Polyamoureux relations
Illustrations : Joe Frontel

FYI.

This story is over 5 years old.

Life

Des polyamoureux nous ont expliqué comment fonctionnaient leurs relations

Avoir plusieurs partenaires – et ne pas tous les rendre tristes – est une tâche difficile. Voilà comment certaines personnes y arrivent.

Si certains s'accommodent sans problème de la monogamie, d'autres finissent par tromper leur partenaire en essayant – et en échouant lamentablement – d'adhérer à ce concept. D'autres choisissent le polyamour, une alternative qui se décline en plusieurs variétés. Considérée par les médias comme une nouvelle révolution sexuelle, l'ouverture aux arrangements non-exclusifs ne cesse de gagner en popularité.

Publicité

VICE a rencontré des personnes polyamoureuses afin de comprendre les nuances de leurs relations et savoir pourquoi elles n'envisagent pas la monogamie comme une option viable.

Maria*, 24 ans
Je suis actuellement dans une relation libre, mais je n'ai encore rien fait de sérieux avec une personne autre que mon copain. Si j'ai envie de baiser avec un autre mec, nous en discutons d'abord ensemble. Mon ex n'a jamais vraiment couché avec d'autres filles. Certains mecs avec qui j'ai été n'osaient pas le faire, même quand ils en avaient l'occasion, parce qu'ils ressentaient une certaine pression. Ce qui est étrange, puisqu'ils se fichaient que je couche avec d'autres personnes. Mon ex et moi avons fait quelques partouzes et il était d'accord pour que je fasse mes trucs de mon côté. Il était heureux que je sois heureuse. C'est juste que lui, ça ne le branchait pas.

Les relations polyamoureuses sont difficiles à entretenir dans le sens où les règles ne sont pas établies par notre société. Une relation hétérosexuelle et normative est bien plus simple, car elle comporte des règles – ça, c'est tromper, ça, ce n'est pas tromper. Il y a tout ce que les médias et la société nous dictent. Dès que l'on s'aventure hors de ce type d'engagement, il faut souvent se justifier. Il faut imposer des limites.

Dans mes relations récentes, le problème majeur était mon côté impulsif. Généralement, la règle veut que vous préveniez votre partenaire avant de passer à l'acte. Sauf que j'aime me laisser porter, et si une opportunité se présente, je la saisis. Récemment, je suis allée dans un club avec mon copain. J'ai dansé sur la scène et j'ai littéralement agité ma chatte devant un mec. Je portais une jupe et je me suis assise sur son visage, en plein milieu du club. J'ai sauté de la scène et l'ai embrassé. Il était une heure du matin, le club fermait à 2 heures, et je ne voulais pas perdre du temps à demander l'avis de mon copain – sachant qu'on pourrait avoir cette conversation dans une heure. Dès que le club a fermé, je l'ai rejoint et nous sommes partis.

Publicité

Plus tard, j'aimerais faire partie de deux couples ou d'un trio. Si c'est un trio, je préfère que ce soit moi, une fille et un mec; si c'est deux couples, je préfère que les deux couples soient composés d'un homme et d'une femme. Je voudrais vivre comme ça jusqu'à la fin de mes jours.

des-polyamoureux-nous-ont-explique-comment-fonctionnaient-leurs-relations-body-image-1468420932-size_1000

Dan*, 35 ans
J'ai rencontré ma copine lors d'une soirée échangiste. Nous sommes ensemble depuis un an et demi. Les règles évoluent constamment. Le seul piège dans lequel je tombe parfois, c'est de supposer que ce qui me dérange la dérange elle aussi. Du coup, nous avons commencé à mettre nos règles par écrit.

Une fois, j'ai pris trop de MDMA et j'ai complètement oublié sa présence. Nous avons eu une conversation à ce sujet ensuite, et nous avons décidé de ne plus prendre de drogue lorsque nous comptons coucher avec une autre personne, histoire de ne pas blesser notre partenaire.

Jusqu'au mois dernier, nous avons toujours fait les choses ensemble. Son fantasme était de coucher avec une fille. Nous avons fait un plan à trois avec une fille qui a ensuite découvert que les mecs n'étaient pas son truc. Seulement, ma copine voulait continuer à la voir, donc nous avons accepté de voir d'autres personnes [séparément]. Notre règle est de se dire les choses avant de passer à l'acte, sans non plus aller dans les détails. Nous n'avons pas forcément envie d'entendre : « Nous avons fait ça, ça et ça », mais plutôt : « Oui, je vais coucher avec cette personne ce soir ».

Publicité

Pourquoi on est infidèles ?

