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L’Écosse reste dans le Royaume-Uni

Les deux camps ont salué un impressionnant exercice de démocratie, qui devrait apporter des changements dans la gouvernance des territoires britanniques.
Image via Getty

Il faisait humide ce matin quand les Ecossais se sont réveillés pour découvrir que c'est le non à l'indépendance qui l'avait emporté. Bien que la majorité soit restée silencieuse, l'Ecosse est apparue plus engagée politiquement que jamais, avec la participation la plus importante jamais enregistrée dans les îles britanniques.

La campagne pour le oui avait pris de la vitesse ces dernières semaines, et on annonçait que le résultat se jouerait dans un mouchoir de poche, annonçant un futur incertain pour le Royaume-Uni. Au final, le résultat n'était même pas serré. Le non l'a emporté de dix points, de 55% contre 45% pour le oui.

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Les deux camps ont salué un impressionnant exercice de démocratie, qui devrait apporter des changements dans la gouvernance des territoires britanniques tandis que l'Ecosse, l'Angleterre, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord demandent tous à avoir plus d'autonomie par rapport à Westminster.

Des partisans du non devant le Parlement Ecossais. Image via Getty

C'est un Alex Salmond défait qui s'est adressé à ses partisans, leur disant de ne pas perdre espoir.

« Aujourd'hui il faut rassembler l'Ecosse, ne nous attardons pas sur ce qui nous a manqué, attardons nous au contraire sur la distance que nous avons parcouru, et ayons confiance dans le mouvement qui portera cette nation en avant », a-t-il déclaré.

« Je crois qu'aucun d'entre nous, quand nous sommes entré en politique, aurait pensé qu'un mouvement pareil soit possible voir même crédible », a insisté Alex Salmond.

Il a fait allusion au sentiment largement répandu que ce vote était en faveur d'une meilleure démocratie, d'un système moins centralisé qui donnera plus de voix à des partis longtemps négligés au Royaume-Uni.

La campagne, a-t-il expliqué, a provoqué « la peur dans de grandes proportions » dans les arcanes du pouvoir à Londres.

« On pourra dire ce que l'on voudra sur cette campagne du référendum, on a touché des classes sociales qui n'ont jamais été touchées par la politique, des franges de la population qui non seulement nous ont touché, mais ont eu un impact sur le processus politique ».

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Fin d'un jour de vote historique en Ecosse. En lire plus ici. 

Downing Street a promis aux Ecossais une plus grande décentralisation si le non l'emportait, ce qui a été suivi par des mouvements en Irlande du Nord, et Pays de Galles qui demandent aussi une plus grande autonomie.

Le référendum a aussi ravivé la « question Anglaise », cet anachronisme politique qui fait que les sujets ayant trait seulement à l'Ecosse sont traités par le parlement écossais à Holyrood, mais que les parlementaires écossais ont leur mot à dire sur les débats anglais. Les discussions post-référendum vont certainement porter sur un parlement anglais qui serait lui aussi décentralisé, tandis que certaines villes anglaises envisagent la possibilité de créer des assemblées régionales.

Le Premier ministre britannique David Cameron est désormais face à un défi immense au vu des grondements qui ont parcouru le Royaume-Uni pendant la campagne.

Le débat sur le référendum de l'Ecosse est réglé pour « une génération », a-t-il déclaré. « Il ne peut y avoir ni conflits, ni de nouvelles élections ; nous avons entendu la volonté du peuple écossais ».

Maintenant, a déclaré le Premier ministre, les autres membres de cette famille de nations doivent s'exprimer.

« Au Pays de Galles, il y a des proposition en faveur d'un gouvernement gallois et d'une assemblée qui auraient plus de pouvoirs. Je veux que le Pays de Galles soit au coeur du débat sur la meilleure route à prendre pour que le Royaume-Uni fonctionne pour tous les peuples », a-t-il annoncé.

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« Dans le Nord de l'Irlande, on doit travailler pour faire en sorte que les institutions décentralisées soient efficaces ».

David Cameron a aussi ajouté que « des millions de voix en Angleterre doivent aussi être entendues ».

« La question du vote Anglais pour les lois Anglaises, la soit-disante question du West Lothian demande une réponse juste, puisque comme l'Ecosse votera les questions d'impôts, de budget et de santé dans son propre parlement, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord devrait pouvoir voter leurs propres lois ».

« Tout cela doit se passer en même temps que les accords sur l'Ecosse ».

