Antoine Grenez (26 ans), photographe
À cause du confinement, la majorité de mes contrats ont été annulés, ou du moins reportés jusqu’au déconfinement. Mais il me reste quelques client·es qui m’appellent pour faire des sessions studio où je suis seul avec une série d’objets à reproduire et ça me permet de garder la tête hors de l’eau.Par contre, le bon côté de cette situation, c’est l’ennui. On ne se rend pas compte de l’importance de l’ennui dans l’utilisation de la créativité. Avant le confinement, j’avais des journées bien remplies ; maintenant je les remplis avec des anciens projets laissés de côté ou en faisant un tour dans mes archives personnelles. Ça me permet aussi d’approfondir certaines recherches théoriques, de lire un livre au soleil. Quand on est juste face à soi-même avec un besoin de production artistique, on se retrouve à expérimenter un peu avec n’importe quoi et ça peut amener à des résultats intéressants qu’on n’aurait pas obtenu en temps normal. »« Avec le confinement, on se retrouve à expérimenter un peu avec n’importe quoi et ça peut amener à des résultats intéressants qu’on n’aurait pas obtenu en temps normal. »
Maria Luiza Malu Grymonprez (24 ans), photographe
Avant le confinement, j'avais des commandes, généralement pour des photos de soirées ; c’est lié à ma série « Bum Bum / Party Animal ». Mais plus maintenant, évidemment. Le côté positif à tout ça, c’est que je peux travailler plus d'heures et gagner plus pour ensuite réaliser mes envies. Quand je ne travaille pas, je fais mes projets créatifs et je danse aussi - je fais du voguing. Je peux bosser sur mon portfolio et mon site web, mais aussi faire des exercices de kiné que j’avais l'habitude de mettre de côté.Après mon master, j’avais pris mes distances avec la photo car j'associais ça à l'école et à la pression. Maintenant, je me rends compte que je me tourne automatiquement vers mon appareil parce que c'est ma façon de gérer les situations. J’ai par exemple commencé un journal de bord sur Insta. »« Je suis encore en pleine réflexion sur ce que je veux faire. Je ne peux pas me concentrer sur une seule chose ; je veux me développer et être créative dans plusieurs domaines. »
Jules Emile Devoldere (24 ans), photographe
Vincent Vrints et Naomi Kolsteren (32 et 31 ans), graphistes et fondateur·ices du studio Vrints-Kolsteren
On produit surtout des créations pour le secteur culturel et de la mode, donc la plupart de nos client·es sont à l’arrêt. D’un jour à l’autre, tout s’est figé. On travaille avec Arte Antwerp, mais la cadence est ralentie. Il y a aussi des projets édito, notamment un magazine d’art contemporain, mais la dernière publication n’est pas parue non plus. Heureusement, il reste les éditions de livres, car les gens lisent toujours.Comme on est aussi en couple, la quarantaine n’est pas trop compliquée pour nous. On travaille encore parfois au bureau. Ça fait du bien de ne pas être tout le temps chez soi.C’est difficile financièrement, mais on essaye d’utiliser ce temps à bon escient et de faire avancer nos projets perso, ceux qu’on a mis de côté et qui n’ont jamais abouti. On travaille sur des Vrints-Kolsteren Editions et on pense pouvoir les publier après le confinement. »« On produit surtout des créations pour le secteur culturel et de la mode, donc la plupart de nos client·es sont à l’arrêt. D’un jour à l’autre, tout s’est figé. »
Jef Claes (30 ans), photographe
Ceci dit, la situation est double. Le confinement libère du temps qui n'existait pas avant et permet de réfléchir sur notre façon de travailler et ce qu’on fait de ce temps. Professionnellement, par exemple, c’est intéressant de réaliser des images pour une marque sans utiliser de modèle. La situation nous oblige à travailler un peu différemment et à être créatif·ve avec les moyens du bord.Cependant, je ne peux pas remplir ce temps libre comme je l’entends à cause des restrictions. Les projets sur lesquels je voudrais continuer à travailler impliquent des déplacements ou des voyages, sans parler du contact avec les gens qui est tout simplement nécessaire. Le travail ou les éditos à l'étranger encore si faciles à réaliser il y a deux mois sont maintenant impensables. C'est un peu frustrant, mais là encore, je suis bien conscient que mes plans ne sont pas une priorité en ce moment.« La situation nous oblige à travailler un peu différemment et à être créatif·ve avec les moyens du bord. »
Daniil Lavrovski (26 ans), photographe
C’est quand même un choc. Surtout si, comme moi, t'as eu un mois de février calme avec peu de taf, et que tu comptais sur ceux prévus plus tard pour compenser.Bon, il y a quand même des côtés positifs. Évidemment, je peux me pencher sur ce que j'ai mis de côté ou reporté à cause du "manque de temps". J'aime aussi le fait de vivre un peu plus lentement, prendre plus de temps pour moi et me reposer. J'ai enfin le temps de trier mes disques durs, de mettre à jour mon portfolio et de scanner des négatifs oubliés depuis longtemps. Le fait d'être en confinement avec ma copine - également photographe - me fait réfléchir de manière plus critique à ce que mon travail représente et à ce que je veux faire en tant que photographe. La vie va si vite qu’on passe en pilote automatique, et des mois, voire des années, peuvent s'écouler sans que tu puisses t'occuper de toi-même ni penser à où tu vas. La réflexion sur soi amène beaucoup de doutes, mais elle est cruciale pour le développement. »« La vie va si vite qu’on passe en pilote automatique, et des mois, voire des années, peuvent s'écouler sans que tu puisses t'occuper de toi-même ni penser à où tu vas. »
Stig De Block (29 ans), photographe
Mon compte bancaire s'effondre mais le moral est au beau fixe. Je n'ai jamais eu aussi peu de stress au cours des deux dernières années. Le calme avant la tempête, je suppose. En plus, comme beaucoup d'entre nous, j'ai plein de temps dont je fais bon usage. J'ai enfin mis à jour mon site Internet. Exceptionnellement et pour une durée déterminée, vous pouvez demander mon catalogue en ligne - je ne l'avais jamais fait auparavant. La nécessité crée une réelle opportunité. Puis j'ai créé une to do list pour m’assurer d’être prêt à 100% dès que je reprends le travail.Cette année, je devais sortir mon premier docu sur lequel je travaille depuis 2018, mais ce sera sûrement reporté à 2021 ou 2022. C'est l'essentiel pour le moment. Parfois, je fais encore du graphisme. On vient de commencer une seconde collection pour un rappeur new-yorkais qui devrait être sortie pour le SS21.J'espère que le secteur va pouvoir se relever et que les marques continueront d’accorder de l’importance à une image cohérente pour soutenir leur produit, et ce malgré les pertes. En fin de compte, (presque) tout le monde en est victime et ça me donne espoir étrangement, car il va falloir trouver une solution. Je reste positif. Ça me convient mieux à long terme. »La collection « Arte Antwerp x VICE for Creatives » est maintenant dispo sur la boutique en ligne d'Arte Antwerp.Ne ratez plus jamais rien : inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire et suivez VICE Belgique sur Instagram.« Je n'ai jamais eu aussi peu de stress au cours des deux dernières années. Le calme avant la tempête, je suppose. »