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J’ai essayé d’inhaler de l’alcool et ai été ivre de la pire manière qui soit

Cette idée est super bonne pendant cinq minutes, puis naze pendant tout le reste de la journée.

Récemment, je suis tombé sur un épisode des Simpson tiré de la 22e saison intitulé « Homer le père ». Dans celui-ci, Homer remplit un humidificateur de vodka et s'endort paisiblement dans un nuage de vapeurs d'alcool. « Hey », je me suis dit, « Ça a l'air faisable, et pas mal. Voyons voir. »

L'année dernière, certains de mes amis à VICE avaient essayé de fumer de l'alcool, obtenant des résultats assez significatifs quoique peu satisfaisants. Ma théorie, c'est que l'humidificateur ferait, à leur place, tout le sale boulot. Ce ne serait peut-être pas aussi drôle, mais je pourrais probablement me détendre, baigné d'un doux et humide nuage de vodka.

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J'ai donc fait appel à l’Internet, aka la collection la plus complète d'avis en tous genres pour se droguer et faire des erreurs. Je me suis rendu compte que je n'étais pas le premier à me poser la question « Peut-on se bourrer la gueule en mettant de la liche dans un humidificateur ? » En fait, il y a une décennie de cela, les premières machines de « vaporisation d'alcool » faisaient leur apparition aux États-Unis par l’intermédiaire  de l'inventeur anglais Dominic Simler et de sa machine Alcohol Without Liquid (AWOL). Apparemment, celle-ci fonctionnait en soufflant des bulles d'oxygène dans l'alcool, créant ainsi une buée alcoolisée à imbiber. Un YouTuber en furie avait alors prétendu s'être fait arnaquer ; selon lui, il ne s'agissait que d'un vaporisateur pour personnes atteintes de maladies pulmonaires. Mystère.

Dans une vidéo promotionnelle pour l'appareil figurant sur le site officiel d'AWOL, un des utilisateurs déclare : « D'ici dix ans, je vois bien tout le monde faire pareil. » Malheureusement pour Dominic et son alco-vapeur, la machine a été interdite dans 17 États américains en deux ans, bien que des imitations aient fait leur apparition ici et là. Depuis 2007, l'inventeur « trade des options dax ». Ne me demandez pas ce que ça veut dire, mais j'imagine que son business d'inhalation d'alcool n'a pas payé. C'est peut-être parce qu'il vendait son équipement 2 000 euros.

Puis, j'ai découvert un projet gastronomique londonien de 2009 nommé « Alcoholic Architecture », supposé être un « air-bar » pompant du gin tonic à travers les murs à l’aide d’un énorme brumisateur. Tout le monde reconnaissait cependant que les clients n'étaient que faiblement éméchés, ce qui ne compensait pas le fait de devoir porter une combinaison pour entrer dans l’établissement. Le concept a donc tenu dix jours. Mais l’idée était encourageante.

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La veille de mon expérience, j'ai candidement demandé à mon docteur ce qui allait se produire. Après avoir qualifié mon idée de « stupide », il m'a indiqué que l'alcool était un poison pour le cœur, et m'a conseillé de lire une étude sur le sujet, selon laquelle des rats ayant inhalé de l’alcool vaporisé étaient tous devenus des rongeurs alcooliques. Ce à quoi il a ajouté, « si les rats aiment, les humains adoreront. »

Le seul avertissement dont j'ai tenu compte concernait la possibilité d'un incendie. Il était hors de question d’utiliser le moindre truc chaud. Heureusement, la pharmacie à côté de chez moi disposait d'un petit humidificateur ultrasonique fonctionnant avec un petit diaphragme métallique vibrant, lequel produit une fine et délicate buée, comme les énormes machines d'Alcoholic Achitecture. Je me suis également muni d’un éthylotest et d’une bouteille d’un litre de vodka bon marché.

De retour chez moi, j'ai réglé la machine et découvert que je devais y attacher la bouteille de vodka. Au début, rien ne sortait du bec, et je me suis demandé si je n'avais pas pété le truc avant même de commencer. J'ai regardé l'avant ; la lumière verte brillait. J'ai retiré le sommet, la vodka bouillonnait comme prévu, mais aucune vapeur n’en sortait. L'alcool doit être plus lourd que l'eau, j'ai pensé. J'ai ajouté un peu d'eau dans le réservoir. Après quelques secondes, des vapeurs se sont mises à s’échapper du bec. C'était parfait.

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J'ai inspiré profondément pour en ingérer autant que possible, puis ai expiré. Horrible. J'ai dû prendre une bouffée d'air frais pour arrêter mes haut-le-cœur, et ai fini par alterner plusieurs mini-bouffées pour réussir à assimiler le truc. En tout cas, pour la vingtaine d'euros qu'il m'a coûté, cet humidificateur pompait bien un flux âcre et alcoolisé, répandant partout chez moi un épais voile de vodka. En termes de goût, c’est comme avaler un shot sans y être préparé. C’est difficile mais en plus de ça, c’est dégueulasse.

