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vie adulte

Le guide VICE de la vingtaine pour les filles

Études, premier job et infections urinaires – quelques astuces pour naviguer dans le flou existentiel chronique qui caractérise votre entrée dans l'âge adulte.

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La crise du quart de siècle est un vrai truc. Si vous êtes déjà entrée dans votre troisième décennie sans vous rendre compte de quoi que ce soit, tant mieux pour vous, mais tout le monde ne vit pas sa vingtaine avec la sérénité d'un cloporte converti au bouddhisme. Cette période qui nous bouscule – entre cours à la fac, premiers jobs pourris, premier vrai travail pourri – et se conjugue à un flou existentiel chronique est sûrement l'une des plus intenses et cruciales de notre vie. Ce qui peut se révéler assez angoissant. Parce que j'ai le souci de mes congénères (et l'envie de trouver moi aussi des réponses à mes questions), j'ai mis au point ce guide spirituel et pratique tout à fait arbitraire et non-exhaustif.

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LA VIE EN SOLITAIRE
Et par là, j'entends celle qui peut consister à emménager dans un studio de 20m2 et à affronter pour la première fois de sa vie des soirées de solitude à se refaire toutes les saisons de Desperate Housewives devant un plat de pâtes bouillon cube, ou celle qui consiste à devoir remplir seule sa premiè re fiche d'impôts. Faire face au silence d'un appartement vide, rompu seulement par le bruit de votre voisin de palier qui se mouche, ou à celui du compteur EDF qui ne daigne pas vous révéler son numéro peut être quelque chose de déstabilisant. Si vous n'êtes pas totalement sociophobe ou allergique, vous envisagerez assez rapidement de prendre un colocataire ou un chat. Le chat ne vous sera pas forcément d'une grande aide pour appeler les pompiers si jamais vous en veniez à dépérir et à mourir seule sous un monticule de coquillettes moisies et de vaisselle sale, mais un colocataire peut partager le lourd fardeau des responsabilités adultes avec vous, ce qui est déjà pas mal. De plus, si tant est que vous ne soyez pas tombée sur un freak de « Petites annonces et bon plans logements entre particuliers très particuliers » sur Facebook, sa présence pourra contribuer à vous rassurer face aux éventuels voleurs, maraudeurs et pervers sanguinaires qui peuplent votre imaginaire. Pour tout ce qui est bricolage et débouchage d'évier, je vous conseille d'aller consulter directement cette magnifique encyclopédie qu'est YouTube, et qui constituera votre meilleur ami lorsqu'il s'agira de faire des choses aussi triviales que nettoyer vos toilettes. Pour toutes les démarches qui vous mettent en relation avec la bureaucratie du pays, l'internet et tous ses sites institutionnels sont aussi censés vous donner les réponses à vos questions. En cas de dernier recours face à l'opacité administrative, vous pourrez toujours appeler votre mère à la rescousse pour comprendre où donc envoyer votre fiche de soin post-consultation chez le gynéco (réponse : à votre caisse d'Assurance Maladie).

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LE BOULOT
Il est probable que vous expérimentiez le monde du travail sous ses différentes coutures au fil de cette décennie qui vous plongera dans ce qu'il convient d'appeler « le grand bain ». Si vous n'êtes pas née chez les Rotschild, vous serez sûrement confrontée à des jobs de subalterne pour pouvoir financer votre loyer et vos cuites en semaine – à savoir tenir une caisse au DoMac du coin de la rue ou faire du service après-vente chez Darty. Si ça peut paraître un peu rebutant au début, vous vous apercevrez rapidement que les jobs de merde ont un avantage non né gligeable : les heures passent souvent très vite. Ce qui ne sera pas forcément le cas quand vous mettrez les pieds dans le monde de l'entreprise et foulerez pour les années à venir la moquette d'un groupe de gestion en services de nettoyages pour les entreprises. Ça, c'est l'autre partie de votre vie professionnelle, celle qui intervient aprè s votre diplôme. Il est probable qu'une fois arrivée à ce stade, vous passiez un autre quart de décennie à vous demander si vous trouverez un jour un poste qui vous permettra de vous é panouir complètement. Réflexion qui s'intensifiera lorsque vous constaterez qu'autour de vous, certaines personnes ont réalisé l'exploit de savoir exactement où elles veulent aller comme si elles n'avaient jamais connu cette crise existentielle et professionnelle. Je vous conseille alors de calmer le jeu et la pression de type « jamais je ne ferai rien de ma vie » : acceptez cette période de doute et tentez d'en tirer un enseignement sur vos attentes réelles. À l'inverse, il est aussi possible que votre entrée dans le monde du travail et l'accession à un poste qui vous plaît s'accompagnent d'un certain syndrome de l'imposteur, qui touche plus souvent les femmes que les hommes. Je vais vous dire un truc : où que vous soyez, si vous y êtes et capable d'y rester, c'est que vous avez mérité d'y arriver. Enfin, si vous en avez toujours rêvé, économisez deux ans et tracez vendre des poteries dans une contrée exotique, personne n'est là pour vous juger.

