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Oral Roberts promet de ne pas surveiller l’activité sexuelle de ses étudiants

L’université évangéliste Oral Roberts exige de ses étudiants de première année qu’ils portent un bracelet Fitbit en permanence.
Image éditée par Rachel Pick à partir de la photographie de Joseph Novak/Flickr

Image éditée par Rachel Pick à partir de la photographie de Joseph Novak/Flickr

L'Université Oral Roberts a lancé cette année un programme très controversé : elle exige que les étudiants de première année portent en permanence un bracelet Fitbit HR afin d'évaluer l'intensité de leur activité physique quotidienne. Cela donnera lieu à une note apparaissant dans leur moyenne. Mais quel genre d'activités sera réellement enregistrée ?

En 2011, un léger mouvement de panique a parcouru la foule des utilisateurs de bracelets connectés lorsqu'ils ont réalisé que le compte des calories brûlées lors de leurs rapports sexuels apparaissaient sur leur profil public, et était donc accessible à partir d'une simple recherche Google. À l'époque, la société proposait la catégorie « activité sexuelle » dans sa grille d'activités de de remise en forme ; les utilisateurs pouvaient donc renseigner l'intensité de cet effort en utilisant une échelle allant d' « effort léger, passif » à « activité active et vigoureuse. »

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Depuis cette affaire, Fitbit a changé ses paramètres de confidentialité par défaut et a retiré cette catégorie du menu. Mais est-il vraiment devenu impossible de deviner si quelqu'un a eu un rapport sexuel en consultant les données Fitbit ?

C'est une question particulièrement pertinente pour l'Université privée évangéliste Oral Roberts, qui interdit formellement le sexe avant le mariage dans son code d'honneur.

Le modèle qu'Oral Roberts a choisi pour ses étudiants, Fitbit HR, enregistre la fréquence cardiaque, le type d'exercice physique effectué, les calories dépensées, la distance parcourue dans la journée, et recueille des données sur le sommeil. L'école affirme qu'elle se contentera des données sur la fréquence cardiaque et la distance parcourue. Il semble impossible de déterminer, à partir de ces seules données, si l'étudiant s'est engagé dans une activité sexuelle ou un autre type d'activité (par ailleurs, faire l'amour brûle un nombre de calories très décevant).

Un représentant de l'université affirme que l'établissement n'a jamais envisagé de surveiller l'activité sexuelle de ses étudiants à partir de leur base de données biométriques.

« Le succès du bracelet sur le campus a été immédiat. »

Mike Mathews, le responsable de l'information et de la communication à l'université, a contribué au développement de ce programme ; il a assuré à Motherboard que leur système ne suivra pas la localisation des étudiants grâce à des données GPS, et que le détail des activités physiques ne sera pas accessible.

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Lorsque les étudiants se connectent pour la première fois à l'espace étudiant numérique de l'établissement, ils doivent accepter le règlement autorisant que leurs données biométriques soient enregistrées et partagées en permanence par Fitbit. Ils pourront ensuite télécharger ces données à partir de la base de données Fitbit, à laquelle les enseignants auront également accès afin de déterminer si les étudiants ont atteint leur objectif quotidien de 10000 pas par jour. Ils pourront également surveiller leur fréquence cardiaque trois fois par jour.

Le programme Fitbit n'est une extension des directives de l'université sur la condition physique. Depuis plusieurs décennies, celle-ci a développé une philosophie « de l'éducation totale de la personne ». Les performances sportives des élèves sont notées, mais également leur hygiène de vie en général. Auparavant, les élèves devaient noter le nombre de pas effectués dans la journée et leur fréquence cardiaque à la main.

« Ces données permettront d'obtenir des notes qui conditionneront leur passage au niveau supérieur. Il en a toujours été ainsi à Oral Roberts, » explique Mathews. « Nous ne nous servons pas de ces données à d'autres fins. Nous sommes heureux que cette technologie soit disponible, et nous en tirerons parti du mieux que nous pouvons. »

Les données Fitbit seront stockées dans un ordinateur de l'université auquel seul le professeur chargé de la notation des élèves aura accès. Mathews explique que les lois du Family Educational Rights and Privacy Act (FERPA) américain garantissent la confidentialité des informations sur le campus et n'autorisent pas l'utilisation des données biométriques à d'autres fins que la notation de leur activité physique. Une fois diplômés, les étudiants ont le droit de demander la suppression définitive de ces données.

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Mathews ajoute que la presse a diffusé de fausses informations sur cet événement : tous les étudiants ne sont pas tenus de porter le bracelet Fitbit. D'ailleurs, n'importe quel étudiant de première année peut refuser de le porter et quitter le programme à tout moment. Il devra cependant revenir à la bonne vieille méthode de prise de notes manuelle des données en question. Jusqu'à présent, il semble que les étudiants aient opté pour Fitbit.

« Sur le campus, le succès a été immédiat » explique-t-il. « Pas un seul parent ne s'est plaint. Quant aux étudiants, ils sont ravis de ne plus avoir à noter leur fréquence cardiaque à la main. »

Même s'il semble assez improbable que les données Fitbit soient utilisées pour espionner les étudiants qui s'adonnent au sexe en-dehors du mariage, les problèmes de confidentialité soulevés par ce système sont bien réels. Le nombre d'entreprises qui surveillent l'hygiène de vie de leurs employés à l'aide de gadgets technologiques divers est en constante évolution. De nouveaux experts en sécurité craignent que ces entreprises vendent ces données biométriques à des publicitaires, si ce n'est pas déjà le cas. Enfin, ces données intéressent les cours de justice en dépit du fait qu'elles sont vulnérables au piratage et aux techniques d'usurpation d'identité.

Oral Roberts n'est pas la seule université qui prévoit de surveiller les étudiants : en 2015, Notre Dame a reçu une subvention pour étudier le lien entre leurs activités physiques et leurs activités sociales.

Fitbit a refusé de faire des commentaires sur cette affaire.