après l'expulsion du camp de la Chapelle, Paris demande une solution pour les migrants

Selon un communiqué de la préfecture, « Au total, 2 771 personnes ont été prises en charge dont 161 personnes relevant du public vulnérable (mineurs isolés étrangers, femmes seules) ».
Elise Blanchard/VICE News

À 6 heures 30 ce vendredi matin, certains migrants attendaient déjà anxieusement devant les grillages et les policiers postés près de l'entrée du centre humanitaire pour migrants de porte de la Chapelle.

Ces personnes, dont la majorité a fui le Soudan ou l'Afghanistan, dormaient pour la plupart, le long du boulevard Ney. Chaque jour, elles tentaient d'obtenir une place dans le centre ouvert par la Mairie de Paris en novembre dernier. En effet, la structure d'une capacité de 450 places est au complet et les migrants ne sont accueillis qu'au compte-gouttes depuis des mois.

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Deux migrants soudanais devant la tente dans laquelle ils dorment, boulevard Ney, en attente d'une place dans le centre humanitaire de porte de la Chapelle, le 3 juillet 2017 à Paris.

Pour remédier à la situation, la préfecture d'Ile-de-France a organisé une opération de mise à l'abri ce matin. Entre 6 heures 30 et 10 heures 30, plusieurs dizaines de bus se sont alignés dans la cour du centre pour emmener les migrants. Selon un communiqué de la préfecture, « Au total, 2 771 personnes ont été prises en charge dont 161 personnes relevant du public vulnérable (mineurs isolés étrangers, femmes seules) ».

Cette mise à l'abri se fait pour l'instant « de manière temporaire sur plusieurs sites mobilisés en Île-de-France. »

Un migrant dort sur le Boulevard Ney près du centre humanitaire pour migrants, le 3 juillet 2017 à Paris.

Après avoir patienté devant l'entrée du centre et être introduit à l'intérieur par les policiers et travailleurs associatifs, les migrants attendaient dans la cour pour le prochain bus disponible. Ils ne savaient pas où ils seraient emmenés ni pour combien de temps.

La liste des points de mise à l'abri n'est pas publique bien que certains soient déjà connus.

Par exemple, 96 personnes devaient être emmenées à Noisiel pour dormir dans un gymnase pour une période de 15 jours renouvelable une fois. Environ 400 migrants ont aussi été temporairement mis à l'abri dans une ancienne maison de retraite à Sarcelles.

Des femmes migrantes attendent devant le centre humanitaire de porte de la Chapelle à Paris durant la mise à l'abri d'urgence du 7 juillet 2017.

Iqbal, un jeune Afghan, fait partie des 250 migrants qui ont été mis à l'abri dans une ancienne patinoire à Cergy, aujourd'hui. « C'est mieux que la rue, » a-t-il dit à VICE News. Depuis cinq mois, Iqbal attend une date d'entretien avec l'OFPRA, l'organisme auquel il a dû adresser sa demande d'asile. Après des mois passés à la rue, il n'a pas dormi la nuit dernière pour être sûr d'en sortir aujourd'hui.

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Dans son communiqué, la Préfecture a précisé que les personnes emmenées recevraient « un diagnostic social et sanitaire » avant d'être orientées vers un « dispositif d'accueil adapté à leur situation administrative » sans pour autant préciser la nature des structures, où les migrants doivent être éventuellement logés.

De nouveaux bus sont arrivés ; les migrants en tête de file montent à bord, sous le regard des journalistes et cameramans, le 7 juillet 2017 à Paris.

Pour accueillir les demandeurs d'asile, la France dispose de différents types de structures, dont les centres d'accueil de demandeurs d'asile (CADA) et les centres d'accueil et d'orientation (CAO).

Afin de remédier à l'engorgement du centre de Porte de la Chapelle, la Maire de Paris a aussi présenté hier une proposition de loi au gouvernement et aux parlementaires. D'après la mairie de Paris, Anne Hidalgo a soumis sept nouvelles propositions visant à mieux accueillir et intégrer les migrants.

Elle souhaite, entre autres, la « répartition organisée sur l'ensemble du territoire français » et « L'inscription dans la loi du principe de responsabilité des pouvoirs publics à offrir un premier accueil digne aux migrants venant chercher refuge. »

Les migrants, la plupart afghans et soudanais, attendent les bus dans la cour du centre humanitaire de porte de la Chapelle, le 7 juillet 2017 à Paris.

Pour François Gemenne, chercheur à Sciences Po et spécialiste des migrations, cette loi n'a presque aucune chance de passer (en raison d'une très forte cohésion au sein d'En Marche) mais elle peut servir à « forcer la main de Gérard Colomb qui s'il continue, va bientôt nous faire regretter Manuel Valls ». La maire de Paris pourrait convaincre le ministre de l'intérieur « que l'on ne peut pas laisser la situation pourrir comme cela et qu'il faut une réponse forte du gouvernement sur cette question, » dit-il.

La mairie de Paris ne souhaite surtout pas poursuivre la technique des mises à l'abri en urgence telle que celle de ce matin. Son « Objectif numéro 1 » selon la mairie de Paris : « "ne plus gérer au coup par coup" le premier accueil des migrants arrivant en France. »


Toutes les photos sont de Elise Blanchard.

Suivez Elise Blanchard sur Twitter : @eliseblchrd