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LES AMOURS / LE SEXE
Si à 20 ans vous êtes ou étiez toujours avec la même personne qu'à vos 15 ans, c'est peut-être le moment où vous réaliserez que contrairement à ce que vous aviez pensé au départ, celui qui vous a dépucelée (sexuellement ou sentimentalement) n'est peut-être pas l'homme de votre vie. Ce sera une grosse désillusion et une grosse claque dans votre gueule de semi-adulte, mais tout le monde doit en passer par là – notamment si, comme beaucoup d'entre nous, vous avez été assez naïve pour y croire dans un premier temps. Mais mine de rien, cette assertion pourra se révéler assez libératrice : à quoi bon continuer de faire semblant d'être parfaite quand on ne croit plus dur comme fer à l'amour éternel ? Autant poser cartes sur tables dès le début. En ce sens, la vingtaine est une période de prise de maturité. Que vous vous épanouissiez dans un célibat assumé et foisonnant, que vous « remontiez en selle » rapidement ou encore que vous preniez le temps de profiter de vous-même – et de vous-même seulement –, le fait d'avoir largement rabaissé vos attentes à des schémas plus réalistes ne peut qu'être bénéfique. Accepter que l'homme de votre vie, si tant est qu'il n'y en ait qu'un seul, sera forcément doté d'un intestin et des fonctions vitales qui vont avec est déjà un grand pas dans l'acceptation de la réalité au détriment du mythe.

La vingtaine est aussi une pé riode où votre corps bénéficie de capacités physiques non dégradées, et c'est pourquoi si l'envie vous prend, vous pourrez vous adonner au grand écart sur un nombre privilégié de partenaires. Comme notre époque n'est pas tout à fait pourrie, vous pourrez profiter de tous les moyens de communication voués au bonheur de votre entrejambe aujourd'hui à disposition. Chance également, les jeunes gens de votre tranche d'âge sont tout aussi fringants et intéressés par la satisfaction de vos instincts primaires – et s'ils ne s'en donnent pas les moyens, vous êtes désormais assez adulte pour les envoyer paître. Et si le contact avec un autre être humain vous semble peu séduisant, n'éludez pas la possibilité d' un compagnon à piles en attendant de retomber sur quelqu'un que vous jugez digne d'intérêt ou d'attirance.

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LES AMI(E)S
S'il y a un truc que j'ai compris en sortant de mon cocon d'adolescente mal d égrossie, c'est à quel point avoir des potes sur qui on peut compter est important. Et par là, je veux signifier que vos amis et vous-mêmes êtes capables de dépasser les étapes de commérage et d'uploads de selfies sur Instagram. Je vous parle de potes avec qui vous êtes consciente de pouvoir partager vos plus belles joies comme vos pires moments, pour qui vous ne verrez pas l'utilité de cacher quoi que ce soit – de votre passé de fan de Good Charlotte à vos états d'âme présents. Ce sont des potes assez solides pour comprendre et vous accompagner dans quoi que ce soit que vous viviez. Et pour accé der à ça, il faut d'abord faire le choix de tomber les masques. Mais le jour où vous trouvez le courage et les gens avec qui le faire, vous verrez que c'est comme une deuxième naissance, et vous vous sentirez vachement plus forte et moins seule pour affronter cette décennie de gros flou existentiel.

C'est aussi l'occasion de laisser derrière vous toutes ces relations malsaines ou superficielles que vous aviez nouées au lycée et qui ne vous correspondent plus, et d' oublier définitivement cette fille ingrate qui vous martyrisait en 5ème. Acceptez vos changements et embrassez votre futur vous avec dé lectation.

