FYI.

This story is over 5 years old.

Crime

Bombes à New York : un après-midi devant le restaurant du suspect

Pendant que les agents du FBI collectaient des preuves dans le restaurant appartenant à la famille d’Ahmad Khan Rahami, nous avons parlé à ceux qui le côtoyaient.
Photo de Cassandra Giraldo/VICE News

Les gens qui habitent près du croisement des avenues Linden et Elmora à Elizabeth, dans le New Jersey, ont été surpris en découvrant le nom d'Ahmad Khan Rahami dans les médias.

Pendant plus d'une décennie, on a pu voir ce jeune afghano-américain de 28 ans derrière le comptoir du First American Fried Chicken, le restaurant de sa famille. Et puis, lundi matin, il est soudainement devenu l'homme le plus recherché des États-Unis, accusé d'avoir posé plusieurs bombes à New York et dans le New Jersey.

Publicité

Des dizaines de voisins se sont regroupées à l'extérieur du restaurant de poulet frit ce lundi. Ils se tenaient derrière un cordon jaune de sécurité de la police, regardant les agents du FBI sortir des cartons et des cartons de preuves du restaurant et de la maison de la famille Rahami. Quelques heures plus tôt, Rahami était arrêté, après un échange de tirs avec la police dans la ville voisine de Linden.

« Je n'en reviens pas », dit Stephen Lopez, qui vit dans la région depuis plus de 15 ans.

Le père de Rahami, Mohammad, a ouvert le restaurant en 2003. C'est devenu un point de repère dans ce quartier majoritairement habité par des communautés juive et latino. C'est l'endroit à visiter pour ceux qui cherchent des frites et du poulet frit pas chers. La devanture est coincée entre un magasin de réparation d'ordinateurs à gauche et un salon de coiffure à droite.

À un moment donné, le propriétaire du magasin d'ordinateurs a déboulé à travers les lignes de la police, avec trois caniches en laisse pour vérifier l'état de son établissement, mais il a été vite interrompu par le FBI.

Le propriétaire d'un magasin informatique situé à côté du restaurant de la famille Rahami avec ses trois petits chiens. (Photo de Tess Owen/VICE News)

Jamie Reyes, propriétaire du salon de coiffure, nous a dit qu'il prenait son petit-déjeuner quand il a entendu le nom de Rahami et ensuite vu sa photo à la télévision. « Ça a été très dur à avaler ce matin », raconte Reyes. « C'est le mec que tout le monde cherche ? »

Miguel Lopez vit à un pâté de maison du restaurant depuis cinq ans, et à Elizabeth depuis 20 ans. Cet ouvrier dans le BTP s'est réveillé à 5 heures ce lundi matin, lorsqu'il a fait face à une présence policière musclée. « Je n'avais jamais imaginé qu'une chose pareille pourrait arriver » a-t-il dit. « C'est très triste. C'est très calme, ici. Un quartier sympathique. Et puis ce genre de chose arrive. »

Publicité

L'arrivée des médias en a dérangé certains, elle a plu à d'autres. Marcella Perrotti, qui détient un magasin de beauté sur l'avenue Elmora, a commandé une pizza géante et a distribué des serviettes, des bols de sucettes et des bouteilles d'eau pour rafraîchir policiers et journalistes.

Jorge Vasquez, qui possède une imprimerie à une rue du restaurant de la famille, a imprimé des cartes et des affiches pour le First American Fried Chicken. Il dit que le père de Rahami, Mohammad, a toujours semblé être « quelqu'un de très humble ».

« Il allait au fond du magasin pour faire ses prières », a-t-il dit, rajoutant que la famille n'était pas très présente dans la vie de quartier. « Ils restaient entre eux ».

Mais les voisins, Vasqez y compris, étaient tous au courant des problèmes de la famille Rahami avec la justice. Mohammad et ses enfants aimaient fermer le First American Fried Chicken tard, parfois jusqu'à 3 heures du matin, soit 5 heures après le couvre-feu que la ville impose aux restaurants, à 22 heures. Cela faisait enrager certains.

Des voisins se rassemblent devant le salon de beauté du quartier. (Photo de Cassandra Giraldo/VICE News)

James McDermott Dean, qui habite au coin de la rue du restaurant, a été l'un des premiers à s'en plaindre. Selon Dean, Rahami fermait le restaurant beaucoup trop tard et ne permettait pas aux clients d'utiliser leurs toilettes, leur disant d'aller plutôt dans la rue.

Dean explique que les clients de Rahami urinaient souvent devant son entrée. Quand Rahami a découvert que Dean créait des problèmes, les choses se sont tendues.

Publicité

En 2011, Rahami a poursuivi Dean et les autorités de la ville pour être allés à l'encontre de ses droits civiques. Rahami et ses enfants ont accusé Dean de les prendre souvent à partie, à cause de leur religion, en disant des choses comme « les musulmans causent beaucoup trop de problèmes à ce pays. »

Dean a réfuté ces accusations. « Il poursuivait tout le monde pour n'importe quoi », a-t-il dit.

Pour le moment, Mohammad et ses autres enfants n'ont pas été accusés de complicité. Les officiels du FBI ont révélé mardi que Mohammad avait dénoncé son fils aux autorités en 2014 après une dispute, l'accusant d'être un terroriste.

« Il [Ahmad] a poignardé mon fils, il a battu ma femme, et je l'ai envoyé en prison il y a deux ans », a dit Mohammad. Il s'exprimait ce mardi devant son restaurant, face à des journalistes.


Mimi Dwyer, Sara Jerving et Cassandra Giraldo ont contribué à la rédaction de cet article.

Cet article a d'abord été publié sur la version anglophone de VICE News.

Suivez Tess Owen sur Twitter : @misstessowen