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Fallout : New California a tout ce que Fallout 76 n'a pas

Fallout : New California est un mod, mais surtout un tout nouveau jeu qui ressuscite l'esprit des titres originaux.
Une scène de Fallout : New California, un mod de Fallout : New Vegas par Radian-Helix Media
Image : Capture d'écran Radian-Helix media

Quelle vie de merde. Dans l’abri, j’étais un nerd. À l’extérieur, je suis un esclave.

J’ai échappé de peu à la destruction de l’Abri 78. Les autres survivants et moi-même espérions tenir quelques nuits dans les Terres Désolées quand les Raiders sont arrivés. Tapi dans la grotte qui leur sert de quartier général, leur seigneur m’a jeté dans la mine avec une mission simple : convaincre un monstre de reprendre le travail d’extraction. Par bonheur, je suis un individu charismatique et les esclaves des galeries n’attendaient qu’un meneur pour se soulever. Il ne m’a fallu qu’une courte série de conversations pour lever une armée et marcher sur le monstre.

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Voilà tout ce qui s’est passé pendant mon premier run sur Fallout : New California, un mod gratuit pour Fallout : New Vegas qui n’est rien de moins qu’un tout nouveau jeu. Ayant joué aux deux, je crois pouvoir dire que New California a la meilleure histoire. Je dois aussi signaler qu’il respecte le canon et l’esprit de la licence post-apocalyptique avec une rigueur inconnue de Bethesda, le studio de développement des Fallout 3, 4 et 76.

Dans New California, les puristes retrouveront le souci d’écriture qui leur avait tant manqué chez Bethesda. Attention, Fallout 76 m’enthousiasme, mais j’ai toujours trouvé que le studio de Rockville misait moins sur l’émotion et l’intrigue que Black Isle, le développeur de Fallout 1 et 2. Un peu de la magie old-school de ces jeux parus dans les années 90 affleure dans New California, notamment parce que le mod fait la part belle aux décisions du joueurs et à leurs conséquences.

New California est l’œuvre de Radian-Helix Media, un studio indépendant monté par Brandan Lee. Ce développeur passionné et son équipe sont à l’oeuvre depuis 2012. « C’est plus ou moins ma thèse en game design » a-t-il expliqué à Motherbaord au cours d’un échange sur Messenger. « J’ai monté mon propre curriculum, puis je me suis mis en tête de prouver ma thèse. Pour moi, le game design de qualité fait bouger l’intrigue au rythme du joueur et propose des dialogues narratifs consistants. »

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En jeu, il ne fait aucun doute que New California est un cri d’amour aux deux premiers titres de la licence. J’ai mis deux playthrough à m’en rendre compte, mais qu’importe. L’aventure commence dans l’Abri 18, un bunker riche en ressources. Le protagoniste est un orphelin de la surface, recueilli par des éclaireurs de l’Abri alors qu’il était encore bébé.

Le jeu commence au beau milieu d’un match de vault-ball, qui n’est rien de plus que du football souterrain. Votre personnage vient de recevoir la balle. Alors qu’il file vers les buts adverses, un défenseur lui barre la route. Pour le joueur, c’est l’heure du premier choix : faut-il éviter le tacle ou percuter l’opposant ? Lors de ma première partie, j’ai choisi d’esquiver.

Malheureusement, mon personnage n’a pas été assez rapide pour empêcher son adversaire de lui casser la jambe. Cette blessure a engagé sa vie sur une nouvelle voie. Sous ma direction, il a discuté avec les autres habitants de l’Abri, étudié les ordinateurs, parcouru des dizaines de pages de lore. Après quelques quêtes et une nuit de sommeil, sa jambe s’est remise. C’est alors que le malheur s’est abattu sur le bunker. Aux côtés de trois autres survivants, j’ai dû prendre la fuite. Après une heure dans les Terres Désolées de Californie, j’ai été pris par des esclavagistes.

Après ce premier essai, j’ai décidé de mettre mon personnage de côté pour tenter un nouveau parcours et mesurer l’impact de mes choix. Résultat : dans New California, la moindre décision peut avoir des conséquences dramatiques.

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Dans ma deuxième partie, j’ai taclé le défenseur. Ma jambe ne s’est pas cassée — loin d’être relégué au rôle de nerd boitillant, je suis devenu l’athlète préféré de l’Abri 18. Le coach m’aimait tant qu’il m’a fait part de ses rêves de retour au passé glorieux de l’Amérique, avant la guerre et les bombes. Je l’ai suivi quand il a lancé un putsch a l’encontre de nos dirigeants. Une fois de plus, j’ai rassemblé quelques survivants — devenus inutiles à notre cause, ils ont fini exécutés par le coach.

