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Culture

Pourquoi donc la tombe de Jésus a été ouverte pour la première fois depuis deux siècles ?

Des scientifiques ont déplacé la plaque de marbre du tombeau du Christ, à Jérusalem, l’un des lieux les plus sacrés pour les chrétiens.
Image de Une : Dusan Vranic / AP.

Quartier chrétien de Jérusalem, dans la nuit du 26 octobre 2016. Dans l’église du Saint-Sépulcre, une équipe de scientifiques grecs s’apprête à soulever la plaque de marbre qui recouvre ce que les chrétiens considèrent comme le tombeau du Christ. On dit qu’il n’avait pas été ouvert depuis au moins deux siècles — un incendie autour de 1810 avait contraint à des travaux de restauration. Le marbre de l’édicule — petite construction à l’intérieur d’une plus grande — date d’ailleurs de cette période-là.

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Pour ceux qui n’ont pas été au catéchisme, petit rappel de ce à quoi on a affaire ici. Dans la Bible, les Évangiles — écrits par quatre des apôtres de Jésus et rassemblés dans le Nouveau Testament — racontent qu’après sa crucifixion en l’an 30 ou 33 — date qui fait toujours débat parmi les historiens, mais c’est une autre histoire —, le Christ est emmené dans une grotte du Mont Golgotha. Le corps du défunt, enveloppé dans un linceul, est déposé sur un lit taillé dans le roc. Trois jours plus tard, le tombeau, fermé par une lourde pierre, est retrouvé vide par les disciples de Jésus et Marie Madeleine. Cet épisode fait partie d’un des dogmes fondamentaux de la théologie chrétienne, à savoir la résurrection du Christ.

Photo : Dusan Vranic / AP

Les experts, dirigés par la professeur grecque Antonia Moropoulou, ne sont pas venus pour autant chercher des preuves tangibles de ce miracle. Dans le cadre d’un projet de restauration de l’église, la structure en marbre de la tombe, qui menaçait de s’effondrer, va être démontée puis consolidée et reconstruite à l’identique. L’occasion étant trop belle, les scientifiques en profitent pour mener une série de tests dans la cavité, installant leur laboratoire dans l’église pour huit mois. Le but : analyser les matériaux et la structure d’un des lieux les plus sacrés du christianisme.

Schéma via Wikipédia

« J’ai du mal à croire que l'on mobilise une trentaine de départements d'une université technique d'Athènes pour se contenter de consolider un bâtiment », a confié au Parisien la rédactrice en chef de Terre Sainte Magazine, Marie-Armelle Beaulieu, qui a pu assister à l’ouverture du tombeau. « Cela fait 1700 ans que les chrétiens viennent se recueillir sur cette tombe. Et c'est la première fois que la science, grâce aux techniques modernes, va peut-être pouvoir valider si c'est le bon endroit ou pas. »

Photo : Gali Tibbon / AFP

Pour sa part, l’historien des religions Jean-François Colosimo rappelle, toujours au Parisien, qu’il n’y « aura jamais de preuve scientifique de la résurrection de Jésus car cela appartient au registre de la foi. Mais peut-être que des analyses radiographiques et de datation permettront de savoir à quelle période précise cette pierre a été taillée et s'il s'agit vraisemblablement du lieu identifié comme étant celui où le corps du Christ a été posé après sa mort. »

Photo : Gali Tibbon / AFP

Les travaux de restauration — qui ont enfin pu voir le jour notamment grâce au concours des Grecs-Orthodoxes, des Franciscains et des Arméniens, les trois principales confessions chrétiennes qui se disputent Saint-Sépulcre — ont vu leurs débuts marqués par des phénomènes inhabituels. Selon Moropoulo, les appareils électromagnétiques se sont affolés au moment du soulèvement de la dalle, certains cessant même de fonctionner. Le commencement de ce projet historique fera l’objet d’un documentaire de National Geographic Channel diffusé en novembre.