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Music

N’essayez pas de fourrer une main dans la culotte des Vaginas, What Else ?

« Je veux que nos fans nous envoient des photos de leur bite ! On n’en a encore jamais reçues, et c’est à ce moment-là que tu peux dire que t’es vraiment célèbre. »
LB
Brussels, BE
Photo: Girls Go Boom, Bert Janssens, Julie Rommelaere

Quand j’ai été briefée sur une interview avec les Vaginas, What Else?, mon cerveau s’est atrophié, laissant place au néant le plus total où le mot « vagin » s’est mis à raisonner incessamment. J’ai gardé la face, assimilant le peu d’infos qu’on me donnait à leur sujet : « Elles n’ont enregistré aucun morceau », « aucune d’elles ne savait jouer d’un instrument avant de monter leur groupe », « elles sont complètement tarées. »

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Arrivée au Bar Wilson, à Gand, je tombe nez à nez avec un vagin géant posé au pied du bar. Elles l’ont fabriqué à l’occasion d’un concert au cours duquel le public était invité à renaître grâce à un furtif passage à travers. Je situe ensuite les trois Vaginas, assises à la table d’à côté. À peine le temps de commander un vin blanc, que l’une d’elles demande pour sortir fumer une clope avant de commencer. Nous ne quitterons finalement jamais la terrasse. Certes, il fait froid, mais l’atmosphère diffusée par les parasols chauffants et le plaisir d’inhaler notre dose de nicotine ont transformé cette banale interview en l’aprèm BFF de mes rêves. Confidences les plus intimes teintées d’une forte dose de second degré, on a parlé un peu musique et sexe à gogo, mais surtout, on s’est tapé des barres.

VICE : Vaginas, What else?, c’est plutôt osé comme nom de scène. Est-ce qu’il y a un message derrière tout ça ?
Tine Lammens : Oui, il y a un message caché derrière chacune de nos chansons.
Charlotte Nierynck : Par exemple, on a un titre à propos des « chattes en plastique » et toutes ces opérations qui deviennent très à la mode. Ça concerne toutes ces filles qui se font resserrer le vagin ou couper les petites lèvres afin d’obtenir un sexe qui ressemble le plus possible à celui des actrices de l’industrie porno où tout est bien net là en-dessous. En réalité, c’est une métaphore sur le fait de vivre sa vie comme la société l’entend. Il faut sortir des diktats préétablis, de ce qui est imposé comme beau ou respectable. Une chatte refaite, nous n’en voulons pas ! On l’aime telle qu’elle est !
Tine : On est vraiment dans un esprit d’acceptation de la différence. Si tu veux faire quelque chose et que ça te rend heureux, on s’en fout. Fais-le !
Charlotte : C’est notre philosophie « hang it loose or keep it tight ».
Céline Vandenberghe : On a aussi ce titre, « Stripper poor rose ». On y exprime l’idée qu’il n’y a aucun problème si tu as envie de t’habiller comme une salope.
Charlotte : Que tu sois super extravertie, ouverte ou sauvage dans la manière de te comporter ne veut pas nécessairement dire que tu es une fille facile.
Céline : Exact. Ça ne veut pas dire que quelqu’un peut glisser sa main dans ta petite culotte sans autorisation.

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Foto door Bert Janssens

Comment ça se passe au niveau de l’écriture de vos textes ?
Charlotte : Comme on ne se connaissait pas avant de monter le groupe, on a vraiment plein d’anecdotes à se raconter. Nos expériences avec nos exs, par exemple. Puis, quand ça éveille quelque chose en chacune de nous, on crée à partir de ça.
Céline : Notre amitié grandit au même rythme que notre groupe évolue. On apprend toujours à mieux se découvrir. On laisse tomber les barrières de l’intimité.
Tine : On prône vraiment la transparence et l’honnêteté.

Si vous êtes complètement transparentes l’une avec l’autre, je suppose que vous l’êtes aussi avec votre public.
Charlotte : Quand je suis sur scène, personnellement, j’adore choquer les gens. Par exemple, quand on fait le soundcheck, je ne veux absolument pas chanter, tout simplement parce que je ne sais pas chanter. Alors, je raconte des trucs au public à propos de mes menstruations. Tout le monde nous regarde d’un air outré : « chuuuut… ne parle pas de ça » se disent-ils tout bas.
Céline : Ça serait juste trop bizarre si on prenait les choses trop sérieusement et qu’à côté de ça on jouait comme on le fait.
Tine : On serait vraiment des artistes de merde.

