FYI.

This story is over 5 years old.

LE NUMÉRO FILM

On a réveillé Ramzy

On a voulu interviewer Ramzy parce qu’il nous fait déconner et qu’entre Gérard Pirès, la télé et son film avec Quentin Dupieux, il a accumulé une sorte de sagesse lucide et tranquille sur cet objet mystérieux qu’est la comédie « à la française ».

On a voulu interviewer Ramzy parce qu’il nous fait déconner et qu’entre Gérard Pirès, la télé et son film avec Quentin Dupieux, il a accumulé une sorte de sagesse lucide et tranquille sur cet objet mystérieux qu’est la comédie « à la française ». Vice: On te réveille, là… C’est pas infernal quand on est Ramzy de vivre à Châtelet ? Tu te fais pas arrêter tous les dix mètres ?
Ramzy : Oui mais j’ai besoin de ça. J’ai besoin d’habiter Paris centre. J’aime bien entendre les toxicos le soir, les pompiers, les gens crier. J’ai vu la bande-annonce de Pimp My Ride, j’ai l’impression que tu veux pas faire un copier-coller de l’émission américaine, mais que tu veux vraiment la transposer en France. En fait t’es pas le Xzibit français.
Ah ah. Non, pas vraiment. C’est vrai que je pensais pas qu’on pourrait faire ça en France, déjà un, c’est Xzibit, et deux, Pimp My Ride c’est les grosses bagnoles américaines, c’est pas du tuning, là. Mais c’est parce que je connais la culture hip-hop depuis que je suis tout petit que je peux déconner avec. Quand on m’a proposé de présenter la version française ça m’a fait marrer, mais j’ai tout de suite demandé à voir les voitures. Quand ils m’ont montré l’équipe, les bagnoles, je me suis dit qu’on pouvait faire un truc vraiment bien. Ils te mettent des écrans géants de cinq mètres qui sortent du coffre, c’est n’importe quoi. Tout ce qu’ils mettent ça sert à rien, mais c’est marrant. Éric bosse aussi pour la télé en ce moment, il écrit une série. Vous faites chacun des trucs de votre côté finalement ?
Oui, parce qu’avec Éric, ça fait quinze ans qu’on passe 300 jours par an ensemble. Donc on s’est dit qu’on pouvait quand même faire quelques trucs chacun de notre côté. Éric avait ce projet de série, il l’a fait tout seul, il l’a vendu et ça va cartonner. Je suis hyper fier de lui. Moi je fais Pimp My Ride parce que c’est cool, donc on se balade chacun un peu tout seul parfois. Mais y’a qu’avec lui que je peux bosser, que je déconne autant, j’ai essayé avec d’autres mais ça sert à rien. C’est comme être avec ton pote de radiateur au fond de la classe, et devenir riche et célèbre avec lui. Et partout où on va on est au fond de la classe et le prof nous engueule mais la classe se marre. La télé a pourtant essayé de vous assimiler à une « famille », à l’humour « jeune » voire « jeune-banlieue », alors que c’est pas trop votre truc.
Alors là je vois que t’es un journaliste d’analyse. Je vais te dire, Éric et moi on n’a jamais fait un seul sketch sur la banlieue. On n’a jamais fait un film sur la banlieue, avec des personnages de cailleras, ­contrairement à d’autres. On s’est toujours interdit de faire ça. On a déjà des têtes de banlieue, on va pas cultiver ça. On voulait faire rire les gens tout simplement, sur n’importe quoi. On fuit ça. Moi l’humour communautaire ça me tue, c’est vraiment pas drôle, quoi. Et pourtant parfois on croise des acteurs français un peu gênés avec nous genre : « Ouais Éric et Ramzy ! Yoyo ouesh ! ». Ça me gêne, je comprends pas. Mais c’est nos physiques. Ce week-end j’étais à Londres, y’a une Anglaise qui me fait : « Oh, where are you from ? » Je lui dis : « Porto Rico! » et elle répond : « You look more like an Algerian! » Qu’est-ce que je peux faire… Ouais, non seulement vous ne faites pas vraiment partie d’une « famille » mais vous prenez un peu le contre-pied de la comédie française sociétale à thème. Les films pétés sur la garde alternée, le déménagement, les travaux, l’homosexualité en entreprise, le gîte de montagne. Vous êtes plus proches de la comédie améri­caine, vous partez d’une idée débile pour créer des situations et écrire des vannes.
Oui, c’est vrai qu’on procède plus comme ca. On s’en rend compte avec Éric, même si c’est pas concerté, ni calculé. On a nos personnages, bon y’a toujours un idiot et un moins idiot, mais on alterne, on essaie de les faire évoluer. La dynamique change, on veut pas être dans le truc du clown blanc et tout. Et depuis Steak vous voulez faire des films différents en restant dans le même registre ?
On est très fiers de ce film, même s’il n’a pas marché. C’est surtout l’univers de Dupieux qui nous parlait, et son idée de nous séparer pendant presque tout le film. C’était pour nous une nouvelle façon de jouer qu’on trouvait intéressante. On a un peu fait la même chose dans Seuls Two, à notre manière. Ce qui ne veut pas dire qu’on a envie de reproduire ça pour tous nos films, et encore moins de ne plus tourner ensemble. Notre prochain sera plus classique de ce point de vue. On devrait bientôt commencer à tourner, on a pris du retard. Tu traces à Tours pour Pimp My Ride, là ?
Ouais, une émission avec un groupe de rock, des « jeunes sympas » qui ont un combi Volkswagen. Faut que tu places les mots « camtar » et « matos »…
Ah ah, OK promis je les place. Je vais aussi placer « tonus », « les roadies » et « vous êtes une bande de potes ! ». Pimp My Ride, tous les mercredis à 17h30 sur MTV