Culture

Ce festival veut en finir avec les drapeaux et toutes ces conneries nationalistes

Contrairement à Pukkelpop, Le Boom Festival demande à ses visiteurs de ne pas apporter de drapeaux. « Ici, vous n'avez pas besoin de ça pour exprimer votre identité : soyez juste vous-même. »
Cornelius Noll
Antwerp, BE
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peinture murale au Boom Festival. | Image via Halfstudio et Jorge Charrua

« Appartenir à un pays est une construction humaine qui a causé certains des plus gros problèmes sur cette Terre. N'utilisez pas de drapeaux de pays ou d'autres territoires sur le site portugais du Boom, rapprochez-vous de la conscience universelle. L'expérience du Boom transcende tous les ego et tout sentiment d'appartenance à un territoire donné. We are one », explique le Boom Festival dans son Guide to a Nice Boom.

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« Avec un drapeau, vous vous attachez à une certaine identité, tout en créant une barrière entre vous et les personnes qui n'appartiennent pas (ou qui ne s'identifient pas) avec ce qui est sur votre drapeau », déclare par téléphone Artur Mendes, un des organisateurs. Ça a encore été prouvé le week-end dernier par la controverse entourant les drapeaux flamands (et les drapeaux flamingants, avec un lion complètement noir) au Pukkelpop. Le festival a décidé vendredi de retirer « une quinzaine » de ces drapeaux, après que des garçons présents au festival ont insulté et harcelé jeudi soir l’activiste du climat Anuna De Wever. En réaction, le département jeunesse du Vlaams Belang a décidé de distribuer des drapeaux flamands à l’entrée du festival.

Finalement, le Pukkelpop a publié un message sur Facebook « s'excusant des incompréhensions qui auraient pu survenir après la suppression des drapeaux », mais a également souligné dans le même message: « Le Pukkelpop est un festival où tout le monde est le bienvenu, sans distinction de sexe, de langue, de conviction politique ou de religion, philosophie de la vie, handicap, âge, orientation sexuelle, origine raciale ou ethnique. L’organisation refuse toute forme de violence physique ou verbale, de harcèlement et de comportement irrespectueux à l’égard des festivaliers. »

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Boom Festival | Image par Diana Antunes via

« Notre festival tourne autour de la solidarité », déclare Artur du Boom Festival. « Le sentiment d'appartenance nationale que de tels drapeaux entraînent ne correspond pas à la mentalité et à l'ambiance que nous voulons créer à Boom. Vous n'avez pas besoin d'un drapeau pour exprimer votre identité: vous pouvez le faire avec votre comportement. Les gens ne devraient pas être aussi dépendants de leurs conditions culturelles et de leurs antécédents. »

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« Nos visiteurs le comprennent bien », poursuit-il. « Une partie importante de l'expérience Boom consiste donc à savoir qui vous êtes et à vous interroger sur vous-même ainsi que sur vos préjugés envers les autres. On espère que grâce à ça, les gens pourront mieux se connaître. »

Le Boom festival, qui dure sept jours, a lieu tous les deux ans sur les rives du lac Idanha-a-Nova, dans l’est du Portugal. La précédente édition avait attiré des visiteurs de pas moins de 147 pays. Artur explique que le Boom Festival n'interdit pas les drapeaux territoriaux (comme ceux de pays et de régions) : « Nous ne voulons rien interdire. Le monde est déjà plein d'interdictions. Nous voulons simplement que les gens sachent ce que signifie marcher avec un drapeau territorial. Donc, si on voit quelqu'un avec un tel drapeau - ce qui arrive rarement de toute façon - on va avoir une conversation très courtoise avec la personne en lui expliquant pourquoi ce drapeau peut créer des barrières entre elle et les autres. Et nous avons remarqué que les gens étaient très compréhensifs. »

En mettant davantage l'accent sur ce qui nous relie et non sur ce qui nous divise, les festivals belges pourraient également devenir plus agréables pour tous. La plupart des festivals garantissent déjà ce sentiment d’appartenance avec un certain nombre de règles de conduite. « Dour c’est l’amour », écrit par exemple Dour dans sa déclaration sur le respect mutuel et la non-discrimination au festival. Il n’est pas absurde d’élaborer des règles similaires sur ce que les gens portent. « Un maillot des , c’est accepté, mais des maillots de club comme ceux d'Anderlecht ou de Manchester United pourraient provoquer des altercations », a déclaré l’année dernière l'attachée de presse de Tomorrowland Debby Wilmsen, à propos de son intention d'interdire les maillots de football de clubs. Les symboles religieux ne sont pas les bienvenus non plus.

La mise en place de règles est une étape, mais peut-être qu’à l’instar du Boom, nos festivals devraient également expliquer à leurs visiteurs pourquoi certaines choses peuvent créer des barrières (ou parfois pire que ça) entre les personnes.

Notons quand même que tous les drapeaux ne sont pas mal aimés au Boom Festival. « Les drapeaux avec des coeurs, des smileys, le signe de la paix, bref les drapeaux qui ont une signification plus artistique et universelle sont bien sûr les bienvenus, déclare Arthur. Les drapeaux ne sont qu'un moyen d’expression, ce n'est pas une mauvaise chose. Mais nous voulons que les gens sachent que leur façon de s’exprimer ne devrait pas dépendre autant d’une identité territoriale construite. Car à la fin, notre drapeau le plus important est toujours celui de la planète Terre. »

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Boom Festival | Image par Queragura via

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