FYI.

This story is over 5 years old.

Food

Je suis allée au McDo test crée-ton-propre-hamburger

De l'extérieur, le McDonald's de Laguna Niguel en Californie ressemble à tous les autres fast-foods de la chaîne : des murs blancs et tristes, trois enfants qui courent en cercle et leurs parents qui les supplient de se fourrer plus de frites dans la...

Photos : Arslane Merabet

De l'extérieur, le McDonald's de Laguna Niguel en Californie ressemble à tous les autres fast-foods de la chaîne. Des murs blancs et tristes, trois enfants qui courent en cercle et leurs parents qui les supplient de se fourrer plus de frites dans la bouche, et cette convivialité lisse qui vous attire à l’intérieur pour engouffrer votre dose hebdomadaire de graisse (ou : qui vous persuadent d'entrer pour). Et pourtant, ce McDo n'est semblable à aucun autre McDo : il s’agit du restaurant test de la chaîne, où l’on peut fabriquer. Son. Propre. Hamburger. Un rêve de gosse.

Publicité

J’ai d’abord été frappée par la propreté de l’endroit. C'était vraiment propre. Le comptoir brillait, les murs étaient rayés pour créer un effet futuriste et chic. Ce qui m'a le plus choquée, cela dit, c'était l’amabilité des employés. Trois adolescentes en chemise blanche boutonnée m'ont accueillie avec de grands sourires. « Bienvenue chez McDonald's ! » On aurait dit les Femmes de Stepford en version fast-food.

Ce McDonald's est le McDonald's du futur. Je ne dis pas ça juste parce qu'il est très propre et que les gens sont très sympas. Je dis ça parce que ce McDonald's a des iPad ! À quoi servent-ils ? Ces iPad vous permettent de customiser votre propre burger. Avec cet iPad magique, vous avez la possibilité de choisir des aliments exotiques comme un « petit pain artisanal » et du « guacamole ». Non, vous ne rêvez pas, un McDonald's qui sert du guacamole. Bienvenue au XXIe siècle, bande d'enculés. Bien entendu, ces petits plus que sont « des tables propres », « un espace chaleureux » et « la liberté de choisir » ne sont pas inhérentes à tous les McDo du monde. Non, ces choses doivent être « expérimentées », et la municipalité de Laguna Niguel est le seul endroit où vous pouvez apprécier en toute liberté les dispositifs énumérés précédemment.

Comme je l'ai dit précédemment, dès notre arrivée nous avons été accueillis par une gentille McBot, impatiente de nous montrer ces nouveaux iPad. Elle m'a tendu un petit menu sur lequel il était écrit « crée ton propre burger ». Je n'avais pas du tout envie de consulter un menu stupide, j'ai tracé vers l'iPad pour lancer ma commande. La McBots'est placée à côté de moi, un peu en retrait, mais je pouvais sentir sa présence. Elle avait son propre petit terminal accroché à sa ceinture. Chaque fois que je sélectionnais quelque chose, elle rentrait un truc sur son propre terminal.

Publicité

J'ai demandé : « Que faites-vous ?

– Je dois recopier votre commande.

– Ce n'est pas ce que je suis en train de faire avec l'iPad ?

– Si, mais je dois l'indiquer aussi ici pour que ça parte en cuisine.

– OK… donc quel est l'intérêt de commander sur un iPad si vous aller prendre ma commande dans tous les cas ? »

Silence.

Selon moi, il n’existe qu’un type de viande adaptée à la customisation d’un hamburger : le bœuf. C’est sans appel. Pas de crée-ton-propre-Filet-o-Fish pour moi. Vous pouvez ajouter du bacon, choisir entre deux pains différents, ajouter du fromage (du cheddar, du Pepper Jack ou des toastinettes), et sélectionner autant de garnitures que vous souhaitez. La dernière étape, c'est la sauce. J'ai commandé un burger au bœuf dans un pain artisanal sans fromage. Je l'ai garni de guacamole, de piments, de champignons grillés, de cornichons et d'oignons rouges. Pour la sauce, j'ai pris du ketchup et de la moutarde. L'employée ne m’a pas lâchée des yeux. Elle a regardé ma commande une dernière fois avant de l'envoyer en cuisine. Mon pote a commandé à son tour, espionné par la McBot.

