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Culture Club

« Drag me to Hell » : plongée dans les soirées les plus underground d’Anvers

« Parfois je me réveille à côté de quelqu’un. Après tout qui n’a jamais fantasmé de se réveiller à côté d’un zombie ? »
HB
Antwerp, BE

Mati Drome est DJ, artiste et organise aussi des soirées bien dark à Anvers. L’une des rares en fait, parce qu’au final y’en a pas tellement. Quand j’arrive chez lui, la porte est déjà ouverte. Je vois que l’artiste Rinus Van de Velde est passé par ici et a laissé sa marque sur le mur, le sol est recouvert de collages et d’affiches et il y a une boîte remplie de polaroïds sur la table. Ah oui, y’a un masque SM qui traîne aussi.

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VICE : Salut Mati, comment as-tu lancé les soirées Drag me to Hell ?
Mati : La première Drag me to Hell a eu lieu il y a quatre ans. Je mixais depuis dix ans donc je connaissais un peu le milieu de la nuit. À un moment j’ai eu l’impression que rien d’excitant ne se passait à Anvers; aucune soirée ne me donnait envie.

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Pour mon anniversaire, j’ai voulu organiser une fête vraiment libre. J’avais trouvé un cool lieu, mais une semaine avant la date, la police l’a fait fermer. Heureusement, j’ai trouvé une vieille usine abandonnée, mais on a dû tout mettre en place - y’avait même pas d’électricité. On a réussi à tout préparer en une semaine. C’était un peu excentré donc j’ai mis à disposition des bus pour tout le monde. Comme cadeau, j’avais demandé à tous les invités de se déguiser à l’extrême - moi je portais un déguisement de zombie rose fluo. Ce fut un succès et c’est ce soir-là que Drag me to Hell est née.

« Avant on faisait souvent la fête à la maison et on se déguisait. Rien n’a changé, sauf que maintenant je n’ai plus besoin de nettoyer mon appart’ le lendemain. »

D’où vient le nom Drag me to Hell ?
C’est le titre d’un film d’horreur. Je m’inspire beaucoup de films d’horreur punk et vintage des années 1980 et j’aime tout ce qui fait peur. Je vois DMTH un peu comme l’équivalent de The Rocky Horror Show, mais en soirée. Avant on faisait souvent la fête à la maison et on se déguisait. Rien n’a changé, sauf que maintenant je n’ai plus besoin de nettoyer mon appart’ le lendemain.

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C’est quoi le dresscode ?
Il est très large, du super dark à la nudité en passant par le drag. Mais ça reste toujours assez obscur.

« J’ai envie de faire du drag mais je ne me sens pas à l’aise… Je suis très moche en femme en fait! »

Tu te déguises aussi à tes propres soirées ?
La plupart du temps je porte un pantalon et reste torse-nu mais je me maquille à fond. J’ai déjà tenté le drag mais c’est pas trop mon truc. J’en ai envie mais je ne me sens pas à l’aise… Je suis très moche en femme en fait! Du coup j’opte plus facilement pour un look zombie avec du maquillage et de la peinture acrylique. Et histoire d’en faire un peu plus, j’ai aussi un faux crâne en latex.

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Y’a bien un moment où tu vas dormir… À quoi ressemble ton lit le lendemain?
Parfois je me réveille à côté de quelqu’un. Après tout qui n’a jamais fantasmé de se réveiller à côté d’un zombie ? Plus sérieusement, la peinture peut tenir jusqu’à trois jours.

Alors que beaucoup d’organisateurs se plaignent de ne pas avoir assez de monde sur leurs événements Facebook, toi tu les gardes en privé. C’est ta stratégie pour rester exclusif ?
Y a pas vraiment de stratégie. Ça doit simplement rester spécial, c’est aussi pour ça que je n’en fais que quatre par an. Mais la notion de safespace est super importante aux DMTH. Avant, quand je sortais méga déguisé à une soirée, je me sentais observé. Et je pense que c’est encore pire pour les filles. À ma soirée je veux que tout le monde puisse explorer ses limites en étant à l’aise. Comme l’event est privé, il n’y a que nos invités et les amis de nos invités. Du coup le public connaît et respecte le concept et l’ambiance. Si quelqu’un arrive là par accident et n’est pas vraiment à sa place, il sera vite repéré et refusé.

