Cocaine Piss punk passionate and tragic
Romain Vennekens

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Music

On a parlé punk et blagues avec les Belges de Cocaïne Piss

En ce premier avril, on a passé un peu de temps avec le groupe le plus drôle de Belgique.
Romain Vennekens
Brussels, BE
Romain Vennekens
Brussels, BE

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Imaginez un été à n’en plus finir, un ennui lourd et pesant, des odeurs de charognes et de décomposition. Et puis là, dans ce grand merdier qu’est le monde, une étincelle, un instant de joie sous la chape de béton. Ainsi naquit Cocaine Piss. Ce groupe punk, au second degré avéré, est là pour vous sortir de votre torpeur en vous obligeant à vous secouer le corps et les idées. Porteurs d’une musique bruyante et engagée, ils refusent d’être cantonnés à une scène, surprennent par un univers visuel volontairement léché et une énergie brute et spontanée. En ce début de printemps, ils reviennent tout bourgeonnant de nouveautés avec un clip acidulé, « Eat my Cake », annonciateur d’un album qui sortira d’ici quelques jours : Passionate And Tragic.
Et ce samedi, ils font la première date d'une longue tournée avec un concert au BRDCST.

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Nous avons rencontré Aurélie, Mathias et Yannick et discuté du fait de jouer devant dix personnes, du légendaire producteur Steve Albini et de la différence entre un 69 et un chalet en Suisse. VICE : Hello à tous; Cocaine Piss, c’est né comment ?
Aurélie : À l’été 2013, on organisait un concert dans un bar tout crapuleux à Liège et il nous fallait une première partie. On n’en trouvait pas alors on a tout simplement décidé de la créer. C’est comme ça que ça a commencé. Ce concert devait être l’unique mais s’est avéré hyper satisfaisant. Pourtant, je me souviens, je n’avais jamais été aussi stressée. J’avais fumé tout un paquet de clopes accroupie sur le seuil du café en me disant que c’était le plus grand événement de ma vie.
Mathias : On a joué devant dix personnes, six potes et quatre habitués du bar. C’était super. Ensuite des copains nous ont encouragé à continuer, on a eu très vites des dates et on a prolongé la blague. Vous vous êtes mis directement à faire du punk ?
Mathias : Oui. Ce qui est cool avec cette musique, c’est que tu n’as pas besoin de bien jouer pour sortir des trucs. Au premier concert, on a fait exprès de choisir des instruments auxquels on n’avait jamais touché. Cela nous a permis de déculpabiliser par rapport à la musique et de faire le truc à fond, sans se poser de questions.
Aurélie : Depuis lors, à force de jouer, on s’est amélioré quand même. Et puis aujourd’hui, on fait toujours cette musique avec beaucoup de plaisir. L’instant où on se fera chier, on arrêtera, c’est sûr.

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Cocaine Piss passionate and tragic

Dans vos clips, vous proposez une esthétique fortement travaillée. C’est assez surprenant par rapport à l’image brute qu’on peut se faire en écoutant votre musique.
Aurélie : Le rock qui tire la gueule, ça n’attire pas les gens. On a une super crew de potes qui sont des artistes visuels, font dans le cabaret,… Avec eux, on cherche à créer des choses qui nous semblent intéressantes et qui nous ressemblent. Le dernier clip « Eat the Rich », vient de sortir, comment ça s’est passé ?
Yannick : Avec Laetitia Bica, on avait collaboré sur un projet pour l’EP précédent qui n’a finalement jamais vu le jour. On a alors préféré se concentrer sur l’album et bosser à ce moment-là avec elle. On a sorti une première vidéo, « My Cake », et on voulait continuer.
Aurélie : « Eat the Rich » c’est un truc beaucoup plus pop dans l’esthétique. Une sorte de grande fête du capitalisme dégueulasse et de la consommation absurde.
Mathias : C’est pop, mais c’est clairement acidulé quand même. On a tous l’air complètement shooté dedans. Le tournage était très intense, on est parti sur ce délire absurde et grotesque de consommation et on l’a vécu en tournant cette vidéo.
Yannick : J’ai déjà averti plein de gens de ne pas regarder ce clip sur leur temps de midi quand ils sont en train de manger !

Vos chansons sont souvent assez courtes. C’est une volonté ou une conséquence de votre processus créatif ?
Mathias : C’est clairement une conséquence. On pense toujours que c’est plus long et une fois qu’on chronomètre la chanson, on remarque que c’est court et qu’on a déjà tout dit, alors on ne va se répéter.
Yannick : On veut que ça reste intuitif.
Mathias : Oui, si ça devient galère et qu’on ne sait pas où on veut en venir, on coupe et on passe à autre chose. On a toujours fait les choses de manière spontanée et c’est ça qu’on veut garder lorsqu’on compose.

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Pour votre nouvel album vous avez travaillé avec Steve Albini, un producteur américain qui a notamment bossé avec des groupes comme Nirvana, Pixies ou Pj Harvey. Ça c’est fait comment ?
Yannick : Notre agent nous a fait une petite introduction et puis on a envoyé un mail et ça s’est fait. Mais je suis persuadé que si tu envoies un message à son studio, tu auras une réponse.
Mathias : Oui avec lui, tout est hyper transparent. Tu as les prix sur le site et si tu veux booker une session d’enregistrement, tu n’as qu’à t’inscrire. On n’était personne et ils nous ont quand même accepté et traité comme n’importe quel autre artiste qui viendrait là.

Cocaine Piss passionate and tragic

Vous étiez quand même stressés au début ?
Mathias : À fond. La première fois, je me souviens que mes mains tremblaient. Tu ne veux surtout pas te faire passer pour un con devant lui. Mais il nous a mis direct à l’aise. Il est hyper bienveillant et doux au micro. Il parle même quelques mots de français. Il retire vraiment la pression pour que tu te sentes bien.
Aurélie : Très vite, on a remarqué qu’il était cool, que notre son était super et qu’on allait faire un tout bon album. C’était assez jouissif. En écoutant votre musique et en regardant vos clips, j’ai l’impression que vous faites les choses avec beaucoup de dérision. C’est important pour vous de ne pas se prendre trop au sérieux ?
Aurélie : On n’est pas en train de sauver des vies, on fait juste de la musique. On essaie de faire les choses bien, de bosser, mais on ne va pas se prendre la tête. Pour nous c’est bizarre de tout faire hyper sérieusement.
Yannick : Faut que ça rigole. Même sur scène, on a de l’autodérision. Le projet a commencé comme ça et il n’y a pas de raison que ça change.

J’en profite pour tenter la suite alors : on est le 1er avril, vous n’avez pas une blague ?
Yannick : Oh merde.
Mathias : On est nul en blague.
Aurélie : Attends, je vais envoyer un message à Peg, il en connait plein. C’est lui qui fait l’intro dans notre nouvelle vidéo. Bon par contre, je te préviens, ça va être crado. (2 min plus tard) Quelle est la différence entre un 69 et un chalet en Suisse ?
….
La vue.

Merci, Peg !

Ce samedi 6 avril, Cocaine Piss jouera au BRDCST avec Black Midi et Nadah El Shazly.