Une fois la commande terminée, j'ai payé 11 euros pour les deux burgers, et la femme qui nous a suivis tout le long m'a donné un petit buzzer à mettre sur la table. « Lorsque la commande sera prête, ça sonnera. » J’avais presque l’impression d’être à Courtepaille. Mon ami et moi étions encore à la recherche d'une table que le buzzer a sonné. Une serveuse a débarqué avec notre commande. Les vingt secondes suivantes ont été très gênantes, puisque la serveuse nous a suivis jusqu'à notre table. Ces vingt secondes auraient pu me permettre d’en lâcher un petit sur la route, mais j’ai dû faire avec une inconnue à mes trousses. On a trouvé une place et elle nous a servi nos burgers dans des corbeilles métalliques. On est où là, au Palais du Fruit ? Les frites étaient servies dans des cônes en carton. Non, toujours chez McDonald's.

Publicité

Je dois l'admettre, mon burger avait l'air délicieux. J'ai écrasé les deux moitiés ensemble et j'ai croqué dedans. Après seulement deux bouchées, je savais déjà que le pain artisanal était le vainqueur. Il avait un goût étrangement industriel, mais il était quand même bon. Tout le reste était convenable, même le guacamole, ce qui n’a pas manqué de m’étonner – c’est comme demander à un KFC de réussir un aligot. D’ailleurs, pendant qu'on mangeait, un manager qui ressemblait curieusement au Colonel Sanders est venu nous interroger sur notre repas. J'étais à deux doigts de me lever pour aller complimenter personnellement le cuistot. Comme dans les films. Je me suis retenue. À la place, je lui ai posé des questions sur la customisation des hamburgers. Il m'a dit que d’ici deux ans, tous les McDo auraient des iPad inutiles et un guacamole convenable. Il a rajouté que les steaks de bœuf étaient cuits au barbecue, une méthode différente de celle utilisée pour la cuisson des Big Mac. J'avais peur de demander comment ils cuisaient les Big Mac. De toute façon, le Colonel Sanders est parti saluer une autre table.

Depuis notre table, j’épiais deux hommes en costume travaillant sur leurs ordinateurs et buvant leur café. On est où là, chez Starbucks ?! Ensuite, un ado s'est ramené avec son sac à dos Pikachu et je n'ai plus eu la moindre idée du lieu dans lequel je me trouvais. J'ai fini mon hamburger, et si j'avoue m'être bien amusée, je me suis également souvenue de la raison pour laquelle j'avais arrêté de manger McDo.

Publicité

Peu importe le look de votre hamburger, peu importe l'apparence snob de votre pain ou les sauces que vous avez foutu dedans, au final, ça reste un hamburger de chez McDonald's. Amen. Je me suis sentie mal quasi-immédiatement. Mon estomac pesait lourd, mes artères paniquaient. Et, deux heures après, je ramassais toujours, mais j’avais à nouveau faim.

Mon pote était de bien meilleure humeur. Il a dit : « C'était super bon. » Il m’a dit que ça lui évoquait les hamburgers maison, cuits sur le barbecue d’un jardin. Je ne suis peut-être qu'une pauvre snob qui ne peut pas apprécier les choses simples de la vie produites en masse que nous proposent des chaînes tentaculaires.

Si le hamburger avait été moins cher, je l'aurais sans doute trouvé meilleur. Est-ce que ça valait le coup de faire tout ce chemin jusqu’à Laguna Niguel ? Pas vraiment. Cela dit, si ça devient inhérent à tous les McDos, j'y retournerais avec plaisir. J'utiliserais même l'iPad pour passer ma commande, sans relever le côté complètement inutile et infructueux. L'ambiance, c'est le principal, et à ce putain de McDonald's, y'en avait.

@JustAboutGlad