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Interviews

J’ai demandé à Henry de Lesquen s’il croyait vraiment à ses théories racistes délirantes

Entretien vérité avec l'un des personnages les plus sinistres de l'extrême droite française actuelle.

J'ai toujours rêvé d'interviewer un vrai raciste. Pas juste un mec de base qui vote FN avec la haine de l'étranger en bandoulière, mais un idéologue, un raciste pur et dur pour qui la xénophobie est un truc en lequel il croit positivement. Car avec ce type d'individus, rares, on pénètre dans la quatrième dimension de la pensée. Pour notre génération habituée à côtoyer toutes les couleurs de peau, qui trouve ça parfaitement normal et enrichissant, cela revient à pénétrer dans un territoire inconnu où tout devient bizarre, absurde. Et dans cette catégorie-là, le haut fonctionnaire français Henry de Lesquen fait figure de champion incontesté.

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De Lesquen est un habitué de longue date des réseaux d'extrême droite. Né en janvier 1949 dans une famille de descendance aristocratique, administrateur civil pendant quatre décennies, ancien conseiller municipal de la ville de Versailles, président de la très droitière Radio Courtoisie et du groupe d'anciens de l'ENA le Carrefour de l'Horloge, il s'est récemment mué en prophète du « national libéralisme », concept avec lequel il s'est rendu candidat à l'élection présidentielle de 2017. Dans son programme, on retrouve un imbroglio de pensées inégalitaires regroupant d'un côté un discours ultralibéral de type Thatcherien, et de l'autre, une doctrine ultranationaliste assez proche d'un mec comme Jean-Marie Le Pen. Un mélange d'UMP et de FN première période, en gros.

Depuis le début de sa campagne – et même s'il est peu probable qu'il arrive à glaner les 500 signatures obligatoires pour se présenter –, Henry de Lesquen s'est fait plusieurs fois remarquer. Outre ses avis positifs à propos de l'esclavage ou son projet de raser la Tour Eiffel, son compte Twitter est une source régulière de dérapages racistes totalement abusés, de lamentations au sujet des « médias gauchistes », de même que de plaintes fantaisistes à propos d'un improbable « mensonge » au sujet du réchauffement climatique. À l'heure où de Lesquen craint une possible « congoïsation de la France », je l'ai rencontré afin de savoir s'il croyait réellement à toutes les conneries qu'il avançait. Manifestement : oui.

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VICE : D'après vous, il existerait des races humaines, mais les biologistes ne sont pas d'accord avec vous. En effet, l'ADN humain est extrêmement cohérent et il n'existe aucun marqueur spécifique aux Blancs, comme aux Noirs.
Henry de Lesquen : Vos affirmations sont fausses. Les races humaines sont des faits d'observation élémentaire que la science confirme et précise. Ce sont les subdivisions de notre espèce homo sapiens dans la taxinomie linnéenne en plusieurs branches différentes. On parle donc bien ici de races humaines.

Les tests le contredisent pourtant. Du coup, jusqu'où pouvez-vous croire en cela ?
J'y crois dur comme fer. Il y a cinq races humaines : caucasoïde, mongoloïde, congoïde, capoïde, australoïde, selon la terminologie du grand anthropologue américain Carleton Coon, mort en 1981. Selon la théorie polycentrique soutenue par les chercheurs Weidenreich, Coon, et Wolpoff, ces races se sont séparées il y a un million d'années. Les scientifiques qui nient les races humaines sont des lyssenkistes, c'est-à-dire des disciples de Trofim Lyssenko, le biologiste préféré de Staline et de Khrouchtchev. Ce sont des sophistes fanatiques égarés par leur idéologie. Votre remarque sur l'ADN est absurde.

Pourtant, je me suis renseigné auprès de biologistes et de généticiens travaillant au CNRS, des pontes dans leurs domaines, et ils ne sont pas d'accord avec vous.
Les scientifiques avec qui vous avez parlé sont des menteurs. Ils n'osent pas vous le dire parce que vous êtes journaliste, mais au fond d'eux-mêmes ils sont bien évidemment d'accord avec moi.

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Une analyse toute personnelle, en dix points. Image via le Facebook d'Henry de Lesquen.

Très bien. Parlez-moi de votre slogan de campagne : « Pour que la France redevienne la France ». Qu'est-ce que cela veut dire ?
J'observe que vous faites de toute évidence partie des adeptes du cosmopolitisme, qui ont une vision erronée et surtout mensongère de l'Histoire.

Euh, je ne fais partie de rien du tout. Je vous pose juste la question pour que nos lecteurs comprennent bien votre slogan de campagne.
C'est très à la mode de dire que la France serait cosmopolite, qu'elle aurait accueilli au fil des siècles tout un tas de populations immigrées venues d'un peu partout et qu'elle les aurait assimilées. C'est très à la mode, mais c'est surtout complètement faux. Si l'on regarde bien, entre 850 et 1850, il n'y a pas eu d'immigration – ou très peu. Quelques milliers de Vikings, quelques populations par-ci par-là. Rien de plus.

