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Crime

Sadiq Khan, le nouveau maire de Londres, n'est pas fan de Donald Trump

Interrogé sur sa volonté de bannir les musulmans des États-Unis, Trump a déclaré qu’il y aurait « toujours des exceptions », notamment pour Khan. Ce à quoi le nouveau maire de Londres a répondu : Non merci.
Sadiq Khan prononce son discours après sa victoire. Photo de Andy Rain/EPA

Donald Trump vient de se faire un nouvel ennemi : Sadiq Khan, le nouveau maire de Londres, fraichement élu ce weekend.

Au début de sa campagne, le candidat républicain avait assuré que s'il était élu, les États-Unis ne seraient pas très accueillants envers les musulmans. En effet, il avait proposé d'empêcher tous les musulmans d'entrer aux États-Unis.

Mais ce weekend, suite à l'élection de Sadiq Khan — qui est musulman — Trump a gracieusement proposé de faire une exception pour le nouveau maire de Londres.

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Quand le New York Times lui a demandé comment sa proposition (de bannir les musulmans des États-Unis) allait impacter Khan, le magnat de l'immobilier a déclaré qu'il y aurait « toujours des exceptions ».

Trump a ensuite continué en déclarant qu'il se « réjouissait » de l'élection de Khan, un fils d'immigré pakistanais et membre du parti Travailliste. « S'il fait du bon boulot, et franchement s'il fait du super boulot, cela serait vraiment super, » a dit Trump.

Ce mardi, Khan a confié ce qu'il pensait de l'offre de Trump : Non merci.

« Il ne s'agit pas seulement de moi. Il est question de mes amis, de ma famille et de tous ceux qui viennent d'un milieu comme le mien, partout dans le monde, » a fait savoir Khan dans un communiqué.

« La vision ignorante que Donald Trump a de l'islam pourrait rendre nos deux pays moins sûrs — cela risque d'aliéner les musulmans du monde entier et pourrait profiter aux extrémistes, » a dit Khan, qui était avocat spécialisé dans les droits civils avant de se lancer en politique.

« Donald Trump et ceux qui l'entourent pensent que les valeurs libérales occidentales sont incompatibles avec l'islam — et bien, Londres lui a prouvé qu'il avait tort. »

Ce n'est pas la première fois que Khan s'oppose à un homme politique riche, blanc et conservateur et qui insinue que les musulmans représentent un risque en matière de terrorisme. Son rival dans la course à la mairie de Londres, Zac Goldsmith — un héritier d'une riche famille de banquiers — avait essayé de mettre en lumière les supposés liens de Khan avec des extrémistes.

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Khan a été maintes fois questionné sur le fait qu'il lui arrivait de parler à des événements organisés pour la communauté musulmane au cours desquels des radicaux avaient aussi le droit de s'exprimer. Des prospectus ont aussi été distribués pour avertir que Khan se fichait des communautés indiennes, tamoules, et sud-asiatiques de Grande-Bretagne.

Un article écrit par Goldsmith, quelques jours avant les élections, assure que Khan a légitimé des idées extrémistes — le tout accompagné par une photo des attaques terroristes qui ont touché Londres en juillet 2005.

BNP uses 7/7 bus bomb photo — Marcus Chown (@marcuschown)May 2, 2016

La campagne de Goldsmith a été largement critiquée par de nombreuses personnalités politiques — dont des membres éminents du parti Conservateur dont il fait aussi parti — qui estiment qu'elle a été contreproductive et pouvait mener à la division. L'ancienne patronne du parti Conservateur, Sayeeda Warsi, a déclaré qu'il s'agissait d'une « effroyable campagne de crieur aux loups », alors que le directeur du Conseil musulman des Conservateurs, Mohammed Amin, s'est dit « dégouté ».

Le nouveau maire a déclaré à The Observer ce dimanche : « L'équipe de Goldsmith a eu recours à la peur et aux sous-entendus pour essayer de monter des groupes ethniques et religieux les uns contre les autres — une méthode tout droit sortie du manuel de politique de Donal Trump. »

Lors de son discours de victoire, Khan a déclaré que Londres — où vivent plus d'un million de musulmans et dont 40 pour cent de la population n'est pas blanche — avait choisi « l'espoir contre la peur et l'unité plutôt que la désunion. »

Dans une interview publiée dans le magazine TIME ce mardi, Khan explique que les élections ont prouvé qu'il n'y avait pas de choc des civilisations entre l'islam et l'occident. « Je suis l'occident, je suis Londonien, je suis Britannique, je suis musulman d'origine asiatique et d'héritage pakistanais. Donc si [le groupe État islamique] ou d'autres veulent détruire notre façon de vivre et parler de l'occident, alors ils parlent de moi, » a dit Khan. « Quel meilleur antidote que quelqu'un comme moi pour répondre à la haine qu'ils crachent ? »

Malgré tout, Khan pourrait toujours être interdit de séjour aux États-Unis à cause de sa foi, ce à quoi il a répondu : « Et bien, j'irai aux États-Unis avant janvier — au cas où Trump l'emporte. »


Suivez Miriam Wells sur Twitter : @missmbc