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ZAD

ZAD partout : tour d'horizon des zones à défendre dans le monde

De la forêt d'Hambach, la plus grande d'Europe, à celle qui embête Evo Morales, en Bolivie, en passant par celle de demain, qui commence à voir le jour en Guyane.
Photo : Mauricio Torres / Fluminense Federal University / AFP

Alors que s'ouvre ce lundi une semaine « intergalactique » sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, nombreuses sont celles qui continuent de perdurer en France et dans le monde. Pour fêter la fin des vacances, on s'est lancé dans un petit tour d'horizon des Zones à Défendre.

Dans le monde

La forêt d’Hambach : la plus grande d'Europe

Depuis 2012, cette forêt située non loin de Cologne en Allemagne est occupée par des écologistes. Le conglomérat d’énergie RWE prévoit d'y couper des arbres pour extraire du charbon – une mine jouxte actuellement la forêt. Une quarantaine de cabanes ont été construites dans les arbres, dans lesquels certains zadistes français, passés notamment par Bure, se sont installés. Il s’agit aujourd’hui d’une des plus grande ZAD d’Europe.

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La gare de Stuttgart : la plus urbaine

Le projet de Stuttgart 21, qui date de 1988, prévoit de démolir l'actuelle gare de cette ville industrielle du sud de l'Allemagne pour en construire une autre, souterraine. Cette nouvelle gare rendrait possible une grande ligne ferroviaire européenne reliant Paris à Bratislava en six heures. Mais pour cela, non seulement la gare historique de cette ville du Bade Wurtemberg serait détruite, mais également tous les arbres d'un parc situé devant la gare.

L'opposition s'organise dès les premiers coups de pelleteuse, en 2009. L'année suivante, le parti Vert est élu à la tête de la ville, en réponse au projet controversé. Puis, les habitants se sont rassemblés autour du chantier de la nouvelle gare. La police locale intervient à plusieurs reprises, parfois de manière très musclée, pour évacuer les lieux. La construction de la gare a été maintes fois retardée son coût a été réévalué plusieurs fois, sa livraison est prévue pour 2024. A l’origine elle devait ouvrir en 2019.

Le val de Suse : la plus transfrontalière

Ce projet controversé, né dans les années 1990, veut relier Lyon à Turin via une nouvelle ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV). Elle doit supprimer le passage d'un million de camions par an et raccourcir le trajet Paris-Milan à un peu plus de quatre heures, contre sept actuellement. L'opposition au projet vient surtout du côté italien, avec la création du mouvement « No TAV »(pour « Treno ad Alta Velocita, ou « train à grande vitesse ») qui a regroupé plusieurs dizaines de milliers d'opposants depuis 2005, lorsque les premières ébauches du projet ont vu le jour.

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Si la France et l'Italie s'étaient accordées en 2017 pour le lancement des travaux, prévoyant une livraison à l'horizon 2030, l'arrivée au pouvoir du Mouvement 5 Etoiles en Italie pourrait remettre en question l'accord. Le ministre italien des Infrastructures, a même récemment déclaré que cette liaison ferroviaire serait « superflue ».

Route transamazonienne de Bolivie : la plus anti-Morales

En 2011, le président bolivien Evo Morales adhère au projet brésilien de construction d'une route qui relierait le Pacifique à l'Atlantique. Elle est censée désenclaver des provinces rurales de la Bolivie, l'un des plus pauvres de l'Amérique latine. Un projet essentiel pour le développement du pays, selon La Paz. Mais la route couperait en deux le Territoire Indigène et Parc National Isiboro-Secure (TIPNIS), où vivent 15 000 Indiens amazoniens.

En septembre 2011, la lutte contre le projet a pris une tournure sérieuse, après la dispersion brutale de manifestants, majoritairement indigènes — une des bases électorales d'Evo Morales. L'opposition s'est enflammée, avec des manifestations très massives et le gouvernement a dû renoncer au projet. Mais en 2017, les communautés locales, qui étaient fortement opposées, étaient un peu plus divisées – entre la volonté du développement de leur territoire et la préservation de l’environnement. Pour Morales, tôt ou tard, le projet finira par voir le jour, « tôt ou tard ».