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C’est un peu sévère non? Tu penses que c’est la seule manière de créer un safespace?
J’ai toujours trouvé ça difficile de refuser des gens car je je trouve ça important que tout le monde se sente le bienvenu à une soirée, surtout que mes évents sont tout sauf VIP. La sélection est faite par mon videur avec qui je travaille depuis des années, donc je lui ferais confiance les yeux fermés. S’il a un doute, il pose quelques questions aux intéressés pour voir s’ils connaissent le concept, qui mixe etc. Si on refuse des gens, c’est souvent parce qu’ils sont trop bruyants à leur arrivée ou qu’ils n’ont vraiment fait aucun effort pour leur outfit.

Tu ne veux pas que ton projet prenne plus d’envergure ?
La soirée peut grandir mais elle doit rester qualitative. Je veux inviter des artistes de qualité, donc si la soirée grandit, je pourrais me permettre de booker de plus grands artistes.
Pour la première édition j’avais booké Herrensauna, des gars des Berlin qui organisent des soirées où ils mettent le chauffage tellement à fond que des gouttes tombent du plafond.

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Pourquoi c’est si important pour toi le déguisement ?
C’est une sorte d’échappatoire. Quand tu es déguisé, on t’approche sans préjugés donc tu te sens beaucoup plus libre en soirée. Les gens te parlent de ton look décalé, tu rencontres du monde… Tout est plus ouvert. Ce qui est dingue, c’est que tu te crées un alter ego, mais en même temps tu laisses tomber ton propre ego. Quand je sors en soirée techno classique, tout le monde se ressemble et les gens restent en groupes. Mais s’ils sont déguisés, ça change tout.

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« La dernière fois, mes parents étaient présents. Je marchais avec ma maman et on est passés devant un couple en pleine action ! »

Les gens se déguisent à l’extrême, mais se passe-t-il aussi des trucs extrêmes ?
On m’a dit qu’un soir ça a bien chauffé dans la salle chillout mais je ne m’en suis pas rendu compte car j’étais super occupé. La dernière fois, mes parents étaient présents. Je marchais avec ma maman et on est passés devant un couple en pleine action ! Mais ma famille adore le concept donc c’est cool. D’ailleurs mon petit frère et sa copine font souvent l’entrée. La dernière fois mon grand frère - un mec assez masculin - est venu et s’est habillé en drag. Il a adoré!

Le public peut-il prendre des photos ?
En principe non, je suis le seul photographe. Mais je fais une exception si quelqu’un a un appareil analogue. Je prends des polaroïds et j’en fais des collages après. Je connais la majorité des gens présents donc la confiance règne.

Vous passez quoi comme musique ?
Il y a toujours deux salles : une pour la techno et l’autre pour découvrir des styles différents, ça peut varier de la noise au punk. Ça reste de la musique dark; on n’est pas prêt de passer du hip-hop ou du R’n’B. On invite au moins quatre artistes par soirée. C’est un budget, mais pour moi l’important c’est que ce soit une bonne soirée.

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C’est quand la prochaine Drag me to Hell ?
La prochaine aura lieu ce samedi 15 juin en collab’ avec le Waveteef Festival au Bar Rodin, une superbe salle dans un vieux bâtiment qui était un internat pour fille au 18ème siècle.

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Le 10 août, on organise l’afterparty du Queer Art Festival à De Studio pendant la Pride avec nos résidents et mes installations vidéos. Et on prévoit aussi d’exporter le concept à Bruxelles. Le reste de l’année ira encore plus loin dans l’underground, avec des flyers d’invitation plutôt qu’un event Facebook, qui sait ?

Dernière question : si je viens, je peux porter ton crâne en latex ?
Tu changeras vite d’avis une fois que tu l’auras senti !

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