Essentiellement en sous-sol, parfois derrière une devanture de garage. Dans ces lieux réaménagés en salles de prières, à l’abri des regards, les communautés musulmanes d’Athènes se cachent pour vivre leur foi. La capitale grecque est la seule en Europe à ne pas disposer de mosquée officielle, et le sentiment d’être des « citoyens de seconde zone », de « ne pas avoir les mêmes droits que les autres » revient inlassablement au fil des discussions.
Plus de 400 ans de domination ottomane ont laissé des séquelles dans un pays où les musulmans sont souvent associés à l’histoire conflictuelle de la Grèce avec la Turquie. Le poids de l’église orthodoxe, des luttes politiques et la lenteur bureaucratique finissent de composer le tableau d’une société peu encline à voir une mosquée sortir de terre. Pour pallier ce manque, des dizaines de lieux de cultes « officieux » ont donc émergé depuis la fin des années quatre-vingt dans Athènes et sa périphérie. Rares sont ceux qui bénéficient d’une autorisation légale. Estimée à environ 250 000 personnes, la communauté musulmane de la région s’articule autour des différentes branches de l’Islam et des nationalités des fidèles. Originaires des pays arabes, du Pakistan, du Bangladesh ou de Somalie, ils s’organisent pour faire vivre ces mosquées « souterraines » et financer la location de locaux, leur aménagement et leur entretien.
Ces dernières années, plusieurs centaines de milliers de réfugiés venant de Syrie, d’Iraq, d’Afghanistan ou d’Iran sont passés par la Grèce, et nombre d’entre eux sont restés coincés dans la capitale, augmentant la fréquentation des lieux de culte. La situation interroge l’égalité du droit envers les différentes croyances, le respect et la dignité de l’être humain, et pose également un véritable enjeu sanitaire. La majorité de ces lieux ne disposent pas de sorties de secours et de systèmes anti-incendies pourtant indispensables.
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En 2016, un projet de mosquée officielle, financé par l’État, a été voté par le parlement grec. Située à la sortie du centre-ville, l’édifice religieux -sans minaret- devrait pouvoir accueillir 350 personnes. Mais son ouverture, maintes fois repoussée, ne convainc pas. Jugée trop petite et trop éloignée du centre d’Athènes, elle ne peut satisfaire des individus qui cherchent à prier au sein des quartiers où ils vivent. « Une question d’image » qui ne résout rien, rapportent les fidèles, peu enclins à abandonner ces lieux de cultes informels.Ils pourraient pourtant être contraints. Une fois la mosquée ouverte, le gouvernement grec prévoit de fermer tous les lieux n’ayant pas d’autorisation.La suite des photos ci-dessous :
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