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Apparemment, les Saoudiens utilisent des balises électroniques pour surveiller leurs femmes

La semaine dernière, un article à propos d'un nouveau système de répression adopté par les autorités saoudiennes...

La semaine dernière, un article à propos d'un nouveau système de répression adopté par les autorités saoudiennes a été relayé un peu partout sur Internet. Et pour cause : une puce électronique destinée à être greffée dans les téléphones portables des femmes est désormais disponible à la vente ; en gros, ça permet aux saoudiens d'être avertis par SMS si leur femme, fille ou sœur venait à se faire la malle pour arrêter de se coltiner leur comportement merdique. On pourrait presque en rire, si ce n’était pas si con. Cela dit, ce n’est pas aussi abusé que tout le monde le prétend.

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Chaque femme en Arabie saoudite est déjà sous la tutelle d’un homme – et n’a pas le droit de quitter le pays sans sa permission écrite, par exemple. Ce tout nouveau procédé de répression sexiste et tyrannique n’est donc qu’une version modernisée et électronique d’un système déjà bien ancré dans les mœurs.

J’ai discuté avec une femme saoudienne, sociologue, écrivain et prof de sciences humaines, et qui a préféré garder l’anonymat par peur des représailles. Parler à visage découvert des conditions dans lesquelles vivent les individus dotés de vagins en Arabie saoudite pourrait lui coûter son job, voire pire.

VICE : Comment c'est d'être une femme en Arabie saoudite ?
C’est difficile à décrire. C’est bien moins triste que ce que les gens ont tendance à imaginer, mais à côté de ça, j’aimerais que l’on se fasse plus entendre. Le problème, c’est que la plupart des gens font de fausses généralités à propos de notre pays. Parfois je m’y sens mieux que nulle part ailleurs, et parfois, j'ai l'impression de n'avoir aucun droit.

Pourrais-tu résumer la condition de la femme dans ton pays ?
Le système saoudien voit les femmes comme une minorité ne pouvant rien accomplir d’important dans leur vie, notamment étudier, porter plainte, se marier, voyager ou conduire sans l’aide d’un homme.

Donc les droits de la femme sont inexistants.
Oui, même si tous les pays se battent pour les droits de la femme, l’Arabie saoudite elle, en est encore à ses premiers balbutiements quant à l’égalité hommes/femmes. En gros, s'ils apprenaient l'alphabet, ils en seraient toujours à la lettre A. C’est frustrant de se savoir aussi qualifiée – voire plus qualifiée – que les hommes en face desquels on se trouve et de devoir admettre que c’est eux qui ont le pouvoir.

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OK. Les autorités ont vraiment mis en place ce système électronique ?
Un article a été publié à ce propos car un couple de Saoudiens est récemment parti à l’étranger et le mari a eu la surprise de recevoir un SMS des services d’immigration l’avertissant que sa femme était en train de quitter le pays. Il y a eu une forte médiatisation ces derniers temps mais de ce que j'en sais, ce système n’est pas nouveau – ça fait un bon bout de temps qu’il a été mis en place.
Les enfants, au même titre que les femmes, ont toujours eu besoin de la permission d’un tuteur mâle pour voyager, et cette petite balise en est une, mais sous forme électronique. Ça permet au tuteur de donner son accord en ligne au lieu de se rendre au service des passeports. Et puis ça ne traque pas les femmes, ce truc signale juste aux hommes que leur femme quitte le pays et à quelle heure elle le fait.

Ça m'a toujours l'air aussi aberrant. Ça a un impact sur le droit des femmes ?
Le truc, c’est qu’un SMS envoyé par le gouvernement signalant son départ au tuteur est effectivement humiliant. Mais le cœur du problème, ce n’est pas ce système électronique, mais le système de tutorat. C’est ça qui réduit à néant les droits des femmes. Les médias et la communauté internationale ne devraient pas remettre en question ce système d’alertes SMS, mais le concept même de tutorat !

Existe-t-il des groupes de résistance au tutorat en Arabie saoudite ?
Il y a beaucoup de mécontentement car le destin des femmes, leurs rêves, leurs activités voire même leurs besoins primaires sont entre les mains des hommes qui, eux, ont la liberté de leur interdire tout et n’importe quoi tout en restant protégés par la loi.

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Y a-t-il beaucoup de protestaires dans le pays ?
Oui, de plus en plus. Saffaa est une artiste saoudienne qui fait des graffitis sur lesquels on peut lire « Je suis mon propre tuteur » ou « Je ne négocie pas avec le patriarcat ». Elle a également publié pas mal d’articles à ce sujet. Manal al Sharif, lui, dénonce souvent cet abus, tout comme les femmes du mouvement women2drive.
Beaucoup d’hommes saoudiens sont contre ce système, eux aussi, souvent des jeunes. Et même si beaucoup de gens combattent ce nouveau système de SMS ridicule, le pouvoir du pays est entre les mains des hommes ; il faut que les femmes redoublent d'efforts pour arriver à les convaincre de rejoindre leur cause. Ce n’est pas encore le cas, mais ça le sera bientôt, j’espère.

On croise les doigts. Merci, chère anonyme.

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