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Un vague, une histoire : John John Florence et la mise en orbite

Les images du alley-oop de John John Florence à Keramas sont encore dans toutes les têtes. A l'époque il a été qualifié de plus gros air jamais replaqué.

Après cinq années d'absence et une dernière édition épique à Padang Padang en 2008, le Oakley Pro Bali marque en juin 2013 le retour du World Tour en Indonésie. Pour cette cinquième des dix étapes du calendrier, les organisateurs ont retenu la vague de Keramas, une droite à tout faire, déroulant sur fond mixte de sable et de roche, située sur la côte est de l'île. Un choix traduisant le souhait de l'ASP de privilégier une vague à manoeuvres aux longs reefs tubulaires dont regorge l'archipel.

La compétition démarre fort et les séries s'enchaînent. Les vagues sont au rendez-vous. 1, 50m, des tubes et des lèvres indonésiennes que les surfeurs se font une joie de découper. Tout au long de la journée, les pensionnaires du Tour tutoient l'excellence, et, déjà, se profile la dernière série du premier tour. Elle met aux prises John John Florence (de retour d'une blessure à la cheville contractée sur la Gold Coast en début de saison), Sebastian Zietz et Miguel Pupo. Sur le papier, l'opposition de entre ces trois surfeurs promet. Dans l'eau, Pupo joue le rôle ingrat de figurant pendant que le rookie Seabass mène la danse. 19,37 pts de total, intouchable ou presque. Déjà auteur d'un 9,87 pts, son compatriote JJF est encore en vie dans la série mais condamné à l'exploit. Et voilà qu'à cinq minutes du terme, le jeune Hawaïen démarre sur une vague au potentiel douteux. La suite, vous la connaissez : un léger stall suivi d'une prise de vitesse, une rampe, et un alley-oop "stratosphérique", « l'un des plus gros airs jamais vu dans l'histoire du surf de compétition », avance même l'un des commentateurs du webcast.

La hauteur – estimée à plus de deux 2 mètres au dessus la vague (!) – met tout le monde d'accord. Les juges posent un 10 pendant que les cadreurs hallucinent sur l'amplitude du trick. « J'étais dans les airs puis j'ai juste regardé en bas. Tout s'est passé très vite et la réception a été parfaite », expliquait John John après son heat. « J'étais tellement content de l'avoir réussi que j'ai claimé. J'ai passé toute la journée à observer la force et la direction du vent et j'étais très excité à l'idée de faire un air pendant la série. Et puis cette vague est arrivée… ». Les images font le tour du monde, atteignant très vite le million de vues sur YouTube. L'emballement médiatique autour de ce move unique est immédiat. Tim Curran (initiateur du alley-oop dans le surf), Taj Burrow, Kelly Slater… la performance est saluée par les surfeurs du monde entier. Pourtant, John John Florence n'en était pas à son premier coup d'essai – on se souvient de son alley-oop en 2012 dans son edit intitulé Done – mais en replaquer un lycra sur le dos est une autre histoire. Il faut dire que l'ensemble des ingrédients était réuni ce jour-là pour assister à une telle prouesse. « Keramas est la vague parfaite pour les alley-oop », explique Tim Curran. « Comme à Rocky Point, la direction du vent permet de garder la planche bien sous les pieds ». De son côté, Kelly Slater affirme que le contexte y a joué pour beaucoup. « Reposer des airs comme celui-ci n'est possible qu'en freesurf ou lorsque vous vous trouvez dans une situation critique en compétition ». Le Floridien sait de quoi il parle puisqu'il avait sorti deux airs hallucinants – tout deux récompensés par la note ultime – en 2011 à New York, puis l'année suivante à Bells Beach.

Une chose est sûre, l'instauration des nouveaux critères de jugement ASP en 2010 oblige aujourd'hui les surfeurs à être les plus complets possible. La maîtrise du répertoire aérien constitue, au même titre qu'un surf sur le rail ou l'aisance dans les tubes, l'une des armes du compétiteur moderne. Depuis cette date, l'idée de décrocher la note parfaite sur une seule manœuvre a fait son chemin et pousse indéniablement les surfeurs du Tour vers le haut. Tous s'observent lors des compétitions, pendant les séries mais aussi en dehors. Le alley-oop de John John Florence à Keramas a sans aucun doute créé une émulation au sein de l'élite. Julian Wilson rééditera d'ailleurs une prouesse semblable quelques mois plus tard lors du Rip Curl Pro Portugal, suivi plus tard par Filipe Toledo. Récolter un dix sur un tel move n'en est devenu que plus ardu. La progression continue.

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