Nous n'allons pas coucher avec quelqu'un dans le lit conjugal si l'un de nous n'est pas présent. Je préfère faire l'amour en groupe, parce que je trouve ça moins émotionnel qu'entre deux personnes, mais ma copine n'est pas de cet avis – c'est la seule chose qui nous différencie.

Il faut apprendre à gérer les différences de préférences. Voilà pourquoi nous écrivons nos règles – parfois, on se rend compte que l'on n'est pas d'accord avec les mêmes choses. Nous discutons surtout des personnes impliquées. Je sais que ça peut sembler bizarre de dresser une liste et de dire : « Je suis d'accord que tu vois telle personne, mais pas celle-là ». Mais c'est comme ça que les choses marchent.

Hannah, 26 ans
Quand vous êtes polyamoureux, il y a toujours un moment où vous êtes amené à dire, pendant un rencard : « Il faut que tu saches qu'à l'avenir, il se peut que j'aie envie de voir d'autres personnes que toi. Il faut que tu sois d'accord avec ça si tu veux sortir avec moi. » Quand ma copine et moi avons commencé à nous fréquenter, il s'est avéré que nous étions toutes les deux polyamoureuses, bien que nous ne voyions personne d'autre à ce moment-là. Depuis, je n'entretiens pas d'autre relation à proprement parler, mais j'ai des partenaires dans le kink. Par exemple, il y a une personne que je vois régulièrement, avec qui je pratique le bondage.

Pour moi, c'est un concours de circonstances. Avec le kink, cela est amené à se produire quoiqu'il arrive – j'en ai besoin dans ma vie. En termes de relations amoureuses, je ne sors qu'avec une seule personne en ce moment, parce que je suis super amoureuse d'elle et que je ne ressens ça pour personne d'autre. Il m'est arrivé d'avoir plusieurs relations en même temps dans le passé. Par exemple, j'ai fréquenté un mec marié. Des fois, je passais du temps avec lui et toute sa famille, d'autres fois, nous avions des rencards en tête-à-tête. Sa femme et lui étaient tous deux polyamoureux.

Publicité

Cela requiert beaucoup de communication – certains affirment que c'est la clé, et ils ont tout à fait raison. Quand les problèmes surviennent, proportionnellement, vous en avez plus à gérer. Je ne m'identifie pas comme étant polyamoureuse mais polyamoureuse solo, ce qui est un peu moins connu. Avec le polyamour solo, au lieu de rechercher une relation de couple, vous conservez votre autonomie. Vous pouvez avoir votre propre appartement ou votre propre chambre dans un endroit que vous partagez avec vos partenaires. Cela permet d'éviter la hiérarchie. Une fois que la nouvelle énergie de la relation se calme, il me faut beaucoup de temps pour moi-même. C'est ce qui fait fonctionner ma relation d'une manière bizarre.

Samantha, 36 ans
Je suis avec mon mari depuis 15 ans, et avec mon copain depuis un an et demi. Dans mes relations antérieures, les choses étaient plus hiérarchisées, mais pour moi, quand vous êtes ensemble depuis si longtemps, le premier se positionne naturellement, surtout quand vous ajoutez un mariage, une voiture et une maison.

Nous sommes libres depuis 2006, donc j'ai eu plusieurs partenaires ; lui de même. Mon mari n'est sorti avec personne depuis un moment, donc les règles sont un peu différentes en ce moment. Cela fait quelques années, donc nous commençons presque à partir de zéro quand il sort avec des gens, alors que je vois d'autres personnes en permanence. Les règles sont différentes en fonction de qui vous êtes, le tout est d'être flexible. Il y a deux façons de faire : vous pouvez établir des règles pour commencer et voir si vous êtes OK avec certaines choses, histoire de diminuer les règles, ou vous pouvez vous lancer sans règles et voir ce qui fonctionne. Nous fonctionnons plutôt de la première façon.

Publicité

Vivre une rupture est à la fois ce qu'il y a de pire et de meilleur. Le pire parce que c'est une rupture, mais que vous devez continuer à vivre votre vie et donner de l'attention à votre partenaire restant. D'un autre côté, vous avez encore une relation avec un partenaire – c'est comme si votre meilleur ami était là pour vous soutenir.

J'ai eu beaucoup de ruptures désastreuses. J'ai vécu beaucoup de situations dans lesquelles [c'était la première relation polyamoureuse de la personne]. Certains aiment l'idée au départ, mais quand ils sont confrontés à sa réalité, ils prennent peur. J'ai été avec des gens qui pensaient vraiment vouloir franchir ce pas, mais d'un coup, ils ont flippé et ont décidé de rester monogames, quitte à tromper leur partenaire, parce qu'ils ne supportaient pas de vivre de façon « anormale ». Le problème, c'est qu'on ne sait jamais qui vont être ces gens.

