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Que faire si vous croisez un monstre marin ?

Une créature non-identifiée s'est échouée sur une plage de Géorgie avant de disparaître, ce qui est bien dommage pour la science.

Les océans grouillent de créatures si affreusement bizarres qu’il est difficile de croire qu’elles viennent vraiment de chez nous. Parfois, les flots rejettent la dépouille de l’un de ces animaux sur une plage couverte d’humains. Et il n’en faut pas plus pour qu’Internet se transforme en cellule d'enquête.

Le dernier exemple en date s’est échoué sur la côte du Wolf Island National Wildlife Refuge, en Géorgie, aux États-Unis. La carcasse a été découverte par un marcheur appelé Jeff Warren, qui s’est empressé de la filmer pour la montrer à ses amis internautes. Ses images ont déclenché une tempête d’hypothèses concernant la taxonomie de la créature. Aujourd’hui, elles sont tout ce qui restent de la créature : le cadavre a disparu peu de temps après avoir été immortalisé.

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Plusieurs biologistes marins, notamment le professeur Douglas McCauley de l’université Santa Barbara, ont déclaré que l’animal ressemblait à une espèce des profondeurs. Hypothèse numéro un : un requin-lézard, mais lequel exactement ? Ce n’est pas clair. Contacté par mail, McCauley nous a indiqué que les nageoires pectorales de l'animal semblaient trop longues pour un requin-lézard, et qu’il aurait eu besoin de voir la bête de plus près pour en avoir le coeur net.

Certains observateurs ont prêté une origine cryptozoologique à l’animal. À les croire, la dépouille aurait pu être celle d’un Altamaha-ha, une créature légendaire qui peut être considérée comme une version géorgienne du monstre du Loch Ness. Une approche qui a fait passer toute l’affaire pour un canular aux yeux de nombreux internautes.

Un Altamaha-ha. Image : Carnby

Sans la carcasse, nous ne saurons jamais quelle place occupait cet animal sur l’arbre de la vie avant d’être éventré par Dieu-sait-quoi, ou même s’il n’était qu’un bout de caoutchouc mis là pour blaguer. Ce qui pose une question importante : que devez-vous faire si, un beau jour, vous découvrez un monstre marin non-identifiable échoué sur une plage bretonne ?

Si l’animal est encore vivant et en état de détresse, vous ne pouvez pas faire mieux qu’alerter les autorités locales. En France, le Réseau National d'Échouages s’occupe de ce genre de problème depuis 1972. Il est soutenu par un groupe d’organismes dont vous pourrez trouver la liste ici. L’organisme à contacter dépend du département dans lequel l’animal échoué est découvert : dans le Finistère, par exemple, c’est Océanopolis qui assure la permanence.

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Si l’animal est mort, prenez autant de photographies que possible, comme Jeff Warren en Géorgie. Si vous avez manifestement à faire à un mammifère, ne le manipulez pas à main nues pour éviter d’attraper une vilaine maladie et attendez l’arrivée des autorités : « L'examen d'un mammifère marin échoué est obligatoire avant son élimination, il doit être effectué par une personne mandatée car le transport et toutes autres interventions sur les mammifères marins sont réglementés par la loi », explique le site de l’observatoire PELAGIS. En attendant, photographiez bien sa tête et ses dents. Si ce n’est pas un mammifère, faites de même.

« Si votre bête avait une tête et des dents, explique McCauley, prenez le temps de les photographier. Les dents donnent d’excellents indices sur ce qu’un animal mange et à quelle espèce il appartient. Appliquez-vous. Une bête marine roulée en boule est difficile à identifier. »

Dans la version américaine de cet article, McCauley recommande de retourner le cadavre pour prendre des photos de son ventre. « Je comprends que tout le monde ne soit pas enchanté à l’idée de manipuler un régalec en décomposition, concède-t-il. Jouez-là paléolithique et mettez la bête en position avec un bout de bois. » Rappelons que tout ceci va à l’encontre des directives de l’observatoire PELAGIS.

McCauley explique que les animaux marins décédés sont souvent ravalés par l’océan ou ramassés par des charognards. Si l’animal est assez petit pour être déposé dans un sac plastique, n’hésitez pas : il pourra être congelé et étudié plus tard. S’il est trop gros pour ça, vous pouvez essayer de prélever un petit échantillon. Utilisez des gants et désinfectez-vous les mains pour éviter de finir avec des bactéries de dauphin mort dans la bouche.

Pour savoir sur quel animal vous avec trébuché exactement, vous allez avoir besoin d’un expert : biologiste marin, musée d’histoire naturelle, université locale ou équipages de bateau de pêche, qui sont « de vastes répertoires de savoir local à propos de ce qui est courant dans l’océan et ce qui ne l’est pas. » Vous pouvez aussi tenter une recherche d’image inversée avec vos photographies. Ce n’est pas super romantique mais ça peut marcher.

Dans tous les cas, ne gardez pas votre découverte pour vous. La dépouille est peut-être un spécimen important pour les chercheurs : nous ne savons vraiment pas grand-chose sur la vie océanique. Des spécimens marins échoués nous ont permis de découvrir de nouvelles espèces de baleines, de progresser dans l’étude des parasites des poisons, et même de percer les mystères du caca de tortue.

« Ce qui est formidable avec les océans, m’a déclaré McCauley, c’est que les trucs bizarres qui s’échouent de temps à autre peuvent être des découvertes scientifiques importantes. »