LES SORTIES
Après des années à vous bourrer la gueule au Get 27, à la vodka-Kas, au rhum-multifruits, puis au pastis et au whisky sur lesquels vous vous êtes rabattue à la fac, il y a des chances que votre corps soit désormais plus ou moins intolérant à quelques alcools (souvent régurgités à une période donnée). Les cuites Malibu-Ananas-Manzana-vin-premier-prix de vos anné es lycée suite auxquelles vous vous réveilliez fraîche comme un gardon ont passé. Il se peut même que l'absorption de biè re houblonnée vous gonfle le ventre de façon peu appréciable. Admettez que vous vieillissez et que les tournées de shooters tous les deux soirs en été avec vos pochtrons de potes (que vous aviez tous chopés à l'époque) appartiennent à une pé riode révolue. Surprenez-vous à apprécier des soirées presque sobres o ù vous ne siroterez qu'un verre de Sauternes bien frais parce que « vous aimez vraiment ça ». De temps à autre, faites rejaillir cette belle époque de dé sinvolture étudiante et vomissez à 5h du matin sur votre paillasson, puis maudissez-vous tout le reste de la journée.

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LA THUNE
L'argent, c'est un peu le truc qui fait défaut quand on a la vingtaine. Que vous soyez étudiante et serviez des Big Mac entre deux cours ou que vous veniez d'obtenir votre diplôme et soyez embauchée pour la première fois, il est peu plausible que vous rouliez sur l'or. Mais ce n'est pas grave, parce que vous avez la chance de beaucoup aimer les pâtes. Même s'il faut avouer que vous vous êtes récemment découvert une passion nouvelle pour les courgettes, que vous cuisinez à la crème, avec beaucoup de fromage râpé – et des lardons quand vous vous sentez d'humeur fantaisiste. Un truc à savoir ceci dit : si par miracle vous parvenez à décrocher une augmentation durant votre vingtaine, vous aurez l'illusion d'être soudainement devenue moins pauvre – mais si vous êtes de nature dépensière, il y a de grandes chances que vous peiniez à tenir jusqu'à la fin du mois. Sachant que se nourrir exclusivement de pâtes n'est socialement et physiologiquement acceptable que jusqu'à l'âge de 22 ans, je ne peux qu'insister sur l'importance d'épargner, même des sommes dérisoires.

Un autre truc que j'ai réalisé assez récemment, c'est l'importance de ne pas entretenir une dépendance, de quelque forme qu'elle soit, mais notamment par rapport à la thune. Ce qui signifie : arrêter de prendre pour acquis le fait que votre partenaire vous paye chacun de vos kebabs depuis quatre ans. De un, c'est mauvais pour vos artères, mauvais pour son porte-monnaie, et de deux, il n'y a absolument aucune raison qu'une autre personne entretienne votre cholestérol ou quoi que ce soit d'autre de cette façon-là. Faites votre propre thune, et dépensez-la (en fringues trouvées chez Emmaüs, par exemple – au prix d'un kebab, on y trouve des vestes très sympa).

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ÊTRE UNE FEMME DANS LA JUNGLE URBAINE
On va ici parler d' un sujet de société qui enflamme depuis quelque temps les médias et l'opinion publique de façon régulière : le bien-nommé harcèlement de rue. Personnellement, c'est le genre de truc que je ne capte que très rarement, étant donné que je suis très souvent en mode « autiste à casque qui écoute sa musique » dans les transports et lieux publics. Et c'est toujours au moment où je sors les oreilles à l'air libre que je suis étonnée d'entendre de parfaits inconnus m'adresser la parole ou murmurer des trucs plus ou moins charmants à mon adresse. Bref, toujours est-il que lorsque ça arrive un peu trop souvent – du style trois fois d' affilée dans la même matinée sur le chemin du taf, il y a des jours plus « chanceux » que d'autres – j'ai pris le parti de faire en sorte de couper toute envie de m'adresser la parole à ces individus. Comprenez, je leur tire ma plus belle grimace, et leur montre subtilement à quel point je les prends pour des cons. Je vous conseille particulièrement celle qui consiste à rabattre sa lèvre supérieure sur ses gencives (cette technique n'est pas de moi mais je l'aime beaucoup). Vous pouvez également loucher pendant que vous esquissez ce sourire qui vous rendra à tous les coups vraiment attirante. La castration psychologique est à la portée de toutes. Un soir, j'ai croisé une inconnue avec qui j'ai fait un bout de chemin, et elle m'a raconté s'être faite agresser la nuit précédente. Or, il se trouve que cette fille avait une faç on très particulière de réagir à la peur ou au danger : alors que le mec l'avait plaquée contre un mur, elle avait éclaté de rire. Eh bien dites-vous que le mec a encore plus flippé face à sa ré action – il l'a clairement prise pour une psychopathe – et a aussitôt décampé. La survie, c'est aussi parfois savoir casser les schémas mentaux. Mais le Krav-Maga, ça marche aussi.