L’art de la provocation. Ça doit être dingue de vous voir à l’action.
Charlotte : Oui ! Et la plupart du temps, la foule réagit de manière plutôt logique à nos provocations. Ils se marrent tous, se regardent dans le blanc des yeux avec l’air de s’interroger sur ce qu’on est en train de foutre sur scène. Mais ils aiment ça, et la plupart du temps ils entrent vraiment dans notre univers.

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C’est un peu une histoire à la Benjamin Button votre parcours. Je sais que vous avez formé les Vaginas avant même de savoir jouer d’un instrument. Comment ça se passe sur scène quand on vient à peine de débuter dans la musique ?
Charlotte : La plupart du temps, quand on est bookée quelque part, on réalise à peine. On est hyper surprise et hyper contente à la fois. On éclate de rire parce qu’on sait
que c’est quand même carrément étrange.
Tine : Mais on a dû travailler dur pour en arriver là. Il n’est pas seulement question de nonchalance, on y met vraiment beaucoup d’efforts.
Céline : Il a fallu commencer par prendre conscience de nos limite, de la quantité d’alcool qu’on pouvait ingurgiter avant un show par exemple.
Charlotte : Au début, on ne buvait jamais, et c’était vraiment un problème.
Céline : On était hyper nerveuses.
Charlotte : Moi, je tremblais à mort. J’étais consciente que je ne pouvais pas me tromper de note sur ma keytar, sinon ça allait sonner comme de la merde. C’était vraiment le bordel dans ma tête. Je me disais « putain qu’est je suis en train de foutre ? »
Tine : « Mes seins transpirent ! »

Foto door Julie Rommelaere

J’imagine que vous avez dû traverser quelques moments de malaise…
Tine : J’ai une histoire ! J’ai une histoire !
Charlotte : C’était lors d’un de nos premiers shows. Un moment vraiment important pour nous.
Tine : Oui, un concert au Kinky Star ! On fumait une clope dehors après avoir fait le soundcheck. J’étais assise en tailleur et discutais avec les gens qui nous avaient booké ce soir-là. On était toutes excitées. Puis le copain de Cha est venu vers moi pour me chuchoter discrètement à l’oreille : « Tine, je pense que tu as un problème de… menstruation. » J’étais carrément bouleversée par la nouvelle. Elles ont frappé à la porte sans prévenir, alors que ce n’était pourtant pas le moment ! J’ai commencé à appeler tous les amis qui venaient pour leur demander de trouver une solution de rechange.
Céline : C’était vraiment une grosse affaire. Un secret de polichinelle. Elle appelait tout le monde en demandant de lui ramener un pantalon.
Charlotte : Tout le monde était au courant.
Tine : Oui, tout le monde savait, mais j’essayais quand même de feindre un peu de discrétion. Il a donc fallu faire le concert, et je portais un vieux baggy militaire super large.
Céline : Heureusement que tu es la batteuse et que tu n’avais pas à te lever, sinon ça aurait été vraiment étrange.

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Tu n’as pas expliqué au public tes problèmes de menstruation comme le fait Cha ?
Charlotte : À ce moment-là c’était super embarrassant. C’est seulement après qu’on a su en rigoler.

Vous avez l’air hyper fusionnelles en tout cas. Vous vous connaissez pourtant depuis très peu de temps.
Charlotte : C’est peut-être le fait qu’on soit toutes les trois nées…
Céline : …par césarienne.
Charlotte : On est pas passées par le vagin, mais bien par l’estomac. C’est pour ça qu’on est si jolies !
Céline : C’est peut-être pour ça qu’on est atteintes au cerveau. Par manque de pression au moment de sortir, nos deux lobes ne se sont pas bien collés ensemble.
Charlotte : La connexion avec nos mères n’était pas assez aboutie, alors on a du se connecter l’une à l’autre.

Ce bon moment vous a-t-il inspiré quelques fantasmes de star?
Céline : J’aimerais qu’on ait des tasses avec nos noms écrits dessus, des vêtements, et même des poupées Barbie à notre effigie.
Tine : Ça serait énorme si les gens voulaient acheter des poupées Céline ou Tine !
Céline : Le top, ça serait qu’on devienne une marque !
Tine : Impossible de se balader en vieux training ou avec des pantoufles aux pieds en public. Il ne faudrait pas briser notre image !
Charlotte : Je veux que nos fans nous envoient des photos de leur bite ! On n’en a encore jamais reçues et c’est à ce moment-là que tu peux dire que t’es vraiment célèbre.
Tine : C’est le rêve !

Retrouvez les Vaginas, What Else? sur Facebook et sur Instagram , ou en live au Lokale Helden ou au Rock Zerkegem à Ostende .

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