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Il peut être très dangereux de tomber amoureuse quand on est tragiquement fauchée. Pensez au destin de Bonnie et Clyde – à savoir les seuls meurtriers à avoir inspiré deux musiciens multimillionnaires. Je devais avoir une image un peu romantique de tout ça quand mon copain et moi avons entamé notre incursion désastreuse dans le monde de la drogue.Un ami de mon grand frère – que j'appellerai Martin – a demandé à mon copain s'il pouvait transporter plusieurs sacs-poubelles remplis de weed de Manchester à Huddersfield (ce qui fait à peu près une heure de route) pour environ 137 euros. N'importe quel imbécile aurait refusé ce deal un peu foireux – pas nous. Notre relation stagnait un peu, et on a inconsciemment pensé que transporter plusieurs milliers d'euros de marijuana à l'arrière de notre voiture allait raviver la flamme.Une fois arrivés chez Martin, on a constaté que quelqu'un avait essayé de défoncer la porte située à l'arrière de sa maison, probablement pour s'emparer de ses 60 plants de weed. Un peu flippés, on a parlé de ce petit détail à Martin, qui n'avait visiblement rien remarqué. Peu après, il a appelé la police. Son plan était assez rodé : il avait prévu de geindre au téléphone auprès de son père pour qu'il vienne chercher l'intégralité de son stock de marijuana, afin qu'il n'ait pas à passer les 18 prochains mois de sa vie dans une cellule dépourvue de toilettes.
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Pour dissuader une personne de sortir avec un dealer, expliquez-lui simplement qu'elle devra composer avec des gens défoncés en permanence. Vous avez déjà suvi une leçon sur l'hédonisme qui s'étalait sur trois heures ? Parez-vous à cette éventualité, mais gardez bien en tête le fait que tous les fumeurs de weed ne sont pas des losers. Ce serait faux d'affirmer que tous les défoncés détiennent un doctorat de l'université Wikipédia et une connaissance élémentaire du fonctionnement d'un accélérateur de particules. Mais ils sont quand même nombreux, et il y a de grandes chances qu'ils ne vous épargnent pas leurs cours magistraux sur la Purple Haze et ses effets selon le type de consommateurs.Parfois, les fumeurs de weed peinent à décrypter les signes de désintérêt de la part de leurs interlocuteurs – il est donc inutile de gigoter frénétiquement sur votre chaise, de rouler des yeux ou de faire semblant de vous passer une corde au cou. De manière générale, plus les clients de votre copain resteront chez vous pour tester quelconque produit, plus vous aurez de chances d'entendre un vibrant plaidoyer sur le marxisme de la part d'un type qui vit avec un plot dans sa chambre.
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Tout le monde sait que l'herbe donne envie de dormir, qu'elle peut altérer notre mémoire et potentiellement nous faire perdre la capacité de tenir une discussion normale pendant l'espace de quelques minutes. Un jour, un des clients de mon copain nous a appelés pour qu'on le récupère à une fête où il avait pris trop de kétamine. C'était la première fois que je voyais un dealer rendre une faveur à un de ses clients, et j'ai vite compris pourquoi c'était nécessaire. À peine arrivé dans la voiture, le type a perdu son joint allumé et l'a cherché pendant plusieurs minutes, alors que la banquette arrière laissait échapper une vague odeur de brûlé.Morale de l'histoire : ne faites de faveur à personne, car il est très probable que vous vous fassiez entuber par une personne avec qui vos interactions devraient se limiter à deux transactions par mois.
La weed est partout. Quand je travaillais en tant que journaliste indépendante, j'ai dû couvrir des affaires judiciaires assez régulièrement. Un lundi matin, j'ai enfilé une veste que j'avais portée tout le week-end et je me suis rendue au palais de justice. Alors que j'approchais de la police, des agents de sécurité et du détecteur de métaux situé à l'entrée, j'ai vidé mes poches dans un bac, comme à un contrôle de sécurité à l'aéroport. J'ai sorti des stylos, un bloc-notes, des boules de papier froissé, des pièces, des cigarettes, des barres aux céréales et un gros pochon d'herbe – dont je ne connaissais même l'existence.
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Vous vous rappelez du sentiment que vous aviez pendant vos examens de maths, quand vous étiez persuadé qu'un triangle isocèle n'avait que deux côtés égaux, avant de remettre ce fait en question et de vous torturer l'esprit pendant un quart d'heure ? Vous allez vivre avec ce sentiment au quotidien – le sentiment que votre boîte crânienne s'apprête à fondre et fuiter à travers vos conduits lacrymaux. Mon copain et moi étions constamment envahis par un sentiment de crainte, comme si l'un de nous pouvait finir en prison à tout moment. Ce n'est pas vraiment ce que je considère comme un environnement sain pour une relation.Hormis le fait que nous passions notre temps à chercher des endroits pour stocker la weed, nos parents respectifs s'inquiétaient de plus en plus pour nous. Notre maison empestait l'herbe, et ils ont vite fini par nous poser des questions sur l'origine de « cette drôle d'odeur » et les jeunes hommes « à dreadlocks et colliers en bois » qui passaient fréquemment chez nous.Mon copain cachait une bonne partie de son argent dans une Bible évidée et son herbe était dissimulée dans un coffre sur sa table de chevet. Heureusement, nos parents n'ont jamais été pris d'une envie irrésistible de feuilleter le Nouveau Testament – même si je pense que je n'aurais pas eu à subir grand-chose d'autre qu'un discours moralisateur de mon père, type : « Et après, tu vas faire quoi ? Tu vas vouloir aller à Glastonbury? » Assurez-vous simplement que votre conjoint trouve une cachette que même un détective tout droit sorti d'un roman de Conan Doyle ne puisse découvrir.
Nous sommes nombreux à ne pas être complètement fermés à l'idée d'avoir énormément de temps libre tout en étant super riche. Mais aux alentours de la vingtaine, on réalise assez vite qu'il est assez compliqué de mener un tel rythme de vie. Malheureusement, il n'y a absolument rien de glamour dans le faire de vendre l'herbe, ou même de sortir avec un dealer – à moins que votre définition du glamour implique de contempler votre copain en train de regarder son téléphone à raison de dix fois par heure. Si vous voulez qu'il lève un peu le pied, il faudra lui imposer un quota d'heures de travail – et ce n'est jamais agréable d'endosser ce rôle.Au cours de notre relation, mon copain était souvent absent. Quand il était là, j'avais rarement toute son attention. Par moments, j'ai même pensé qu'il me trompait (cf. le sentiment de paranoïa évoqué plus haut), et j'ai parfois insisté pour pouvoir l'assister lors de ses livraisons. À chaque appel, vous prierez pour que ce soit sa mère, son banquier ou n'importe quelle personne autre que ses clients – mais ce sera systématiquement un gamin un peu fourbe qui se fait appeler « Blazer » et qui exigera « une bonne dose de kush ». Quand Blazer passera l'après-midi sur votre canapé, en épuisant votre réserve de thé et en se laissant aller à quelques divagations existentielles, vous réaliserez que vous n'avez pas eu de rapport sexuel depuis des semaines et que ça fait plusieurs jours que vous vous nourrissez exclusivement de Doritos. Bref, ceci est un message à tous les dealers de weed : ce n'est jamais cool de négliger son/sa partenaire, même si vous le faites dans une Golf GTI et dans un survêtement en peau de pêche.