J’étais entouré lors de ma première partie. D’autres aventuriers aux personnalités et talents divers m’accompagnaient dans les plaines de la Nouvelle Californie. Cette fois, je me suis retrouvé seul avec ma brutalité. Quand les esclavagistes sont venus me chercher, j’ai poursuivi ma route en enjambant leurs cadavres.

Difficile de dire à quel point ces playthroughs sont différents. Après environ trois heures dans chacun d’eux, leurs personnages respectifs n’ont rien à voir : le premier est un esclave perdu dans une mine, le second un officier du culte militaire de l’Enclave. New California a l’âme d’un vieux Fallout, et tout particulièrement de Fallout 2.

Les premières itérations de la licence jetaient le joueur dans la nature, où il rencontrait diverses histoires et factions. À lui de choisir lesquels il préférait suivre. Les Fallout de Bethesda misent sur des histoires moins arborescentes à la faveur du loot et de l’exploration d’un monde ouvert. Les deux approches sont amusantes. Cependant, je préfère la plus ancienne — celle dont se nourrit New California.

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Lee explique qu’il voulait construire un Fallout qui reste concentré sur l’histoire tout en récompensant les joueurs qui explorent son univers. Il me semble qu’il a réussi. Dans ma première partie, je voulais tant sortir de l’abri et voir la surface que je me suis précipité dans le scénario. Dans la seconde, j’ai pris mon temps et appris à connaître mes semblables. New California a recompensé ma patience à coups de perks, des bonus bien utiles à mes divers skills. Plus je parlais aux gens, plus je décrochais de nouveaux perks, plus je débloquais d’options dans les dialogues suivants. New California ne veut rien tant que vous immerger dans son histoire.

Le contraste du jeu de Radian-Helix Media et de Fallout 76 est criant. Le dernier titre de Betheda emmène la licence sur les terres du multijoueur, une direction que certains fans détestent ouvertement. Lee a lancé son mode le jour de l’ouverture de la beta de Fallout 76, mais il ne croit pas être en compétiton avec le AAA. « C’est ce qui nous plaît un peu plus, c’est tout », lance-t-il. « [New California] sert clairement d’argument-massue à certains joueurs, mais j’aime bien Bethesda. »

Lee n’est pourtant pas dupe des problèmes de Fallout 76. Il comprend l’irritation des fans, notamment au sujet des frappes nucléaires comme mécanique PvP. Tous les Fallout avant lui utilisait l’annihilation par l’atome comme toile de fond, pas comme ressort de gameplay. « Ce n’était pas supposé être désirable » regrette Lee. « Ce n’était pas qu’une source de divertissement, c’était aussi un avertissement. […] Cet avertissement est désormais un symptôme. C’est bizarre. »

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Lee croit savoir que cette transformation était en gestation depuis longtemps. À l’en croire, les jeux de Bethesda ont éteint l’étincelle de la série originale bien avant Fallout 76. « La [période] pré-guerre de Fallout est supposée être horrible », indique-t-il. « Les gens devaient garder le sourire pendant que la stagflation faisait s’envoler le prix d’un plein jusqu’à 4937$, que la Nouvelle Peste tuait des milliers de personnes, que des émeutes à Los Angeles engendraient des violences policières jusqu’alors inconnues… C’était un cauchemar. Fallout 4 lui a donné un air idyllique. »

Le père de New California affirme qu’il comprend l’âme de Fallout et que son but était de faire un jeu qui reflète cette âme.

« Le message, c’est que la grande guerre a éclaté pour des raisons par trop humaines » explique-t-il. « Nous n’avons pas appris de nos erreurs à temps. Nous avons laissé nos préjugés et notre haine s’infiltrer trop profondément. Nous nous sommes perdus dans le progrès en oubliant ses conséquences. Voilà de quoi parlait Fallout. C’était l’histoire d’une génération qui se bat pour retrouver la promesse du monde de demain, une promesse qui lui a été dérobée. Une génération condamné à grandir dans un monde désolé dont elle n’est pas responsable. Ça, c’est l’âme de Fallout. Quand ce message se perd, surtout à un moement comme celui-ci, c’est un jour sombre pour le lore et la license. »

Dans New California, les joueurs arpentent un monde qu’ils n’ont pas créé. Ils échangent avec des factions et des tribus plongées dans des guerres qu’ils ne comprennent qu’à peine. Il faut pourtant choisir un camp, se faire des amis et tuer des super mutants. Sur le chemin, ils apprennent quelque chose sur l’esprit américain. Pour moi, un jeu Fallout, c’est ça.

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