J'ai écrit un livre sur la polygamie, donc je pourrais continuer à en parler encore longtemps, mais j'ai appris que c'était avant tout une question d'égalité. Les gens peuvent développer beaucoup de ressentiment en voyant leur partenaire faire certaines choses. Le tout étant de se rendre compte que tant que chacun satisfait ses besoins et ses désirs individuels, peu importe si ceux-ci sont différents.

des-polyamoureux-nous-ont-explique-comment-fonctionnaient-leurs-relations-body-image-1468421470-size_1000

Photo via l'utilisateur Flickr the_quick_nick

Janet, 33 ans
J'ai toujours été non-monogame – même dans mes relations soi-disant monogames. Lorsque j'ai entendu parler du « polyamour », je me suis immédiatement sentie soulagée – ça me correspondait complètement. Même si j'ai eu des relations monogames au lycée, j'ai toujours commis de petites incartades.

Publicité

Avec mon partenaire actuel, j'ai été très claire quant au fait qu'il m'est impossible de n'aimer qu'une seule personne. Nous avons suivi les règles du polyamour, mais nous avons trouvé ça difficile à gérer sans se faire de mal. J'ai lu le livre The Ethical Slut, qui m'a donné une idée sur la façon de faire fonctionner les choses. Il nous a été plus facile d'entretenir une relation libre une fois mariés. Nous étions solides et nous retrouvions tous les soirs, ce qui nous a permis de nous amuser tout en sachant que nous étions encore fous l'un de l'autre.

Nous avons commencé à voir un ami proche avec qui j'ai eu une amourette pendant plus de dix ans. Nous avons fini par faire l'amour à trois et avons passé des nuits amusantes, mais ça n'a finalement pas marché. Nous sommes allés dans un club échangiste, mais nous finissions souvent par avoir des relations sexuelles ensemble, à côté d'autres personnes. En ce moment, je suis enceinte et j'encourage mon mari à sortir et à s'amuser autant qu'il le souhaite, mais il n'a pas encore trouvé le temps.

Le fait que nous ayons tous deux carte blanche pour sortir et voir d'autres personnes permet de solidifier notre connexion et notre relation. Souvent, après avoir passé du temps avec d'autres personnes, nous nous disons : Oh mon Dieu, je suis tellement chanceux de t'avoir ou Tu es tellement mieux que les autres. Pour moi, cela change tout d'avoir la permission d'« aller jouer dehors» et de choisir de ne pas le faire parce que j'aime mon mari.

Publicité

Jaime*, 34 ans
Mon copain et moi sommes ensemble depuis douze ans, mariés depuis deux. Nous avons commencé [à être polyamoureux] lors de notre premier anniversaire de mariage. J'étais très curieuse et l'ai emmené dans un club échangiste ; nous avons commencé très doucement. Je n'ai jamais vraiment cru en la monogamie, ni au fait d'avoir un seul mec toute ma vie. Je savais que nous étions sur la même longueur d'onde et que nous avions confiance l'un en l'autre, donc j'ai voulu essayer. L'objectif était petit au premier abord : il suffisait de trouver une fille [dans un club échangiste] qui veuille pratiquer le sexe oral avec moi. Ça a commencé comme ça, puis ça a évolué.

Désormais, nous sommes à l'aise avec le fait de voir d'autres personnes, que ce soit ensemble ou séparément. La première règle, quand nous avons commencé, était de demander la permission à l'autre – et c'était oui ou non, sans explication. « Puis-je coucher avec cette personne? » Oui ou non. Si c'était non, on passait à autre chose. Toujours se protéger, c'est certainement la base. Ensuite, nous avons des règles « de vacances » : on ne peut pas rester avec quelqu'un pendant plus de 48 heures et on doit s'appeler avant d'aller dormir. Les règles changent tout le temps ; il faut toujours discuter de ce qui nous met à l'aise ou pas. Surtout que tout dépend de si vous débuter ou si vous faites ça depuis dix ans. Au début, nous avions interdit les câlins et les baisers. Finalement, nous avons décidé que c'était une question d'intimité et non d'amour. Il est difficile d'exciter une personne sans l'embrasser, si bien que nous avons vite laissé tomber cette règle.

Je crois que je préfère coucher avec d'autres personnes de mon côté en ce moment, mais il nous arrive encore de coucher avec d'autres personnes ensemble. C'est toujours amusant d'intégrer son partenaire, mais nous sommes ensemble depuis si longtemps qu'il est agréable d'avoir une relation intime avec quelqu'un de nouveau. À un moment donné[mon mari et moi] ne voulions pas nous raconter l es détails – c'était une autre règle. Maintenant, les détails nous excitent.

*Les noms ont été changés afin de préserver l'anonymat.

VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.