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En France

© Guillaume Souvant / AFP

Le Center Parc de Roybon : la plus vénère

Situé dans l'Isère, Roybon est un village de 1 300 habitants avec une forêt avoisinante. En 2007, le conseil municipal de la ville a approuvé le projet du promoteur immobilier Pierre et Vacances pour implanter un grand Center Parcs dans la forêt. L'infrastructure doit recevoir jusqu'à 5 620 personnes, et compter 2 000 places de parking. Des pêcheurs, écologistes et habitants s'y opposent et ce de manière de plus en plus forte. Jusqu'à ce que des arbres commencent à tomber en octobre 2014. Les opposants forment alors une ZAD en novembre, dans la maison forestière proche du chantier.

Ce n'est pas l'occupation qui arrête les travaux de défrichement de la forêt, mais la justice. Le tribunal administratif de Grenoble a annulé le 16 juillet 2015 un arrêté préfectoral autorisant la destruction de zones humides. Pour le tribunal, les mesures compensatoires du projet étaient insuffisantes. Le 16 décembre 2016, la cour administrative d’appel de Lyon a confirmé que le Center Parc de Roybon était illégal.

Depuis, la ZAD de Roybon a fêté ses 3 ans en décembre dernier, et les militants continuent de multiplier les recours. En revanche, les rapports entre les zadistes et certains locaux ne sont pas toujours au beau fixe. Plusieurs incendies de cabanes de la ZAD ont été à déplorer depuis le début de l’occupation. En juin, les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs perquisitions, suite à l’agression de riverains à proximité de la ZAD.

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Le centre de stockage de déchets radioactifs de Bure : la plus altermondialiste

Le Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) veut créer un centre de stockage de déchets radioactifs dans la commune de Bure (Meuse). Ce centre est prévu pour abriter 80 000 m3 de résidus radioactifs. Il s'agit d'un réseau de galeries souterraines creusées dans l'argile, à 500 mètres de profondeur, avec une mise en service en 2025. Les travaux, dont le coût est évalué à 25 milliards d'euros, sont réalisés depuis 2007 dans une forêt qui domine ce village lorrain.

Des riverains, de nombreuses associations locales et de mouvements antinucléaires se sont mobilisés pour s'opposer à la création d'une « poubelle nucléaire » en pleine campagne. Dès l'été 2015, un « camp anti-autoritaire et anticapitaliste » voit le jour à Bure. Cette vision altermondialiste de l'opposition est l'une des principales caractéristiques d'une ZAD, pour Philippe Subra, professeur à l'Institut français de géopolitique-Paris-VIII et auteur de Zones à défendre, de Sivens à Notre-Dame-des-Landes (Éditions de l'Aube, 2016).

En février 2018, la trentaine de militants présents dans forêt de Bure ont été expulsés, pour se replier dans la « Maison de résistance », installé dans le centre-ville de Bure. En vue du début des travaux prévu pour l'automne, les militants organisent du 3 au 10 septembre, une semaine « pour se retrouver et se préparer » sentant que l'expulsion est proche.

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EuropaCity : la plus francilienne

Depuis 2006, le groupe Auchan mûrit un projet extravagant de méga centre commercial, baptisé EuropaCity, qu'il compte installer dans le triangle de Gonesse, une étendue de terrains agricoles, coincée entre les aéroports du Bourget et de Roissy-Charles-de-Gaulle, à seulement 20 kilomètres du centre de Paris.

Les opposants de ce projet craignent l'impact environnemental d'un tel projet et le « bétonnage » de terres agricoles. Si le début des travaux est prévu pour 2019 (pour une ouverture du complexe en 2024), certains se demandent si l'opposition à EuropaCity ne va pas se durcir. Pour le moment, le lieu n’est pas occupé, mais les opposants ont installé un grand potager de 3 000 mètres carrés.

La Montagne d’or en Guyane : la prochaine ?

Au coeur de la forêt amazonienne, la Compagnie minière Montagne d’or voudrait ouvrir en 2022 une immense mine afin d’extraire au moins 85 tonnes d’or pendant douze ans. Si le président Macron semble y être plutôt favorable, son ministre de l’Ecologie, Nicolas Hulot, l’est beaucoup moins.

Les jeunes de la communauté amérindienne locale s’opposent au projet depuis plusieurs mois. Début avril, les associations "Jeunesse Autochtone", "Trop violans", "Or de question", et "500 frères" se sont mobilisés contre le projet. Si la Montagne d’Or n’est pas occupée pour le moment, certains semblent commencer à se poser la question selon des locaux interrogés par France Inter en juin.