En Italie, voler de la nourriture pour survivre n'est pas considéré comme un crime

Il y a 5 ans, Roman Ostriakov, un sans-abri venu d'Ukraine, entrait dans une épicerie de Gênes pour acheter des gressins. Dans sa poche, il avait aussi glissé discrétos des saucisses et du fromage (d'une valeur cumulée de 4 euros 70) qu'il ne comptait pas régler à la caisse.

Sa tentative de faire passer quelques aliments en loucedé avait hélas été remarquée par un client zélé qui avait fini par le balancer à la sécurité du magasin. La fringale et la mésaventure allait coûter à Ostriakov 6 mois de prison, une amende de 100 euros et une bataille judiciaire de 5 années qui l'a mené jusque devant le tribunal de la plus haute autorité du pays.

Aujourd'hui, le karma d'Ostriakov va un peu mieux. La Cour suprême de cassation italienne a décidé de ne pas qualifier son acte de « criminel » parce que son larcin avait été motivé « par le besoin immédiat et essentiel de s'alimenter » explique la BBC.

La Cour lui a rendu une fière chandelle en concluant que voler une si petite quantité de nourriture dans le seul but de survivre ne pouvait pas être considéré comme criminel.

« La condition de l'accusé et les circonstances qui entourent le vol de la marchandise prouvent qu'il a pris possession d'une petite quantité de nourriture pour répondre au besoin immédiat et essentiel de manger, agissant ainsi dans un cadre de nécessité absolu », est-il écrit dans le jugement qui a été rendu.

La décision de la Cour a divisé la presse italienne qui l'a à la fois célébrée et ridiculisée. Certains observateurs ont notamment souligné l'absurdité du processus qui a permis de déterminer la légalité du vol de 4 euros 70 de bouffe dans un pays « où la corruption pèse 60 milliards par an » – il aura fallu une première audience et un appel avant la conclusion de la Cour suprême. D'autres, moins cynique ont décrit le jugement comme « historique », probablement issu d'un concept que l'Occident semblait avoir perdu ces derniers siècles : « faire preuve d'humanité ».