Split your pill

La grande enquête drogue : ce que les Belges s’envoient quand ils font la fête

La kéta a la cote, on sniffe plus de coke, mais on prend moins de pilules.
Frederik Van den Bril
Antwerp, BE
gens qui font la fête
Photo via

Split your Pill est une campagne que VICE mène en collaboration avec le VAD au sujet de l’usage des drogues en Belgique. Vous pouvez retrouver tous nos articles ici.

Un coma éthylique, une clé de keta ou un bout de p ? Si vous comptez vous la mettre cet été, autant savoir ce que vous faites. Bonne nouvelle : VICE s'associe au Centre d'expertise flamand pour l'alcool et les autres drogues (VAD) et vous dit tout ce que vous devez savoir pour une consommation responsable de drogues et d'alcool.

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L'année dernière, VAD a mené une enquête sur la consommation d'alcool et de drogues auprès de près de 700 clubbers et de festivaliers en Flandre. VICE prend les résultats de cette étude comme point de départ d'une campagne avec VAD avec pour question centrale : comment consommer responsable ? Nous concluerons la campagne à Fire Is Gold avec un débat stimulant sur la consommation de drogues en festivals et soirées.

Les participants ont reçu un questionnaire, un bloc-notes et un stylo afin de nous fournir des informations intéressantes sur ce que nous avalons et sniffons en soirées. Voici les résultats les plus importants en un coup d'œil.

Comment les belges se bourrent la gueule

L'alcool est toujours le favori numéro un. La consommation régulière d'alcool augmente depuis plusieurs années, et 2018 ne fait pas exception. Seuls 2,5% disent ne pas avoir bu d'alcool au cours de la dernière année et 69,9% des participants boivent de l'alcool au moins une fois par semaine contre 4,3% quotidiennement.

« Plus de huit personnes sur dix avouent s’être bourré la gueule l'année passée. »

Plus de huit personnes sur dix avouent s’être bourré la gueule l'année précédente. Par se bourrer la gueule, on entend cusser six verres de bière (ou alcool similaire) en moins de deux heures. Un quart des personnes qui sortent le font régulièrement, soit au moins une fois par semaine voire tous les jours. Ah oui, pas moins des trois quarts des personnes qui sortent montrent des signes de consommation d'alcool à risque.

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Comment les belges se droguent

Beuh. Spliff. Ganja. Weed. Herbe. Je parle bien sûr de cannabis, qui reste la deuxième drogue la plus consommée. Environ un participant sur sept en consomme au moins une fois par semaine. Ceci dit, la consommation régulière de cannabis a fortement diminué depuis le début du siècle.

Autre tendance à la baisse : la consommation régulière de pilules puisque moins de 1% en consomme une fois par semaine. Il y a 10 ans, cette valeur s’élevait à 5%. L'ecstasy reste toutefois sur le podium puisqu’elle est la troisième drogue la plus populaire auprès des clubbers en Flandre. Plus d'un participant sur cinq a consommé de l'ecsta au cours de la dernière année (22,4%). En 2009, cela représentait 10,3%, contre 18,6% en 2003. Bon à savoir : la qualité de l'ecstasy est à la hausse avec de fortes doses de MDMA augmentant la pureté de nos pilules.

Et la cocaïne ? On en sniffe de plus en plus. L’étude publiée en 2015 indiquait que 12% des participants avait consommé de la coke l’année précédente. Ce pourcentage s’élève maintenant à 18,4%. Il en va de même pour la consommation régulière puisque 3% des personnes interrogées déclarent sniffer au moins une fois par semaine. Ce nombre a presque doublé entre 2012 et 2018 et vient battre les records de consommation en Flandre.

Une interdiction des nouvelles substances psychoactives (NPS) depuis 2017 en Belgique pourrait expliquer l’augmentation de la consommation de coke. Les NPS sont mieux connus sous le nom de "drogues de synthèse” et sont également interdits au Royaume-Uni depuis 2016. Par conséquent, les stimulants à court terme tels que le 4-FA, 3-MMC, NEP ou le HEXEN sont moins disponibles, et la coke devient une option classique.

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Tous ceux qui en ont déjà commandé connaissent le SMS du dealer du vendredi après-midi : « Dispo toute la nuit! 2 + 1 gratuit »

De plus, la production et le trafic de coke ont augmenté et elle fait l’objet d’un marketing agressif. Tous ceux qui en ont déjà commandé connaissent le SMS du dealer du vendredi après-midi: « Dispo toute la nuit! 2 + 1 gratuit ». Bon à savoir: la cocaïne reste beaucoup moins chère en Belgique que dans nos pays voisins.

Les gros sorteurs l'avaient déjà remarqué : la kétamine a la cote. Malgré la hype, les chiffres restent raisonnables puisque seulement 1% en consomme au moins une fois par semaine et 5,8% en ont consommé au cours de l’année dernière. Il faut savoir que l’utilisation de la kétamine implique un risque relativement élevé car elle est plus difficile à doser. Vous pouvez facilement en consommer trop et vous retrouver dans une sorte d'état d'impuissance appelé «k-hole».

Oh oui, il reste bien sûr le (inspirez) speed, les champis, le LSD, le 2CB, le GHB, le gaz hilarant et le poppers (expirez). La consommation de ces drogues s’élèvent à moins de 10% au cours de la dernière année. Le speed est en tête avec 7,8%, alors que les autres drogues sont inférieures à 5% et sont consommées de manière plus occasionnelle. Le poppers a connu une augmentation frappante de 1 à 3%. Quant au GHB, il disparaît progressivement de la scène en Flandre.

Une gommette : les Belges réfléchissent avant de sniffer

Félicitations, nous prenons moins de risques et sommes plus responsables au volant. Le nombre de personnes qui ne prennent aucune mesure sanitaire particulière ont fortement chuté depuis 2009 et sont à peine vues depuis 2015.

L'évolution la plus positive : on conduit moins sous influence (de 26,8% en 2003 à 56,7% en 2018). On s’arrange davantage entre amis pour décider de qui prend le volant et on s’hydrate suffisamment (41,2% en 2003 à 63,0% en 2018).

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Pas d’augmentation en ce qui concerne le fait d’avoir bien dormi et se rafraîchir régulièrement, mais bon, on le faisait déjà bien. Embrasse la prof et un canapé devant!

Qu’en est-il de la répression ?

Allô Bart De Wever ? Voici la 1753e preuve tangible que votre guerre contre la drogue ne fonctionne pas. Un tiers des personnes interrogées prennent parfois des drogues illégales dans des clubs ou des festivals et l’augmentation de sécurité ou de fouille n'a pas d'effet dissuasif. Seuls les chiens peuvent parfois s’avérer efficaces, et encore. En fait, presque tout le monde va chercher sa drogue sur place.

« La répression encourage l’achat et la vente de drogues illicites sur le lieu même du divertissement. »

Au lieu d'acheter des produits fiables auprès de votre dealer habituel en qui vous avez confiance, vous achetez des drogues chères et inconnues au type chelou du fumoir à la soirée-même. C’est ça le paradoxe: la répression encourage l’achat et la vente de drogues illicites sur le lieu même du divertissement.

Les deux tiers des personnes qui ont consommé des drogues illégales l’année dernière souhaiteraient pouvoir faire tester leurs pilules et leur poudre, et de préférence gratuitement et dans le coin. De tels tests peuvent grandement contribuer à la réduction des risques.

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