Après cinq minutes, j'ai fait une pause. Je me sentais assurément un peu étourdi, et ai tenu à vérifier mes suspicions à l’aide de l’éthylotest. Il affichait 1,2 g/l de sang. « C'est absurde », s'est exclamé mon colocataire. « Tu vas bien ? » J'ai réessayé : 1,1. Impossible que je sois aussi ivre ; ça ne faisait que quelques minutes que je « buvais » et mon élocution n'était aucunement affectée.

J'ai feuilleté le manuel pour voir si je pouvais calibrer un peu mieux l'appareil, et j'ai vu qu'ils recommandaient d'attendre 20 minutes avant de tester, histoire que l'alcool soit bien absorbé par mon organisme. J'ai alors réalisé que je soufflais littéralement de la vapeur d’alcool dans l’éthylotest ; donc évidemment putain que j'allais obtenir un résultat élevé. J'aurais aussi bien pu le placer directement devant l'humidificateur. Peut-être étais-je vraiment bourré, en fin de compte ? J'ai attendu 20 minutes et ai essayé à nouveau. L'écran affichait un triste 0.0 g/l.

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Il m'est venu à l'esprit un truc : lorsqu’on boit de l'alcool, celui-ci reste dans l'estomac et se laisse lentement absorber. Ce n’est pas le cas en l'inhalant : la vapeur repart aussi vite qu'elle est venue. Il me restait toujours la moitié de la bouteille, l'autre moitié demeurant dans le réservoir de la machine. Il fallait que j’y arrive. J'ai allumé la télé et me suis mis au boulot en laissant les vagues de vapeur s’immiscer dans mes narines. L'inhalation devenait plus facile avec le temps. Mais, toutes les trois minutes, le flux diminuait et s'arrêtait, et je devais secouer l'engin pour le relancer, renversant au passage de la vodka partout. Parfois, je rajoutais de l'eau lorsque le souffle faiblissait. J'ai finalement trouvé le ratio idéal : un quart d'eau pour trois de vodka.

Après 20 minutes d’inhalation, j'étais clairement absent. Pas bourré, mais clairement incapable de conduire. J'avais mal à la tête et mes yeux me brûlaient. J'ai éteint la machine et suis sorti sur le balcon avec l'éthylotest. J'ai soufflé un bon coup : 1,4.

Je me suis assis sur le patio et ai attendu que mon ébriété s'estompe. En quelques minutes, j'étais déjà relativement sobre. Au bout de 10 minutes, j'étais à 0,3. 10 minutes plus tard, j'étais redescendu à un malheureux 0,1. Le mal de tête se faisait plus faible mais persistait, et je ne me sentais pas non plus totalement sobre ; plus fatigué que bourré. J'ai réalisé qu'un éthylotest était l’un des pires moyens de jauger son ivresse. Je suis retourné à l'intérieur.

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Cette fois, vers la septième minute, j'avais mal à la tête et mon visage pesait horriblement lourd. Je me suis allongé, laissant l'humidificateur souffler dans le vide. J'avais la flemme de respirer profondément. J'ai fermé les yeux, et je me suis endormi. Je me suis réveillé quand j'ai entendu mon coloc me demander depuis la pièce d’à côté si j'étais mort. J'ai soufflé dans l'éthylotest : 0,9. Mon salon entier puait le père de famille alcoolique.

Après avoir aéré l'appartement, j'ai pris une douche chaude afin de nettoyer mes poumons attaqués par la vodka. Une demi-heure plus tard, j’étais sobre, bien qu'encore vaguement endormi. J'ai soufflé à 0,2. À la fin de l’heure, mon taux d'alcoolémie était redescendu à zéro. J’ai gardé une légère gueule de bois pour le restant de la journée. On a fini la bouteille le soir même. L'expérience était plus plaisante et moins chronophage.

Se bourrer la gueule avec un humidificateur est une manière très chiante et très minable de se soûler. L’avantage, c'est que ces machines ultrasoniques ne coûtent rien, et qu'après un peu de bricolage, vous pouvez finir relativement ivre en très peu de temps. Il se trouve que les taux d'absorption sont en effet beaucoup plus élevés par inhalation que dans l'estomac, un peu comme pour la weed. Ce qui craint, c'est que fumer de la weed ne vous tuera pas, alors qu'inhaler de l'alcool le fera, et assez vite. Ne souhaitant pas être responsable du premier décès liée à un humidificateur d'alcool, je vous conseillerais de laisser le truc en marche 5 à 10 minutes max, et encore.

En bref, c'est un bon moyen d'obtenir une ébriété rapide et merdique, mais c'est à chier pour être vraiment bourré et le rester. Restez en vie, n’inhalez pas.

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