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ÊTRE UNE FEMME DANS UN CORPS DE FEMME
Surprise ! Il est très probable que toutes les autres filles vivent les mêmes choses que vous, toute unies dans la caractéristique utérine ! Donc oui, même Kate Moss et Cara Delevingne ont dû un jour trouver qu'un truc clochait avec la forme de leurs genoux ou de leur os hyoïde. Il paraîtrait même que Miley Cyrus a souffert de dysmorphophobie, ou plus communément : la trouille irrationnelle d'être moche, voire difforme. Il faut donc arrêter de penser qu'on est un vilain petit canard, et apprendre à aimer ce que nous renvoie le miroir. Et surtout, comprendre que les meufs placardées partout dans le métro ont une dizaine d'heures de retouches et post-traitement Photoshop calquées sur la gueule. Vous n'avez que dix minutes pour vous maquiller tous les matins et probablement autre chose à foutre que cuisiner des plats parfaitement équilibrés, faites juste la paix avec ça.

LA SANTÉ
Si vous avez survécu jusque là au lycée, à la rue, à la gueule de bois et aux frappes héliportées, alors je peux d'ores et déjà vous fé liciter. Vous n'êtes sûrement pas sans le savoir, mais le corps féminin peut souffrir de maux et tracas bien plus nombreux que celui des êtres humains dotés d'un simple zizi. En voici quelques uns, expérimentés par des générations de femmes ça et là :

  • 1. FAIRE PIPI APRÈS L'AMOUR
    Cette astuce vous changera la vie. Parce que, oui, faire interagir votre vagin avec un phallus peut entraîner une infection urinaire. Et ça, c'est un truc qu'on apprend très douloureusement quand on commence à piner avec des mecs. Alors pour éviter de pisser des lames de rasoirs ou de passer 15 jours à boire un cocktail jus de cranberry/Vitamine D, allez pisser de suite.

  • 2. PARFOIS ÇA GRATTE
    Oui, on appelle ça une « mycose » et c'est pas très sympa comme nom, mais ça arrive à plein de filles. Et puis en vrai, c'est pas sale. Ça vient peut-être même du fait que vous vous lavez trop là où ça démange et qu'en conséquence, vos bactéries protectrices tirent la gueule. Arrêtez de jouer avec le pommeau pendant quelques jours, passez à la pharmacie, et tout ira bien.

  • 3. PARFOIS ÇA NE VEUT PAS RENTRER
    Il paraît qu'on appelle ça le vaginisme. Y a tout plein de théories comme quoi c'est psychologique, et que les muscles du vagin se serrent un peu comme quand on serre les dents parce qu'on est tendue. Bref, ça bloque. Les médecins n'ont pas de solution (parce qu'ils s'en battent la race de vos problèmes de meufs), donc essayez de vous détendre, et surtout, surtout, ne vous forcez jamais à faire l'amour si la douleur vous coupe l'envie : c'est le meilleur moyen de mettre du temps à s'en débarrasser.

  • 4. PILULE DU LENDEMAIN ET COMPAGNIE
    Si vous n'avez pas envie de finir avec un miard tout de suite, et que vous commettez parfois des petites bêtises niveau prise de pilule / préservatif, vous aurez sûrement affaire à la pilule du lendemain (et/ou à l'avortement si vraiment vous vous êtes un peu foirée sur ce coup-là). Pas grave, on est en France, vous avez le droit. Vous pouvez aller à la pharmacie au bout de la rue et demander votre petit cachet, et personne n'a le droit de vous juger pour ça. Ah ouais, autre chose, ces hormones foutent le bordel dans votre tête, déjà au naturel, donc ne vous jugez pas trop sévèrement pendant cette semaine pré-menstruelle où vous vous surprenez à chialer sans raison devant le prix des poireaux.

  • 5. LE MENTAL
    Tu te souviens quand t'étais gamine et que tu pensais être une déesse vivante du roller ? Ça a pas mal changé quand tes hanches ont commencé à ne plus rentrer dans ton slim noir à pois blanc de 2008, hein ? La bonne nouvelle, c'est que la vingtaine est la meilleure des périodes pour commencer à se réconcilier avec soi-même. C'est un moment où de toute façon c'est tellement le bordel, que le seul moyen de s'en sortir va être de faire preuve d'indulgence, et puis de voir que les autres galèrent tout autant, même si tout le monde fait tout pour que ça ne se voit pas. C'est le moment d'embrasser vos présumés défauts, d'ouvrir votre gueule et de dire un bon gros « je t'emmerde » à l'intimidation. Et de suivre vos instincts et vos envies. Vous avez de la chance, même si vous commettez la pire des conneries, on pourra toujours dire « elle est jeune ». Profitez-en, et on se retrouve dans une dizaine d'années avec un job potentiellement stable et une nouvelle passion pour le macramé.

Émilie est sur Twitter.