Donc vous pensez qu'il existe une France éternelle qui aurait traversé les siècles, sans jamais se transformer ?
La France dont je parle, c'est une France blanche et chrétienne qui existe depuis Clovis. Ce n'est pas une France du métissage. Je combats le cosmopolitisme que cherche à nous imposer l'oligarchie de la superclasse mondiale, c'est-à-dire le métissage généralisé et la destruction de notre identité nationale. La France est blanche et chrétienne. Un point c'est tout. Sinon, ce n'est pas la France.

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« La danse et la musique nègres s'adressent au cerveau reptilien. Elles sont profondément sexuelles. Elles sont obscènes de part en part. »–––Henry de Lesquen

Revenons à votre idée de « congoïsation » de la France. Selon vous, celle-ci serait infiniment plus dangereuse que son islamisation, car je vous cite, les Arabes seraient des « caucasoïdes non européens ». Avouez que c'est grotesque.
Alors c'est qu'on vous a menti. Il n'est un secret pour personne, enfin pour personne de lucide, que les congoïdes africains sont moins intelligents que les caucasoïdes européens. Il suffit de voir la différence entre nos deux civilisations. Il est aussi absurde d'affirmer qu'il n'y a pas de différence de QI. Les chiffres que je donne correspondent à la réalité. Et c'est pour cette raison que la « congoïsation » de la France est infiniment plus dangereuse que son islamisation. En nous mélangeant avec les congoïdes, nous faisons baisser notre QI.

Oui mais là encore, ce que vous dites est totalement arbitraire. Que penser en effet de votre théorie selon laquelle les hommes et femmes noirs auraient « un quotient intellectuel de 70 », tandis que celui des Blancs se situerait « autour de 100 ».
Absolument. Ce sont des faits scientifiques. Le quotient intellectuel des congoïdes est largement inférieur au nôtre. Je préfère appeler les Noirs ainsi, car c'est le terme scientifique pour désigner leur race.

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OK, revenons sur votre programme. Entre le rétablissement de la peine de mort et des travaux forcés, la pénalisation de l'avortement et la suppression du SMIC, on trouve une idée de loi particulièrement étonnante : l'interdiction de la « musique nègre » – soit le jazz, le rock, et le rap.
C'est un point de mon programme, en effet. Je considère que ces musiques participent à l'ensauvagement de notre société, car elles sont centrées sur le rythme. La danse et la musique nègres s'adressent au cerveau reptilien. Elles sont profondément sexuelles. Elles sont obscènes de part en part. L'invasion de l'Occident par ces formes artistiques primitives est une catastrophe pour notre civilisation.Et ce n'est pas une conviction, c'est un fait. Je veux bannir la musique nègre des médias publics ou autorisés par l'État – c'est-à-dire obliger ceux-ci à revoir leur programmation.

Votre politique culturelle est déconcertante, notamment avec cette notion d'« art dégénéré » que vous souhaitez également interdire…
Le concept d'art dégénéré a été créé par un penseur juif, Max Nordau. Rien à voir donc avec le racisme antijuif – bien que certains Juifs se soient illustrés en la matière, comme Lucian Freud. L'art dégénéré cultive la laideur en inversant le sens esthétique : c'est un anti-art. L'image de la femme dans Picasso est le contraire de celle de Boticelli. Il n'y a pas de meilleure expression pour le qualifier que celle d'art dégénéré. Le prétendu art contemporain, lui, est un non-art dégénéré. Ce n'est plus de l'art, puisque le critère du beau y est éliminé.

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Vous avez aussi un point de vue tout à fait original sur l'esclavage.
Contrairement à ce que dit le politiquement correct, l'esclavage n'a pas été une si mauvaise chose que ça. Tout le monde y trouvait son compte en réalité.

Vous me médusez, Henry de Lesquen.
Il y a des esclaves noirs aux États-Unis qui étaient mieux traités et qui bénéficiaient d'un meilleur niveau de vie que les ouvriers blancs. Ils y trouvaient leur compte croyez-moi. Et puis au moins, ils avaient à manger.

Je suis persuadé que c'est grâce au progrès technique que l'esclavage a disparu. Si nous n'avions pas mis au point toutes ces machines pour nous simplifier la vie, nous aurions encore des esclaves.

Racontez-moi votre projet de raser la Tour Eiffel ?
Ah ça… Je trouve qu'elle est hideuse, en effet. À l'époque de sa construction, beaucoup d'intellectuels et d'écrivains s'étaient opposés à ce projet qui défigurerait Paris. Et je trouve qu'elle défigure toujours Paris. Mais bon, c'était plus pour rire qu'autre chose. Vous savez, sur Twitter il m'arrive de faire des blagues.

Mais vous seriez quand même tenté de le faire ?
Absolument.

Arnaud est sur Twitter.