Devant le parlement de Holyrood, les espoirs des partisans du oui sont partis en fumée. Images via Sally Hayden

Ce matin, cette atmosphère de contemplation contrastait avec la fête qui s'était prolongée tard dans la nuit pendant le décompte des voix, la fièvre du référendum s'emparant surtout des partisans du oui. Sean, qui avait pourtant voté pour le non portait un autocollant OUI au Canons Gait pub. « J'imagine que je ferais mieux de le retirer », a-t-il reconnu. Manex Etxegarai, 22 ans, originaire du pays Basque espagnol (foyer d'un fort mouvement d'indépendance) travaille à Edimbourg. Il espérait que le oui passe parce que « c'est bon pour nous. Ça prouve que la démocratie existe… même si dans le fond, c'est quand même la démocratie ».

Les partisans du non baignaient, eux, dans un contentement serein. « Je me suis réveillée à 6 heures ce matin pour regarder les résultats à la télévision. J'étais plutôt contente", déclara à VICE News Patricia Derey, 62 ans, originaire d'Edimbourg. En route vers son lieu de travail la boulangerie Gregg à South Bridge, elle nous explique que « (sa) seule raison de voter non, c'était l'inquiétude. J'étais inquiète au sujet des prix, de ce qui allait se passer, je ne pensais pas que l'Ecosse pouvait se permettre d'être indépendante en ce moment. Je pense que ce n'était pas le bon moment ».

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Tandis que le résultats des différents comtés d'Ecosse sortaient les uns après les autres, le bruit de la soirée post-électorale du Scottish National Party (SNP), le parti pour l'indépendance s'est fait plus sourd. Mais les fêtards qui se sont rassemblés devant le parlement Ecossais, la plupart jeunes, et partisans du oui n'avaient pas l'air de s'apercevoir que les résultats étaient de plus à plus sans appel, ils entonnaient des chants passionnés comme « The Flower of Scotland »,  « When the Saints Come Marching » in" et « Caledonia ».

Bruce Murray, 37 ans, habitant d'Edimbourg a voté pour le oui. « Je suis déçu mais je ne suis pas en colère. C'est le peuple qui a parlé ». Alan Finn, 38 ans, aussi du camp du oui a dit que les résultats étaient attendus, mais pas sans espoir. « Je n'ai jamais vu un tel combat politique. En Ecosse généralement les gens se sentent désintéressés et n'ont pas d'engagement. C'est une bonne chose pour la démocratie écossaise, que les gens se soient ainsi mobilisés. Je pense que c'est aussi un bon signal d'alarme pour les Britanniques. Je veux que Westminster réexamine la structure de leur gouvernement et se rende compte que ça ne fonctionne pas pour une grande majorité des gens. Mais peut-être la majorité a été découragé par le bruit que faisait une minorité de gens. La majorité a juste baissé la tête et voté ».

Un partisan du oui dans le centre d'Edimbourg 

Alors que les chants étaient particulièrement fort, Bruce Murray s'interrogea sur le sens pour les Ecossais de continuer de chanter leur hymne, « The Flower of Scotland ». « Les paroles disent que l'on peut se réveiller et être à nouveau une nation. On vient d'en avoir l'opportunité, et on l'a laissé passer. Le prochain match de l'Ecosse est un match amical contre l'Angleterre. Ça n'a aucune importance au niveau national, mais je pense qu'on a besoin d'un nouveau chant. Personnellement, je suggérerais "500 miles", des Proclaimers ».

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Alan Finn (L) et Bruce Murray à la soirée du SNP. L' écrivain Irvine Welsh était l'une des célébrités partisanes du oui présentes à la soirée. 

Sharon Perkins a regardé les résultats au café Serendipity d'Edimbourg. Elle est originaire de l'Ohio, mais elle vient de passer un an à étudier l'indépendance et les différentes constituions écossaises à l'université d'Edimbourg. « Je pense que l'Ecosse s'est réveillée, et a pris conscience des choses. Je pense qu'on assiste à un éveil politique, et qu'il n'y a pas de retour en arrière possible. Peu importe les résultats, c'est une victoire pour l'Ecosse, parce que l'Ecosse participe désormais. L'Ecosse n'a plus envie d'être inactive ».

Le désarroi dans le camp du oui alors que la défaite paraît inévitable.

La participation a atteint 84,6%, un record sans précédent, battant le record de participation de 1951 qui était de 81,2% lors d'une éléction nationale. Peut-être reflétant la différence d'âge entre les deux camps, la bataille du oui l'a emporté sur Twitter 3 à 1, avec 7 millions de tweets depuis le 5 août dernier. Les électeurs du non sont pour la plupart rentrés chez eux tôt dans la nuit, laissant les partisans du oui attendre que les résultats soient annoncés.

Le succès de la campagne du oui à GlasgowLire notre reportage ici.

Suivez Sally Hayden surTwitter: @sallyhayd

Suivez Hannah Strange on Twitter: @hannahkstrange